Ascension jusqu’à 5300mts

18 janvier 2009

Au téléphone avec Frank, par liaison satellite :

« Nous sommes partis à 10 heures du premier camp de base avec une grosse émotion. Nous y avons laissé Eric et Franck, non sans un pincement au coeur.

Nous avons marché aujourd’hui 6 heures pour atteindre 5300mts. Nous avons monté les tentes et retrouvé la nourriture laissée à l’abri ici lors de l’ascension précédente. Nous n’avons pas de porteurs, il faut se débrouiller pour ne manquer de rien.

Tout le monde a la forme. Lucie n’a plus mal à la tête.

Nous embrassons tout le monde. Nous avons eu vos messages d’encouragements par le biais de notre webmaster. Merci à tous pour votre soutien. Tout le monde était ému de pouvoir lire vos petits mots, ça nous a bien fait plaisir toute cette attention.

Allez, demain on essaye d’atteindre 5800mts. »

Le rendez-vous téléphonique est pris avec Frank pour demain soir.

Journée de récupération

17 janvier 2009

028Ce jour est consacré à la récupération.

Petit déjeuner à 9 heures, avec beaucoup de bonne humeur. Fabien et Véro manquent bien sur.

Ce matin, chacun bricole un peu sur son matos ou en profite pour lire ou dessiner pour Stéphanie.

Un 17 janvier en arrière naissait une petite Suisse au prénom de Marianne. Qui aurait pu croire qu’elle serait un jour une alpiniste hors pair.

A midi, Marianna nous a régalé d’un succulent repas, avec s’il vous plaît, un gâteau avec des bougies !!!

Feliz compleano Marianne.

bougie-animeCet après-midi, Diego, notre chef 4X4, nous a promené à la Laguna Verde, une mer très salée à 4100mts d’altitude. Chacun a pu se ressourcer autour de cette étendue d’eau turquoise à la beauté infinie.

Diego, Martin, Hernan et Marianna, comme tout bons Argentins, avaient amené le « Maté », boisson qui ressemble de très loin au thé, et qui demande tout un rituel pour être concoctée.

A tour de rôle, nous nous délectons d’être dans ce coin si austile et si beau à la fois…

Au retour, nous nous sommes arrêtés dans un ruisseau de fonte d’un glacier pour se laver un peu et essayer de laver quelques affaires. L’eau est fraîche, mais ce moment est un grand moment de communion avec la nature Andine qui nous rend si sereins.

Demain matin, Hernan, Martin, Teddy, Marianne, Stéphanie et moi-même partirons pour tenter l’ascension qui devrait nous prendre 3 jours.

Amis, proches, si le coeur vous en dit, allumez une petite bougie pour l’équipe Bout de Vie, la marche va être longue, belle, mais seule la montagne dira si cela est possible.

Diego, qui est un natif, m’a dit qu’en langue indienne le Pissis s’appelle : La maison de l’âme.

Tout un programme !

Rassurez-vous Jo Zef nous accompagne.

A pluche…

Portage camp 1

16 janvier 2009

027On rentre dans le vif du sujet !

Hernan me donne de bonnes nouvelles de Fabien et ma Vraie : ils sont en train de rouler vers Mendoza.

Ce matin 9 heures, départ pour le camp 1. Les charges des sacs ont été divisées et nous devons avoir environ 12 à 14 kilos sur le dos.

La marche est ouverte par Hernan, suivi de près par Franck et Eric. L’altitude donne la cadence du pas. Franck ne dit rien, mais on voit qu’il souffre un peu. Son pas trébuche souvent sur un terrain très accidenté.

Eric, lui, est plus à l’aise, car hier soir, il s’est soulagé en nous annonçant qu’il renonçait au sommet : peur de l’immensément grand, peur de ce néant, histoire personnelle ? Peu importe, sa petite voix lui a dit d’arrêter là.

Lucie et Teddy souffrent encore un petit peu de mal de tête. Vers les 5000mts, le pas est encore plus lent.

Lucie et Franck ont du mal à avancer. Lucie décide de stopper l’ascension. Niko, son chéri, trouvera les mots pour la réconforter.

Franck a de plus en plus de mal. C’est à mon tour d’essayer de lui trouver les mots qu’il faut pour l’encourager.

A 5100mts, sagement, il décide d’arrêter. Il est arrivé au bout de ses forces. Je le prends dans mes bras et il me confie que s’il est arrivé aussi haut aujourd’hui, c’est un peu pour lui, mais pour son gamin Alexis qui fête aujourd’hui ses 5 ans.

La route est encore longue pour le sommet. Teddy me fait du soucis. Il s’entête à continuer malgré un méga mal de tête.

Le campement prévu à 5200mts est déplacé plus haut, pour manque de neige. Martin, qui ferme la marche, a récupéré les affaires de Franck et Lucie et doit porter, à vue de nez, 30 kilos (respect !!).

Finalement, après 7h30 d’efforts, Hernan, Eric, Marianne, Stéphanie, Martin, Teddy et moi-même arrivont au pied du glacier du Pissis. Un abri précaire de pierre servira de refuge à nos affaires pour le futur de l’ascension.

