Récit du deuxiéme stage de survie…

13 mars 2013
Nous sommes prêts...

Nous sommes prêts...

La pression monte d’un cran, le deuxième stage de survie est sur le point de démarrer, l’équipe est composée aussi de copains amputés, va falloir que je sois à la hauteur.

Véro et Claude nous déposent dans un hameau au pied du massif de Cagna qui porte son beau chapeau de vent du sud, pluie, vent violent et orage sont au programme. Je pèse les sacs qui sont à ma grande surprise plus légers que la normale, l’aventure peut enfin commencer. Le sentier muletier qui mène sur un cul de sac est très glissant, la bruine a bien bossé ! Le brouillard nous emmitoufle, je ferme la marche pour mieux observer mes compagnons, je constate qu’ils n’utilisent que très peu leurs bâtons, pourtant avec un bon usage, 30% d’effort peut être économisé. Au sommet du petit col nous attaquons vraiment, un adieu au beau chemin pour nous retrouver dans un maquis dense et non balisé. La dénivelé négatif est imposant, les arbousiers et bruyères nous barrent le pas, il faut enjamber sans chuter, exercice de style qui demande une grande concentration. La terre noire est gorgée d’eau ; les pluies incessantes depuis plusieurs semaines ont rendu la progression extrêmement « casse-gueule » ! Les chutes se succèdent, j’ai la boule au ventre, il faut que personne ne se blesse ! Aucun « bobo » à déclarer ! Nous tentons une traversée pour rejoindre une forêt de ronces qui a repris du terrain depuis mon dernier passage, le chemin est devenu un torrent. Les mures sauvages accrochent les prothèses, le ruisseau éphémère rend le cheminement encore plus astreignant mais personne ne se plaint. Un petit miracle au milieu des broussailles je retrouve l’embout de la pipette de mon camel back, perdu lors du dernier stage, ma chance légendaire ! Finalement au bout de trois heures d’effort nous rejoignons une piste en terre abandonnée, les corps sont éprouvés et les moignons semblent déjà protester. Une trêve nous est accordée par la pluie, il nous reste encore une petite heure de marche pour rejoindre une ruine en pierre qui nous servira de premier refuge…

Cela fait deux jours que nous marchons, l’équipe est bien soudée, nous avons un bon guide ; la pluie ! Dans un maquis très dense nous trouvons une ancienne aire de charbonnage, la nature a repris ses droits, le premier boulot est d’élaguer ce terrain plat qui va nous servir de refuge pour la nuit. Soudain un vent fort et chaud secoue la canopée, je sens un coup d’esbroufe  du ciel, le vent se déchaine, les éclairs nous encerclent, le déluge nous tombe sur la tête. Des tonnes d’eau  s’abattent sur nous comme j’en ai rarement vu, le torrent en contre bas, en quelques minutes monte de plus d’un mètre. Je sens qu’une partie de l’équipe perd pied, sans jeu de mots, mais l’autre moitié reste attentive. Je dois me montrer ferme et directif, tout le monde doit s’activer pour monter le camp quelque soit les conditions. Abatage d’un arbuste droit et assez long pour la charpente,  nettoyage des cailloux qui envahissent le replat et mise en place des bâches qui nous abriteront. Le montage du foyer est aussi très important, il doit posséder un muret en forme de chevron qui servira de réflecteur pour envoyer un soupçon de chaleur au « survivant ». La bruyère sèche s’enflamme une première fois, la pluie perd un peu de son intensité, mais ce n’est pas connaître le coin, un second éclair nous annonce le prochain round, les flammes ne résistent pas. La rivière augment encore, je ne l’ai jamais vu à cette hauteur, les arbres sont couchés, brisés nous nous sentons tout petits dans ce décor de cataclysme. Trempés comme des castors, le camp est finalement monté, des grands silences en disent long sur l’état mental de certains mais une bonne nuit semi-humide reposera partiellement les corps épuisés. Sébastien le plus jeune de la bande aura droit à une blague de sa bâche qui en pleine nuit se régalera de lui larguer une poche d’eau. Sans ciller il passera le reste de sa nuit à tenter de sécher ses affaires près du feu…

Quatrième jour, sales, boueux, boiteux nous sommes récupérés, la victoire est au bout du chemin. Le stage a été à la hauteur de ses participants, les images de références sont accumulées, certains conformistes nous plaindront par le manque de soleil, mais de la survie ce n’est pas de la randonnée, ni du trekking, la survie, c’est sauver sa peau coûte que coûte, c’est rendre le futile indispensable, c’est trouver le bol d’eau chaude savoureux au même titre qu’un millésime. La même « balade » sous le soleil aurait enlevé l’intensité de se deuxième stage de survie douce Bout de vie.

