Il suffit de demander à ses anges gardiens…

4 août 2012 par Frank Laisser une réponse »

Oh zut elle a détourné son beau regard de biche dès le déclic de la photo...

Oh zut elle a détourné son beau regard de biche dès le déclic de la photo...

J’aime ces coins paumés pour y poser ma tente. Un îlot où l’homme n’a pas encore tronçonné, bétonné, désinfecté, un endroit où je suis juste l’invité d’une nuit. Le vent ne semble pas avoir molli, il me faut encore 5km pour rejoindre le continent sous le vent. Je n’ai pas le choix je dois aller contre le Sud une fois de plus. A la sortie de l’anse, les bourrasques me font le baiser du matin sur le front. Je me courbe et j’avance, mon dos me fait souffrir mais j’avance. Je zigzag entre des îlots qui me protègent, je souhaite de tout cœur que les roseaux n’aient pas fermé les passages. Ouf, tout est libre ! J’arrive sous le vent du petit port de Herreng et finalement il s’en  est allé chatouiller d’autres nomades. Oui, je vous assure il doit y en avoir d’autres ! Quoi, on est le seul dans le secteur !!! Je reprends une cadence humaine, l’immense canal de Väddö est à 8km, enfin je peux regarder le paysage, savourer le ballet des oies toujours méfiante du « truc » rouge et noir qui glisse en silence sur l’eau. Une question me harcèle : Dois-je m’engager ce matin dans le canal ? Il est long de 20km et je ne suis pas du tout sur d’y trouver d’endroit accessible au milieu. Si je me lance il faut que je le passe d’un coup. Sur la carte dans l’angle à 3km je vois le hameau de Grisslehamn.  D’après la photo du quotidien suédois où je suis en photo, Véro et Dumé ont remarqué que j’avais perdu pas mal de poids et si je m’y arrêtais pour un séjour chez l’épicier du coin. Protéine à gogo ! Norra et Jo Zef leur donnent raison. Je suis à une encablure du canal et ne sais toujours que faire. Je demande à mes anges gardiens de m’envoyer un signe ! Du Nord une vedette sort de nul part, elle se dirige sur moi, où elle ira, ce sera ma route. En plein milieu de l’entrée du canal elle vire de 45° pour filer droit sur Grisselehamn. Ok, on va au port les copains. L’orage commence à gronder et la pluie reprend du service. A l’entrée du port je sens un doux regard, une biche nous observe. Je passe la digue et trouve une petite tache d’herbe me permettant de débarquer à l’abri des regards, je n’aime pas laisser Immaqa tout seul au milieu des hommes. La marina est minuscule et l’ambiance me fait penser à un port Corse un dimanche pluvieux de mars. Je pars à la recherche de mon épicier. J’ai fait une liste et je me régale déjà d’avance des repas qui vont s’en suivre. De retour j’en profite pour faire mon plein d’eau et reprends la mer. Mais où vais-je planter mon bivouac. En sortie de port un gros camping avec une centaine de camping-cars. J’ai repéré une tache d’herbe plate à son extrémité. Je tente une approche. Hum, hum ! Certes le coin est plat mais de me savoir cerné ne me réjouis pas trop. Puis j’essaie de me convaincre, une douche chaude, un point wifi, un coin pour cuisiner à l’abri du vent. Ma vraie petite voix  lui coupe la parole : Toi le « free man », entassé, englué, au milieu du bruit et des « moi j’ai fait la Suède » ! Ok, on se casse ! Je reprends la pagaie, puis pour la deuxième fois de la journée demande à mes anges gardiens un signe. Quelques secondes plus tard je vois deux kayakistes sur la rive opposée qui me saluent. Je traverse et repère un caillou qui semble avoir un replat à sa cime. Le gré est glissant et non sans mal je me hisse à son sommet, je dois trouver un système pour hisser mon matos sans peine, cela va être folklorique. Je traverse les dalles pour arriver sur une cabane de pêcheur qui semble abandonner et remarque un peu plus loin à
terre mes deux kayakistes. Je vais à leur rencontre et leur demande l’autorisation de monter mon camp ici. Ils me répondent en français, ils ont de la famille qui vit à Paris. Non seulement ils m’y autorisent mais en plus de ça me permettent de mettre mon bivouac sur une magnifique prairie pas très loin de chez eux avec vue le port. Je suis toujours ému de l’accueil qui m’est réservé, les personnes doivent sentir en moi une paix qui leur fait de suite ouvrir leurs portes. Comme d’habitude je remercie mes anges gardiens qui suivent avec tact et sagesse mon beau voyage de l’intérieur. Stockholm centre ville n’est plus qu’à 120km.
PS : Jo Zef sort moi de ces sacs de victuailles, va falloir que tu te comportes comme un gentleman avec Norra. Tu n’es pas un sauvage quand même !!!
A pluch’ !

5 commentaires

  1. Cathy dit :

    Ben il manque la liste des protéines ! Tu nous raconteras ce qu’il y avait au menu Jo Zef ?

    A demain pour la suite des aventures !

  2. Nathalie BARON dit :

    Je rentre d’Islande, luttant toujours stupidement contre ce que j’ai de plus vibrant au fond de moi, une route parsemée depuis longtemps de signes et rencontres, l’âme malgré tout bien en paix puisque les yeux en sont son reflet et qu’ils illuminent ceux des gens que je rencontre, et voici qu’en ce jour anniversaire de mon Ange à moi (mon arrière-grand-mère, Ma Mémé comme on dit chez moi) je tombe sur les vôtres (je dirai bien les tiens, mais c’est la première fois que je t’écris)… Ce sera ma « rencontre » du jour, assurément. Merci pour ces partages. Bons flots à toi. Mes bises.

  3. Genay Bruno dit :

    Salut les « suédois ». Je suis enfin rentré at ….home (de Savoie .. lol) de Vic Fezensac puis du Bugeat. Tes récits m’on manqué Franck … oh pas de beaucoups, juste de « ça », regardes … Lol !!!
    Bon je vois que Jo Zef n’a pas perdu ses façons de faire « à la sauvage ». Le retour à la nature lefais se lacher mais Norra devrait le ramener à de plus nobles réactions … Bonne continuation à vous trois et surtout continuez à filmer avec vos yeux ….. et votre coeur.
    A pluche.
    Bruce

  4. FLORES Robert. dit :

    Merci Frank, continue pour nous, pauvres pécheurs…

  5. Totor dit Baby Franck dit :

    Les gens t’aiment pour ce que tu reflètes mon petit Frank. Combien d’hommes sont capables de tout quitter pour vivre à fond des aventures hors normes. Très peu et trop peu…
    Je ne juge personnes car chacun sa vie. Mais comme tu le dis ci bien, c’est à nous d’écrire sa propre histoire.
    Moi je dis super, tout ce que tu entreprends et tout ce que tu fais. Tu le fais tjs pour toi mais tjs en pensant aux autres et c’est pour cela que certain te tendent les bras. Mais c’est toi qui te risque à aller seul à l’inconnu. Bien sur, nous avons tjs besoin des autres car seul nous ne sommes rien et les gens donnent tjs à ceux qui donne tout de leur personne.
    Baby Franck

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