Dopés un peu, nous ne mettrons que 1h45 pour rejoindre le camp de base.

Encore un clin d’oeil du destin, nous arriverons presque tous en même temps. Je suis très fier de l’équipe Bout de vie, car aujourd’hui tout le monde a donné de son meilleur.

Alexis, ton papa t’embrasse, c’est un peu toi qui l’a porté aujourd’hui.

Evacuation sanitaire de Fabien

15 janvier 2009

026Hier soir comme avant chaque couché, Hernan procèée à un petit contrôle de la saturation de la pression partielle d’O2 de chacun.

Normalement, nous sommes tous à 100%, mais avec l’altitude, le taux baisse et prend un certain temps pour remonter. Donc le contrôle du soir permet à Hernan de savoir qui est en phase d’acclimation ou pas.

Bien sur, chacun de nos corps réagit différemment et le mal de tête ou vomissement sont, hélas, le procédé d’acclimatation qui ne doit pas dépasser deux jours. Fabien, depuis notre arrivée au dessus des 4000mts, se plaint de maux de tête violents et surtout, sa saturation d’O2, au lieu d’augmenter, diminue.

Hernan me prend à part et m’informe que si Fabien reste ici, à 4500mts, il risque un œdème cérébral. La décision est prise : il faut l’évacuer.

Ici, nous sommes très loin de Fiambala, environ 6 heures de pistes cabossées et le voyage de nuit risque d’être un peu dangereux.

Nous veillerons Fabien toute la nuit, avec une prise du taux de saturation d’O2, toutes les deux heures. Au petit matin, son sac est prêt, et bien sur Véro l’accompagne.

Le moment est fort. Fabien est debout malgré son mal de crâne et chacun l’embrasse avec son petit mot. Ma Vraie me sert fort dans ses bras. Elle me conjure d’être prudent, et me remet un crucifix en métal léger qui appartenait à son pére, décédé il y a peine deux mois. Elle devait le remettre à son fils avant la phase finale, pour qu’il le porte au sommet : cela devient ma mission.

Ce soir, nous apprenons par tél sat que Fabien est sorti d’affaire. L’hôpital de Fiambala n’a rien détecté.

Que dieux vous protége… Ce soir, vos regards me manquent tellement…

Jour de repos

14 janvier 2009

025C’est un jour de repos.

Tout le monde a laissé pas mal d’énergie dans l’acclimation, le montage et démontage des camps.

Je vous rappelle que le choix de cette expé est d’être le moins assistés possible et du coup, pas mal de tâches, en plus du mal d’altitude, nous ont épuisés.

Aujourd’hui, Lucie a retrouvé son sourire, le mal de tête l’a épargnée. Fabien, le plus touché de nous tous, commence aussi à récupérer. Véro, malgré son problème dentaire, en plus de l’altitude, reprend le dessus.

Teddy, ainsi que Niko, ont finalement récupéré. Franck est toujours essouflé, mais il arrive à dormir profondément, alors qu’Eric, son compagnon de tente, souffre d’insomnie et d’un début de sinusite.

Stéphanie, qui vient aussi de récupérer la forme, lui prodigue des soins d’ostéopathie qui lui permettent de retrouver une petite forme. Marianne, avec Hernan et Martin, se portent comme de beaux bébés, alors que Marianna, notre cuistot de grande classe, souffre encore, mais bosse comme une malade.

Jo Zef, qui veille sur moi, m’a permis d’être aujourd’hui en bonne forme.

Je crois que vous, nos proches, derrière vos écrans, vous êtes rassurés. Tout le monde reprend le dessus et l’acclimation suit son chemin logique.

Cette après-midi, nous avons procédé aux répartitions des charges pour commencer à porter au camp 1, qui sera à 5100mts d’altitude.

Plus les jours passent, plus l’ambiance est super, et je crois que l’image du jour est de voir les plus gaillards aider les plus affaiblis.

Le présent est un cadeau.

Camp de base du Pissis

14 janvier 2009

024Levés 6h : la journée va être longue !!

Nous démontons la totalité du camp et chargeons les 3 4X4.

Tout le monde, sauf Marianne et nos amis Argentins, a le mal des montagnes. A plus ou moins grand niveau, tout le monde souffre du mal à la tête. Personne ne se plaint, mais chacun de nous avons une petite perte de moral.

Lucie et Véro, en plus, souffrent de petites infections non encore définies mais je vous rassure sans grande gravité, leur courage me rempli de respect, car elles ont participé au montage et démontage des camps sans renoncer à la tâche.

Il nous faudra 3h de routes poussiéreuses pour rejoindre la vallée du Pissis très encaissée. Le vent est nul et la température dépasse les 40°,. Si l’enfer existe, je crois que le coin lui ressemble étrangement.

Le lieu est désertique : cailloux, sable et végétation totalement nul. Le chemin nous a permis de rencontrer des paysages de folies, des sommets enneigés avec des lagunes d’eau salée comme la mer morte. Les seuls habitants des lieux sont des flamands roses, vigognes, renards et quelques petits lézards.

