L’arrivée n’est qu’un prétexte pour repartir…

26 avril 2013 par Frank Laisser une réponse »
Le bonheur c'est simple comme un bivouac au milieu de nul part...

Le bonheur c'est simple comme un bivouac au milieu de nul part...

C’est le printemps la période la plus intense de l’année pour moi, je suis revenu mais pas encore reparti. Je crois que certains parlent de 35h, je dois m’en  approcher mais sur 24h ! La mascotte se gratte la tête : Bosser 35h sur 24h mais ché pas possible ! Entre une sortie vélo, un coup de laque sur mon vieux Cabochard, une plongée pour déplacer un truc indéplaçable, le courrier en retard, les tonnes de projets où l’on me sollicite ; le  touriste qui s’égard sur « mon » ponton par malheurs, repart en constatant avec stupeur et effroi que des « Ours » vivent en Corse, il en a croisé un ! Ma dernière aventure je l’ai choisie au milieu des « autres » ; volontairement je me suis mélangé à la vie urbaine, la traversée de l’Europe en vélo m’a ouvert les yeux : nous sommes une fourmilière pas seulement composée de gentils individus travailleurs et ordonnés. Il y a aussi les fourmis rouges carnivores qui tuent tout sur leur passage, j’en ai croisé mais pas assez pour être mangé. Le  vrai voyage nous fait qu’effleurer les autochtones, l’arrivée n’est qu’un prétexte au départ. Depuis mon retour je me suis refait une santé physique assez facilement, le mental est revenu aussi, mais je vous l’avoue je dois aller chercher loin pour rester zen, pour garder le cap de ma croisade associative. Dans une époque de crise, les mécènes sans ciller répondent présent, je pourrai claironner que la vie est belle mais je suis blessé au plus profond de moi par le tourbillon égoïste et nombriliste qui gangrène notre si belle planète. Il n’y a pas une semaine où je ne constate pas une « vacherie », un non respect de règle, des sans réponses à mes demandes. D’un autre côté, je reçois des propositions de tout bord pour l’asso, j’ai même eu droit à un joueur de foot de ligue 1 qui m’a demandé d’être parrain de l’asso, je ne connaissais même pas son nom avant qu’il ne me contact ! J’ouvre les yeux je n’ai pas à me plaindre, Bout de vie a pris du grade, mais je n’oublie pas cette devise : On ne sait pas où l’on va mais il faut se souvenir d’où l’on vient ! Je sais que ces drôleries ne me sont pas adressées personnellement ils sont le pâle reflet de ce qu’est en train de devenir notre monde hexagonal. Alors j’hurle je rage, je suis un « Free man » un coup de prothèse dans la fourmilière et je me « barre ».  Mais ma Véro sait trouver les mots, un courrier me dévoile une confidence magnifique, un dessin m’est offert sans arrière pensée, une interview enfin intelligente me laisse sans voix, quelques stagiaires se souviennent, ils sont rares ! Le week-end avec ma « vrai » nous nous cachons dans la forêt, notre p’tit coin planqué des mantes religieuses nous remplit d’énergie, une tente lapone y donne un air boréal. Par moment je me dis que je lâche tout et reprends ce que j’ai toujours vécu ; la vie d’errance. Ma maison est un bateau, il suffit de larguer les amarres, je l’ai déjà fait. A nous les îles de la mer Egée en hiver avec ses épaves antiques, une rafale de baklava turc pour les mascottes, un tchaï avec des airs de saz (instrument à corde ottoman) partagé avec ma Véro. Un autre truc encore, construire une cabane au fin fond d’une contrée polaire… Mais je suis dur à la douleur, je suis convaincu que ce n’est pas mal Bout de Vie, un sourire croisé un mot sympa et je reprends mon sceptre de partage… Ce n’est pas un coup de gueule ni une déception mais le cap des dix ans de vie associative est un virage, alors je vire. Fin juin 2014 il y aura encore un stage de plongée avec la Galiote, puis la retraite sonnera pour ce bateau mythique, Gunther l’a vendu, ce sera l’occasion pour moi de faire un bilan avec vous. En attendant, mon Cabochard reprend de l’éclat, je refuse poliment, je crois, l’avalanche de sollicitations « fabuleuses »,mes cuisses retrouvent le reflet granit et des cartes recommencent à être déployées sur la table de mon carré…Immaqa m’affirme que lui n’a pas besoin de visa !!!

Comment on dit crêpe en russe, Jo  Zef ?..

