Le défi Inlandsis

20 avril 2007

Le but de notre expédition est de traverser la calotte glaciaire du Groenland à ski et en autosuffisance. Nous allons refaire en sens contraire le trajet de la première traversée à ski faite par Nansen en 1888.

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Ce projet est rigoureusement différent de celui des autres Aventuriers. Cette expédition sera réalisée au profit d’une cause : celle des personnes amputées, sujet de portée ou d’envergure universelle.

Ces fortes aventures sont le symbole de la vie, être au plus bas et devoir se relever pour vivre. A la suite d’une amputation la vie semble s’arrêter, les bien-pensants vous déclarent inapte à exister en tant qu’homme à part entière.

Depuis la création de Bout de vie plein de projets se sont réalisés :

  • Des stages gratuits de plongée sous- marine aux îles Lavezzi
  • Des semaines d’initiation de ski offertes à Sauze d’Oulx (Italie)
  • Journée offerte : char à voile et roller à Berk, planeur à Ghisonaccia, via ferrata et canyoning aux aiguilles de bavella…
  • Huitième titre de champion du monde de triathlon pour D. Benassi
  • Ascension du Kilimanjaro en hivernal pour Frank Bruno
  • Traversée de l’Atlantique à la rame en double pour Benassi et Bruno, qui finiront troisième en 54 jours sur 26 équipages valides
  • Jonction autonome à ski entre la base russe de Barnéo et le Pôle Nord

Les aventures se succèdent en messages d’espoir et de force pour l’avenir,
ces personnes se retrouvent, s’identifient et à leur tour retrouvent foi en la vie
qui n’est que cadeau si souvent bafouée .

Le Trajet

Nous commencerons notre voyage de Paris pour faire une rapide escale à Reykjavik d’où nous prendrons l’avion pour rejoindre le Groenland et Nuuk capitale de Kalaallit Nunaat (Groenland en Inukitut).

Nous avons alors le choix entre plusieurs points de départ suivant les conditions météorologiques :

  • De Nuuk (Kapisillit) à Isortoq – trajet de 570 Km en autonomie en tirant notre pulka de +- 120 kilos
  • et de Isortoq en bateau jusqu’à Kulusuk.

Ensuite, suivant l’état de la glace et des conditions météo, nous prendrons soit un bateau, soit un traîneau à chiens ou bien un hélicoptère pour rejoindre Kapisillit, point de départ de notre traversée.

traversee

Dans tous les cas, la montée sur la calotte prendra plusieurs jours. En effet, nous devons amener tout notre matériel au pied de la calotte (environ 800 mètres d’altitude). La montée sur la calotte est relativement physique et s’effectue sur glacier.

Ensuite la progression s’effectuera en pente « douce » jusqu’au centre de la calotte (entre 2700 et 2800 mètres suivant le parcours). Au centre, nous serons environ à mi-chemin.

Après la progression s’effectue en descente « douce » jusqu’au petit village de Isortoq d’où nous prendrons le bateau pour Kulusuk.

Particularités

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La progression sur la calotte.

La progression à ski sur la calotte ne présente pas de réelles difficultés.
Le terrain est plutôt bon. Néanmoins, il ne s’agit pas d’un lac et il y a de nombreuses collines à franchir pour arriver au sommet.

De plus les sasturgies, les congères et la neige parfois poudreuse ne facilitent pas toujours la progression.

La montée et la descente sur la calotte restent la partie la plus physique et la plus dangereuse de la traversée en raison de la pente et des crevasses. Kapisillit est un très bon point d’entrée sur la calotte.

Il faut prévoir environ 5 jours pour commencer à arriver sur une pente «douce ». De manière analogue, la descente sur Isortoq est à faire avec prudence et risque de nous obliger à marcher quelques jours (2-3) dans une montagne avec peu de neige.

Le journal de bord

satTous les jours, grâce au téléphone satellitaire équipé data, le journal de bord sera envoyé ainsi que les photos du jour.
Sur le site www.boutdevie.org il y aura en plus un forum où le public pourra nous soutenir. Born4sports sera notre relais de connexion.

Mission scientifique

Arrivée à la base abandonnée DYE 3, où l’on va effectuer des prélèvements de neige pour Valérie Masson Delmotte du laboratoire de glaciologie du C.E.A à Saclay pour une étude sur le réchauffement climatique.