Ce soir, nous avons droit à un contrôle médical et chacun d’entre-nous espére dormir un peu.

Toute l’équipe embrasse très fortement toutes les personnes de leur coeur.

Un souvenir, ça ne s’achète pas, ça se vit…

Premiere rando

13 janvier 2009

023Ce matin tout le monde a un peu mal à la tête, mais pour tous, la nuit fut réparatrice. Le programme du jour sera une petite rando en altitude.

Petit briefing de départ et nous voilà partis pour la première excursion.

Niko, comme je me doutais, a récupéré et muni de sa caméra, il commence à fixer cette extraordinaire aventure.

La rando est sur un terrain de sable et de lave, le pas est lent. Les 4000mts donnent la cadence. Hernan ouvre la route et Martin ferme la route.

Franck Festor rencontre une difficulté à avancer, il n’a jamais évolué dans ce type de terrain mais nos guides trouvent le rythme et les mots pour lui donner confiance.

Après 2h30 d’efforts, nous atteignons le sommet. Le vent est assez fort d’une quarantaine de km/h et la température chute en dessous de 0°.

Certains ont encore la barre à la tête mais l’acclimation est en train de se faire doucement.

Après nos 4 heures de marche et le retour au camp, je prends l’initiative d’aller à la source me laver ainsi que mes affaires et du coup une partie de l’équipe me rejoint, attention l’eau est à 4°. Ce moment est du pur bonheur, les flamands roses et quelques canards sont indifférents à nos ablutions.

Le bonheur et la joie de vivre sont la clef de cette expé qui commence à nous prendre aux tripes.

Acclimatation…

12 janvier 2009

022La nuit fut assez pénible pour tout le monde. A part Lucie, tout le monde a plus ou moins souffert d’insomnies dues à l’altitude (4080mts).

Au petit-déjeuner, tout le monde portait des cernes et un visage fatigué. La première nuit est toujours difficile mais la journée nous a permis de récupérer un peu.

Je ne vous ai pas encore parlé de notre communauté ? Nous sommes tous dans des tentes en binomes :
– Martin et Hernan,
– Teddy et Fabien,
– Eric et Franck,
– Marianne et Stéphanie,
– Lucie et Niko,
– Véro et moi
et enfin Marianna, notre super cordon bleu toute seule.

En plus, il y a deux grandes tentes mess qui servent de cuisine et réfectoire.

Après le petit-déjeuner, Hernan a procédé à un contrôle très pointu, avec une prise de pression artériel et le contrôle du pouls et la prise de la pression partielle de O2. Tout le monde est bon, mais Niko a des vomissements avec une grosse fatigue. La journée est consacrée au repos et à la récupération. Je le connais assez bien et je sais qu’il va vite récupérer.

Hernan nous conseille fortement de boire beaucoup d’eau et toute l’équipe suit ses conseils.

Au petit matin, nos tentes étaient recouvertes de glace avec un ciel bleu pur, une vigogne à l’insue de tout le monde est venue se gratter à l’une de nos tentes en y laissant un peu de poil.

A la différence de sommets très fréquentés, ici nous sommes totalement isolés du monde, l’Aconcagua, point culminant d’Amérique du Sud, est gravi par 7000 personnes par an : ici, il n’y a personne. La dernière fois où Hernan est passé ici, c’était il y a 4 ans.

Nous pensons bien fort à vous tous.
Jo Zef est le roi de la cambuse…
A pluche…

Camp d’acclimatation – 4060 mts

11 janvier 2009

021Après une bonne nuit, les 3 véhicules tout terrain sont minutieusement chargés.

Passage obligatoire au poste de police pour obtenir notre autorisation d’ascension et nous roulons dans un décor féérique.

Bifurcation de la nationale qui mène au Pérou et nous commençons sérieusement à prendre de l’altitude. Il y a des mots pour décrire des événements, des histoire et des paysages mais aucun littéraire, aucun poéte, aucun scientifique ne pourraient décrire le « sublime » du lieu.

Tout au long de notre prise d’altitude nous découvrons une faune riche, renards, vigognes (comme un lama mais plus petit), flamands rose.

Dans un ciel bleu électrique, nous suivons une piste qui nous mène jusqu’aux ruines d’un campement de chercheurs d’or. L’altitude nous essoufle déjà et le montage du campement se fera au ralenti.

Certains souffrent un peu de nausées, Niko et moi d’euphorie qui nous rend complétement hilares mais en général tout le monde se porte bien.

Ce soir, sous la tente, un repas chaud nous attend, puis une nuit qui je l’espère nous reposera.

Fiambala – 1850mts

10 janvier 2009

020Ce matin de trés bonne heure, nous voila partis pour une longue route qui doit nous mener au piemont du Cerro Pissis. L’Aconcagua majestueux couvert de neige nous salue.
La journée va être longue : 14h de bus dans un décor lunaire.
Cap au nord !
L’équipe est en train de se créer, et malgré la fatigue d’une trés longue journée, la bonne humeur est de mise. Ce soir nous sommes tous un peu « cuits » mais nous savons que le colosse des Andes est en train de nous ouvrir ses entrailles.
Demain est un autre jour.