Yes i’m a free man

Proverbe russe : Dans les larmes d’une femme le sage n’y voit que de l’eau…

11 commentaires

  1. Jean-Marc dit :

    Hé bien dis-donc, ça c’est de la mise au point !
    Mais en fait tout est dans les trois premiers mots de ton billet : c’est le printemps ! Moment magique de re-naissance, montée de sève, de force et de mise à plat pour les projets en fin de gestation.
    Le grand élan qui va donner l’impulsion nécessaire.
    Et puis le Cabochard se refait une beauté, toi-même retrouve une carcasse prête pour endurer d’autres aventures, bref, l’appel du large et des horizons dégagés se fait de nouveau entendre en toi…
    Tu es un Aventurier Frank, c’est ta nature et elle parle et parlera toujours un peu plus fort, un peu plus haut que toutes les étiquettes que l’on te collera.
    En même temps tu as choisi d’être l’initiateur d’un formidable mouvement solidaire au travers de cette association que tu as créée, « Bout de Vie ». Soit dit en passant, c’est aussi une sacrée aventure ! Les pièges y sont tout aussi présents et les « prédateurs » peut-être plus cruels que dans la nature dite sauvage. tu as beaucoup investi dans cette démarche de solidarité active, cultiver l’envie de continuer est encore une performance !
    Heureusement, tu as gardé une part de vie personnelle avec ta « vraie », une petite porte dérobée vers un ailleurs moins compliqué que le monde médiatique auquel tu t’exposes inévitablement dès lors que tu lances des défis.
    Ta rage n’est pas impuissante ; elle te pousse à l’action et ma foi, tu fais cela admirablement… Tu as le feu sacré et c’est sûrement ce qui fait le plus défaut à nombres de « personnalités » qui s’imaginent être des épées de l’humanitaire et qui ne savent que faire les « marioles » dès qu’une caméra se pointe.
    Tant mieux si à force que l’on parle de toi et de tes aventures la notoriété arrive ; tu as le bon sens de remettre les choses à leur place en mettant « bout de Vie » en avant. La finalité de ta démarche est bien dans cette reconnaissance de l’existence du handicap et de du statut de « juste différents » pour ceux qui le vivent. Mission accomplie, mais pour autant pas fin des efforts car les choses sont parfois aussi vite oubliées qu’elles sont montées au pinacle. Alors il faut continuer, saison après saison, année après années pour qu’un jour peut-être une vraie prise en charge des spécificités pour lesquelles tu bats, soit réalisée par les pouvoirs publics.
    Alors, bilan des « dix ans » ?! A te lire j’ai bien l’impression que tu repars pour dix ans encore, reconductibles bien sur !
    Voilà, c’est un petit coup de « béret » que j’avais envie de te faire, car rencontrer un « free man » n’est pas monnaie courante de nos jours.
    Pour ce que tu as fait, pour ce que tu fais et pour ce que tu feras.
    Merci Frank…

  2. Barbara dit :

    Alors la Russie en projet…il parait que d’ avoir des projets c’est bien…faites ce que vous aimez, ce que vous avez envie..c’ est ça un free man non?

  3. Moi, je ne le connais pas cet homme mais son âme me m’interpelle, sa plume me charme et ces aventures extraordinaire, me font envies….Go! Franki mais ne te perds pas dans cette océans de désire des autres et n’oublie pas l’importance de ta propre vie et celle de ta Véro, de même que vos besoin respectif car la seul obligation que vous vous devez l’un envers l’autre, en ce bas monde, c’est l’amour, le respecte de chacun et le bonheur de partager la vie ensemble…d’être deux. Le reste n’est qu’illusion…. Je te souhaite bonne route mon ami…

  4. bindra dit :

    la Liberté est une utopie, dangereux de croire être libre nous avons des contraintes, les mécènes, les lecteurs,… nous en avons fait des horreurs au nom de la Liberté. Amicizia

  5. Frank dit :

    Penser que la liberté est une utopie c’est que le mur de vos regrets vous a fait prisonnier…

  6. bindra dit :

    le mur de mes regrets, métaphore aisée et simpliste, je n’ai nul regrets car la vie a été pleine de bonnes choses pour moi, (j ai toujours eu un moral d acier même au plus mal de la vie)mais quant on a besoin de sponsor (ce que je comprend) tributaire de médias, de mécènes, de patrons pour celui qui doit gagner sa croute ? ou est la liberté ? Elle est dans la possibilité de s’évader dans sa tête, la l’homme est libre, mais les contraintes de la vie l’enferme. Que ferais tu sans les contraintes pour chercher des mécènes ? pour faire avancer ton asso. Il ne faut pas faire de la philo a deux balles.

  7. marie de voujeaucourt dit :

    Notre liberté de penser personne ne peut nous la « prendre » … il est vrai que parfois les contraintes nous rappellent à l’ordre, à nous de nous en défaire en agissant le plus humainement possible …
    A l’heure actuelle, le gros problème c’est que la société façonne l’être humain, et malheureusement, trop de gens se prennent au jeu … c’est terrible …
    réveillez vous … vive la révolution pour l’être humain existe à sa juste valeur, être soi envers et contre tout 😉
    Bises et à pluche cher Franck

  8. MARCOZZI dit :

    Belle pensée !
    la liberté se construit, se gagne, se façonne et même s’il nous reste toujours quelques entraves liés à nos obligations, mon Dieu qu’il est bon d’avoir la liberté de vivre sa vie…..de penser, de partager et de savoir dire non par moment et oui … aussi.
    Le courage de vous tous me donne toujours de la force et aussi de la patience (: ) grosse bise à tous, vous nous donnez de belles leçons de VIE !
    ZIA et ZIO et à bientôt dans ton île.

  9. Jean-Marc dit :

    Nous avons toujours la liberté de rêver….. alors rêvons que nous sommes libres !

  10. Alain dit :

    « Ecrire liberté sur le bord d’une plage, c’est déjà avoir la liberté de l’écrire. Même si la mer efface ce mot : la liberté demeure. »
    de Jean-Michel Wy
    Merci Franck de vos écris-philo qui nous inspirent réflexion et remise en question.Bravo Free man.

  11. Marianne dit :

    Vos actions amènent la liberté à ceux qui sont prisonnier de leur handicap ou de leurs idées reçues… Pour vous, pour nous ce poème de Paul Eluard:

    Liberté

    Sur mes cahiers d’écolier
    Sur mon pupitre et les arbres
    Sur le sable de neige
    J’écris ton nom

    Sur toutes les pages lues
    Sur toutes les pages blanches
    Pierre sang papier ou cendre
    J’écris ton nom

    Sur les images dorées
    Sur les armes des guerriers
    Sur la couronne des rois
    J’écris ton nom…

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