Un peu d’Histoire : La traversée de Nansen

20 avril 2007 par webmaster Laisser une réponse »

histoire1Tout au long de ses études à Bergen, Nansen avait en tête le projet de traverser la calotte glaciaire du Groenland.

Il se lança dans les préparatifs de cette expédition en 1887. Son plan était audacieux et original, voire particulièrement téméraire de l’avis de beaucoup.

Au lieu de débarquer sur la côte ouest – la côte habitée -, et de gagner l’intérieur en partant de cette côte-là, il envisageait d’aborder la côte est et de se diriger vers l’ouest. Il pensait qu’en partant de l’ouest, il faudrait que les hommes fassent le trajet deux fois, car aucun navire ne les attendrait sur cette côte inhospitalière de l’est, ce qui doublerait la longueur du trajet comparé à l’itinéraire d’est en ouest. S’ils partaient de l’est, ils n’auraient pas à revenir sur leurs pas. Rationnellement, on ne pouvait aller que dans un seul sens : vers l’ouest.

Ce type de philosophie correspondait tout à fait à la nature de Nansen qui était homme à miser le tout pour le tout. Couper tous les ponts derrière soi était une stratégie qu’il allait encore utiliser par la suite et avec tout autant de succès.

La tâche qui attendait l’équipe était considérable, la côte étant presque continuellement barrée par une banquise que les courants polaires entraînaient avec eux. De nombreux navires s’étaient précédemment abîmés dans ces eaux, corps et biens. D’énormes icebergs dérivaient dans les rares golfes abrités et des ponts de glace menaçaient constamment de s’effondrer. Derrière cette barrière terrifiante, les crêtes des montagnes se dressaient comme une forteresse tout au long de la côte.

histoire2La question du financement était un autre obstacle. En dépit des recommandations de l’Université, le Storting – le Parlement norvégien – n’était guère disposé à accorder de l’argent à un projet si hasardeux qui, a priori, ne devait nullement contribuer à faire avancer la science. Pourtant, mille dollars offerts par un riche négociant de Copenhague allaient suffire à lancer l’opération.

La préparation de l’expédition, poussée dans les moindres détails, était caractéristique de la manière de travailler de Nansen, tant à cette époque-là que plus tard. Chaque étape fut consciencieusement étudiée.

Lorsque la réussite finit par couronner ce coup d’audace, ce fut justement à cause de la minutie apportée aux préparatifs. Une expédition de six hommes s’embarqua au cours de l’été 1888. Le 17 juillet, les hommes quittèrent la sécurité que leur offrait le bateau et mirent le cap vers la terre dans des embarcations ouvertes. Ils pensaient y parvenir en deux ou trois heures. Ils mirent en fait douze jours.

En cours de route, ils furent souvent bloqués par de grosses plaques de glace ; pour continuer à avancer, ils devaient fréquemment tirer les embarcations sur la glace, jusqu’à ce qu’ils atteignissent de nouveau des eaux libres. Ils purent enfin mettre pied sur la terre ferme le 29 juillet, à cinquante kilomètres au sud de l’endroit initialement envisagé, vents contraires et courants les ayant déportés. Près d’un mois après avoir quitté leur navire, ils pouvaient enfin se lancer vraiment dans la traversée de la calotte glaciaire, après avoir forcé les falaises abruptes qui bordaient la côte. L’expédition dura jusqu’à la fin du mois de septembre, avant qu’ils n’atteignissent enfin la côte ouest, après des efforts quasi surhumains et par des températures qui pouvaient descendre à – 50 °C.

À 27 ans, Nansen avait conduit son équipe, sans incident majeur, dans des régions jusqu’alors inexplorées. Au cours de leur périple éprouvant, les membres de l’équipe avaient soigneusement noté leurs observations sur les conditions météorologiques et d’autres considérations scientifiques. Aucun bateau ne devait quitter la côte ouest avant le printemps suivant. Nansen dut donc passer l’hiver au Groenland, hiver qu’il utilisa à étudier les Esquimaux et à rassembler des matériaux pour un ouvrage qu’il devait publier plus tard : «La vie des Esquimaux» (1891).

En mai 1889, Nansen et ses hommes étaient de retour en Norvège. Ce retour fut triomphal, et ils reçurent l’accueil convenant aux héros nationaux qu’ils étaient devenus.

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