Hier, juste après mon bain forcé pour récupérer Immaqa qui prenait le large happé par une vague d’un iceberg en perdition, je repérais, non loin de notre bivouac une sorte de mini cabane encastrée dans la roche. Vu que tous les moustiques du monde s’étaient donné rendez vous ici, je tentais le repli vers la maison des schtroumpfs pour un diner plus tranquille.
1.8 m de hauteur, 2 m de long sur 1 m de large. Fermé par deux gros morceaux de plastique transparent, je trouvais un coin, bien pensé et construit que de récupération. Quelle étrange idée de bâtir une telle cabane aussi loin des Hommes. Popote en main avec mes plats lyophilisés, je m’installais confortablement. Une lunette de camion servait de fenêtre, elle donnait juste en face du glaçon qui avait failli me refroidir !
Savourant en douceur, mes pâtes, un papier coincé entre deux boites rouillées attirait mon attention. En français un mot était écrit : Bonjour Jeff, merci pour l’accueil dans ta cabane… Julien Brieuc, le 28/08/2015… Une cabane de Troll, un mot écrit en français, je ne pouvais y croire. Quelle étrange rencontre. Pour remercier mon hôte, que je ne connaitrais certainement jamais, je griffonnais au dos de ce même papier quelques lignes : Voyager ce n’est pas changer de pays, voyager c’est changer de monde… Sur ce papier, je déposais un œil de St Lucie, j’en ai toujours en voyage au fond de ma poche, ainsi qu’un stick de café en rajoutant: L’œil pour la chance, le café pour le partage… Merci…
Le lendemain je pliais bagage, route vers le nord-ouest. Je jetais un coup d’œil au vilain iceberg qui m’avait forcé à la baignade et imprimais à jamais cette cabane perdue au bout d’une plage polaire… Le vent était portant, mais nous n’en sentions pas les bénéfices, un courant contraire nous freinait, décidément c’était l’expédition la plus lente de ma vie d’aventurier à cloche pied. Des immenses icebergs nous cernaient mais la mer était enfin libre, plus de piège de glace. A distance tout de même de ces immeubles congelés, nous nous méfions. Le ciel était d’un bleu azur et le soleil tapait dur, assurément ils allaient exploser. A moins de 100 m d’un monstre, une série d’explosions nous fait réagir : des pans entiers de glace chavirent dans l’océan provoquant une série de vagues hawaïennes ! Action, réaction, je décide la fuite, mais dans cette position je ne peux voir les vagues alors je décide de virer à 180° pour les affronter. Ouf juste une série d’ondulations qui me laisse tout de même sans voix… La leçon est bien notée, décidément je suis en cours intensif.
Le premier cap est enfin franchi, des milliers de pingouins torda batifolent à quelques encablures de notre étrave. Le lieu est sublime, ce doit être un ancien cratère de volcan, une caldera effondrée à moitié. Le vent tombe pour tourner ouest, juste sur le nez. La moyenne déjà pas élevée, chute encore. En face de moi, une plage pour le café du matin et tout le reste ! Je me sens observé, un tout petit renard, nous épie, il surveille le nomade en croisade. Sans trop de crainte, il me décortique mais en gardant toujours une bonne distance. Il est beau, vif. Sur un piton il stoppe sa fuite et m’offre une sorte de chant des plus touchants, entre le miaulement d’un chat et le croassement du corbeau…
La route est longue alors il faut reprendre la mer, mais le vent forcit. Au 15éme kilomètre, une magnifique plage semble nous accueillir. Comble de chance, plein de bois flottés sont là pour économiser du gaz et de l’eau coule des montagnes. Un coin d’herbe après un moment de réflexion « germanique » est défini comme bivouac du moment. Le coin est vaste mais pas oppressant. Par sécurité, je tire Immaqa bien loin de la mer. Ce travail me demande un effort de gladiateur mais notre vie en dépend. Le vent se renforce, demain est un autre jour…
A pluche
Cabane sur la plage + bois flottés + gaz = BRÛLEZ LA ,LA BRÛLEZ , BRÛLEZ LA PAILLOTE …..
Sage décision que de mettre son embarcation et soit même par mauvais temps
Merci pour ce beau récit Franck
Si tu veux plus d infos sur ton hote il s’agit de Jean Francois Colsennet, un chti qui passe ses étés à Saqqaq!
http://lezennes-autrement.fr/?page_id=341
Bonne nav et pardonne moi de ne pas te souhaiter bon vent!
Depuis mon balcon d’immeuble je t’envoie plein de réconfort et de bisous pour la suite de cette magnifique aventure 😉 merci pour ce superbe billet …
Comme d’habitude tu me fais vivre de belles aventures par le récit de tes journées qui sont toujours pleines de surprises. A trés bientôt pour la suite. Courage et bisous MChristine