Le vent

ventOn n’est jamais à l’abri d’un « pitterak », coup de vent du nord-ouest, prenant naissance sur l’Inlandsis (la calotte glaciaire qui recouvre la majorité du Groenland). Le pitterak peut surgir en quelques minutes et atteindre 250 km/heure et faire chuter gravement la température. Autant dire qu’il faut être à l’abri quand il sévit.

A Ammassalik, la sirène retentit pour que les gens regagnent les maisons quand le pitterak est annoncé.
La calotte glaciaire est une zone de vents relativement violents. Durant la première partie, nous skierons face au vent et dans la deuxième, nous aurons vent dans le dos.

Les températures

Les températures ne sont pas « très » froides. Sur les bords de la calotte nous pouvons compter sur du -15°C à -25°C. En revanche, au centre de la calotte, les températures avoisinent souvent les -30°C à -35°C.

Il n’y a donc pas de problème de froid lors de la progression, mais il faut prévoir de bons duvets pour la nuit !

ours

La faune et la flore

L’époque et la région ne favorisent pas vraiment la rencontre avec la faune. Sur la calotte il n’y a strictement rien et sur la côte, nous pouvons croiser des renards, des ours blancs, des lièvres et des lagopèdes.

Bienvenue

20 avril 2007

joseph129 ans après Fridtjof Nansen l’expédition de Frank Bruno, unijambiste adepte d’aventures extrêmes, menée par Nicolas Dubreuil expert d’aventures polaires (60 expé à son actif) et composée de Serge Bogros ingénieur de l’aérospatial habitué des contrées arctiques et du Flamand Hogan Beernaert alpiniste chevronné (plusieurs sommets à plus de 7000m gravis) viennent d’ouvrir une page émouvante et innovante dans l’aventure extrême polaire et du monde du handicap. De Kangerlussaq coté Ouest du Groenland le 24 avril l’équipe décide de partir du pied du glacier soit à 585m d’altitude, la plupart des tentatives se font héliporter au dessus du glacier aux environs des 1600m !

Chaque aventurier doit remorquer sa pulka avec 120kg de matériel et nourriture pour pouvoir survivre 35 à 40 jours.

Le départ est très raide dans la première journée il ne parcourrons seulement que 1,8km. Les 5 premiers jours seront consacrés à gravir la langue du glacier. Les ponts de neige au dessus des crevasses peuvent être des pièges fatals. D’ailleurs Hogan en fera l’expérience car il tombera dans l’une d’elle, heureusement sans gravité, dans sa récupération Serge fera une lourde chute sur la glace qui l’obligera à abandonner le 5 ème jour.

La progression est bonne mais Frank commence à souffrir de sa jambe amputée et plus particulièrement du genou qui enfle, compressé dans l’emboîture de sa prothèse tibiale. Il courbe la tête mais ne renonce pas, il devra cependant un jour utiliser de la morphine pour supporter la douleur. A chaque camp il découpe sa prothèse et bricole avec les moyens du bord pour améliorer sa progression.

Leur route les fera passer par la base américaine de DYE2 abandonnée. Avec un fort vent la température subit une chute vertigineuse -50 à -60 mais ils progressent, Frank arrive à bien gérer sa douleur car il est porté par un énorme soutien, depuis le QG mené par sa compagne Véro ils reçoivent énormément de témoignages de soutien.

Finalement après 23 jours d’effort intense l’équipe rejoint le point culminant de leur traversée soit 2485m d’altitude. L’émotion est très forte une page est tournée dans le monde du handicap : être unijambiste et parcourir 330km à crampons et à ski représente une première mondiale ! L’équipe très soudée ne veut pas en rester là un moyen aérien pourrait les récupérer mais ils décident de se rapprocher le plus d’Isortoq par leur propre moyen. Le 25 mai après 31 jours sur l’un des plus grand et hostile glacier du monde ils passent leur ligne d’arrivée avec derrière 410 km.

L’histoire est là personne ne pourra revenir dessus Frank a réussi ce qu’aucune personne souffrant d’un quelconque handicap n’a réussi : la traversée du Groenland à pied en autonomie complète d’Est en Ouest.