Pour conclure cette bafouille je tenais à remercier les cinq participants qui ont su trouver de nouvelles limites. Bravo à Christophe, Sébastien, Pierre-Alain, Gaby et Jean- Luc. Un grand merci à David Manise grand « gourou » des stages de survie qui m’a encouragé dans cette démarche de mixité, valide, moins-valide…

J’attends de pied ferme vos inscriptions pour le prochain stage, date à définir…

Marche silencieuse dans la brume et la pluie fine... Marche et rêve...

Marche silencieuse dans la brume et la pluie fine... Marche et rêve...

Que les ronces restent tranquilles, les jambes en carbones arrivent!!!

Que les ronces restent tranquilles, les jambes en carbones arrivent!!!

Jean-Luc et Gaby sourire aux lévres malgré les difficultées du stage...

Jean-Luc et Gaby sourire aux lèvres malgré les difficultés du stage...

Une ruine sans toit pour la premiére nuit...

Une ruine sans toit pour la première nuit...

Quand la riviére se déchaine, traversée interdite...

Quand la rivière se déchaine, traversée interdite...

Bivouac en forêt, la pluie veut nous tenir compagnie.

Bivouac en forêt, la pluie veut nous tenir compagnie.

Confection d'une pate à pain qui sera cuite sur une pierre de granit.

Confection d'une pâte à pain qui sera cuite sur une pierre de granit.

Sebastien se revelera très doué pour ce style de vie... Une vocation est née, j'en suis certain...

Sébastien se révélera très doué pour ce style de vie... Une vocation est née, j'en suis certain...

Christophe affine le montage de son bivouac "bio"!

Christophe affine le montage de son bivouac "bio"!

Un petit chez soi trés coquet!

Un petit chez soi trés coquet!

Quelques photos in situ, Etape du tour 2011

14 juillet 2011

Col du Galibier avec encore de la neige!

Col du Galibier avec encore de la neige!

Rouler sans souffrir, tout un art!

Rouler sans souffrir, tout un art!

Gerer le freinage et surtout récuperer...

Gérer le freinage et surtout récupérer...

Les 21 virages de l'Alpe d-Huez, subir sans souffrir!

Les 21 virages de l'Alpe d-Huez, subir sans souffrir!

L'arrivée pointe son nez, le coup de pédale reprend du rythme.

L'arrivée pointe son nez, le coup de pédale reprend du rythme.

Des sportifs entiers!

27 juin 2011
Un sportif avec une petite différence... C'est tout!

Un sportif avec une petite différence... C'est tout!

Pour une personne entière voir quelqu’un amputé est toujours une sorte de miroir qui met mal à l’aise !

Pourtant je le maintiens, avec un poil d’obstination, de volonté et de temps qui passe ce bout qui manque peut être une force en plus…

Le sport est l’école de la vie et personne ne peut tricher. Entrainement dur, résultat probant.

Ce weekend, entre autre, deux athlètes ont bouleversé les aprioris. Dans la cité phocéenne une course de nage avec palme en hommage au comte de Montecristo réunissait des nageurs longues distances. Parmi l’un d’eux, Thierry Corbalan. Après avoir fait un simple aller depuis la Sardaigne à la Corse en mono palme il réalisait en 2010 un A/R dans les bouches de Bonifacio, soit pas moins de 30km en 5h et des « écailles » ! Un exploit diront certains, pour lui, je me le permets, une manière de s’exprimer. Quelques signes particuliers, 50 ans et policier, sportif dans l’âme, le reste du classique, une épouse, des enfants… Ah oui un détail il lui manque les bras !

Ce Weekend donc à Marseille il a nagé les 5km en 1H06’48’’ soit 3ème dans sa catégorie homme (et non handisport !) 600 valides au départ.

Un peu plus à l’Est le triathlon de Nice catégorie Ironman (homme d’acier en anglais). 3500 athlètes du monde entier et un corse au départ. Dume et oui toujours lui. Une longue journée pour nager 3,8 km, puis enchainer 180 km de vélo en franchissant deux cols et finir par un marathon de 42km !!! 1900 forçats  seulement à l’arrivée. La chaleur, 34° à l’ombre, eut raison de ces hommes et femmes hors norme. Une des épreuves les plus terribles au monde et Dume. Joie de vivre qui fait son p’tit bout de vie. 650ème en 11h40 !!!

Que dire de lui à part que comme Thierry sa vie c’est le sport en compétition et si je ne vous ai pas précisé qui lui manque une jambe et qu’il réalise cette épreuve sur une seule jambe, c’est que pour lui, c’est absolument normal…

Vous n’avez pas entendu parler de handisport, de sport adapté ! Non, juste de sportifs qui ont une différence et qui se réjouissent de courir avec des copains aux quatre membres avec peut-être un poil de mental en moins que nos deux amis !

A vos vélos, palmes et autres et sportivez vous les moignons !!!