Stage de survie: Du bleu au vert!

27 mars 2015 par Frank Laisser une réponse »
La moindre ru avait pris du volume.

Le moindre ru avait pris du volume.

22h10 ; le torrent prend de plus en plus de volume, il faut dire que les averses nous tombent dessus, myrtille sur la crêpe, les rafales de vent se sont intensifiée en devenant violentes… Sous ma bâche, je tente de trouver un semblant de sommeil, ce soir je ne suis plus seul, un groupe m’accompagne, cela me rend attentif et prêt à intervenir, je crains que leur bivouac ne résiste pas au coup de tramontane. 22h15 : « Frank, Frank, cash le vent, ma bâche, elle s’est envolé, c’est la misère, sur la vie de ma mère ; walla !!! » Oui ; vous avez compris, mon groupe est un peu particulier, ce sont des minots du quartier de la Castellane à Marseille. Ils se nomment, Raïsse, Eddy, Karim, Yanis et Manu, leur vie, la zone. Comme me l’a dit au téléphone le responsable du centre : ce sont des funambules. Un faux mouvement et c’est la chute vers la prison, le règlement de comptes, l’enfer. Homme de défi j’ai tenté l’aventure, j’ai accepté en laissant au fond du sac mes préjugés, mes inquiétudes, mes doutes. La généralité est perfide, elle met KO l’exception, alors je me suis lancé de plain-pied ! Ces gamins de 17 à 25 ans ne connaissent que les tours et le goudron, ils n’ont jamais eu l’opportunité de se fondre dans la nature sans artifices. Les sacs à dos sont lourds et le guide n’est pas là pour les materner. A peine une heure que nous sommes partis que déjà je leur impose une traversée de torrent, jusqu’à la taille ! En petite tenue, les chaussures nouées autour du cou, ils se lancent dans le grand bain. L’eau n’est pas vraiment froide, mais pour des non initiés, les petits 8° degrés semblent polaires. Le groupe prend forme, mais je sens beaucoup d’inquiétude, ils ne savent pas trop pourquoi ils sont là, le stage leur a été quasiment imposé. La marche n’est pas très longue, mais pour eux tout est nouveau, donc compliqué. Nous sortons de la piste en terre pour tailler du maquis vierge et dur. Les mains sont griffées par les ronces, les pieds butent sur les racines, leurs mines en disent long sur leur désarroi ! Puis il est temps de planter le bivouac, la nuit va bientôt s’inviter au tour du feu. Faire des nœuds, trouver des branches pour donner un semblant d’habitabilité à la toile camouflée, la chose n’est pas simple, certains marmonnent qu’ils veulent rentrer chez eux ! Mal assis autour d’un feu, nous causons, nous apprenons à nous connaître. Je leur apprends l’utilisation des plantes, ils m’initient à leur langage urbain. Quatre jours sont passés, il est temps de se dire au revoir, comme des chrysalides ils se sont métamorphosé en papillon, comme des enfants ils ont eu peur, ils ont eu froid, mais ils se sont confié. Ils se sont livrés, ils ont compris que c’était possible, que la vie sans « kalash » était viable, que les « transacs » pouvaient se faire entre un sachet de thé contre un de café. Très émus nous nous sommes quittés, en se promettant de se revoir, très certainement je vais passer dans leur monde, pour essayer de comprendre l’incompréhensible. Quatre jours où la nature ne les a pas jugés, quatre jours pour comprendre que devenir un Free Man c’était possible…                      Inch allah.

Vous êtes des vaillants les gars…

Le dernier soir je leur ai demandé un titre que l’on pourrait donner à ce billet, voilà leurs propositions :

Yanis : La Castellane de la survie à la survie.

Eddy : De la vie des quartiers à la vie des forêts.

Manu : Construction d’Hommes.

Raïsse : Du béton au maquis, un drôle de Bout de vie.

Karim : Tous différents mais tous unis.

Leur préféré : Du bleu au vert. (Bleu étant la couleur des tenues des CRS qui patrouillent la Castellane.)

Toujours très attentifs à mes explications.

Toujours très attentifs à mes explications.

Comment filtrer de l'eau contaminée avec peu de moyen...

Comment filtrer de l'eau contaminée avec peu de moyen...

Trois sortes de menthe en un seul coin, les jeunes découvrent.

Trois sortes de menthe en un seul coin, les jeunes découvrent.

Teddy le photographe du stage, il est à l'initiative de ce beau projet.

Teddy le photographe du stage, il est à l'initiative de ce beau projet.

6 commentaires

  1. Audrey dit :

    Belle expérience pour ces jeunes. Découvrir un autre monde, se découvrir soi même … Je leur souhaite que ce stage de survie ne soit que le premier pas vers une nouvelle vie, où ils trouveront peut être la liberté d’être eux même et de choisir…. Et à l’heure du choix, les images de ces moments vécus dans le maquis, les partages… aideront peut être à choisir.
    Ça changera quelque chose ou pas ! L’important c’est d’essayer, d’y croire et de vouloir avancer.
    Bonne chance à vous les gars, soyez fiers de vous et de cette aventure partagée.

  2. jean luc dit :

    tu fais grandir les gens, free-man.
    Merci pour nous tous

  3. marie de voujeaucourt dit :

    Bravo les mecs … Ce grand bol d’O2 que vous venez de prendre pendant 4 jours, vous aidera à supporter votre quotidien … Vous êtes des êtres humains, même si la société vous révolte, au point de perdre pied ! Vous avez droit à de l’attention … alors pensez à ce que vous venez d’accomplir en 4 jours, et pas seulement physiquement … Je suis sûre que dans votre tête vous avez compris, alors foncez et avancez dans des chemins moins cabossés … Reprenez confiance en vous, et le temps fera le reste … Inch Allah comme le dit Franck …
    Merci Free Man pour cette nouvelle leçon de vie, tu viens de prouver une fous de plus, qu’il faut peu de moyens pour que l’homme comprenne enfin qu’il existe.
    Bisouche et à pluche ♥

  4. Marine dit :

    Toujours plus beau toujours plus fort, vous êtes un être de lumière. Mon rêve serait de faire ce stage à vos côté, il faut que je trouve le courage. Bravo Free Man.

  5. Jessica dit :

    Fantastique, à une époque ou tout le monde stigmatise « les autres », vous êtes un donneur d’énergie et de courage fabuleux, ne changez rien on a besoin d’homme comme vous…

  6. Emmanuelle dit :

    J’ai vu il y a quelques jours à la télé le film de votre aventure Arcticorsica. Là, je dis chapeau bas! En plus vous désirez plus que tout partager et aller vers les autres, je rêve de vous rencontrer moi aussi. Merci Freeman, merci de nous booster.

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