Et ca continue!

11 août 2018

Aluu les amis, je serai bref car la vie ici me pompe une belle énergie, on bosse sans relâche, mon « pote » le Capitaine du Drakkar noir suit mon rythme… Je ne veux pas m’arrêter, il y a un boulot immense à faire et j’aurai toute la mort pour me reposer. Ca y est, toutes les fenêtres son décapées et repeintes. Un boulot ingrat et poussiéreux surtout  quand on travaille avec les fenêtres ouvertes! Il me semble que mes doigts sont devenus des cornettos à la crème gelée !

Ok, je vais cesser de gémir, je suis au Groenland et vous dire que c’est toujours beau est un mot trop faible. Ce matin le soleil enfin revenu, avec une brise polaire, a inondé la cabane. Là, à deux pas, deux belles baleines nous ont honorées de leurs chants. Elles ont jouées devant nous dans un ballet unique et majestueux; inoubliable !

A Oqaatsut aujourd’hui, c’est la rentrée scolaire, l’église qui sert de salle de concert est aussi l’école, mais 50% des élèves sont absents, 3 sur 6. Ici, les images de référence sont toutes, autres qu’en bas au sud. La seule école qui compte ici c’est celle de la vie et je peux vous dire que de vivre ici, c’est l’université +++ !

Au village, ils nous voient travailler d’arrache pieds, pardon pour le jeu de mot, personne ne dit mot, personne ne vient nous voir mais je sens de temps à autres des regards furtifs. Je pense qu’ils sont heureux de voir la cabane reprendre vie. Le vendredi c’est le jour de la douche et de la lessive pour moi. A la salle communale, Fareq a vu mes cernes, ma perte de poids, il m’a sourit et m’a appelé « Frankini » ce doit être un compliment exceptionnel au Groenland! Il m’a expliqué l’histoire de ma maison, de ses habitants, il est heureux que je m’en occupe autant. Cela m’a fait du bien…

Inès, mon papillon, a fait de sa propre initiative un appel à cotisations sur le groupe Facebook. Vous savez qu’un projet mérite finances et vous savez qui en bénéficie alors on compte sur vous!!

Je vous souhaite tout le meilleur du monde.

PS : Une pensée pour Jean-Phillipe Rapp qui est à la tête du Festival du film d’aventure et d’exploit des Diablerets. Ce sera son dernier festival. Hélas on ne m’a prévenu qu’aujourd’hui que je devais lui faire une vidéo mais c’est mission impossible à Oqaatsut.

Alors voici quelques mots :

Cher Jean-Philippe, je suis très ému de savoir que c’est ta dernière, je ne pourrai jamais oublier tout ce que tu as fait pour moi. Quel honneur d’avoir gravi en direct le musée Olympique de Lausanne pour une conférence télé sur le dépassement de soi. Quel souvenir d’être encore à tes cotés à l’université de Genève et de pouvoir booster les étudiants venus en masse. Comment oublier toute tes invitations au Diablerets comme jury du festival. Je crois que mon record d’assiettes de raclette englouties n’a pas été encore battu !  Merci Jean-Philippe, merci du fond du cœur je sais que cette dernière sera forte pour toi… Becs depuis le Groenland et tout de bon…

 

 

 

 

Groenland… la suite!

9 août 2018

Finalement le vent est tombé, finalement le calme prend place, il nous amène un beau crachin avec un brouillard londonien et 6 petits degrés. Le village est redevenu silencieux, les icebergs ont pratiquement disparu, seul le « smiley » surnommé ainsi par les jeunes, est encore ancré sur un haut fond. Par contre son arc de triomphe a volé en éclat, l’explosion fût si forte que même la cabane a tremblé.

 Depuis hier à deux pas de la porte, une chienne vient de mettre au monde 6 chiots. Un acte de survie terrible, la mère offre toute son attention à ses boules de poils, je me demande combien survivront…

 Le capitaine du drakkar noir, mon invité, c’est le surnom qu’il aura pour son séjour ici, commence à prendre ses marques. Il a croisé en coup de vent mes stagiaires qui ont compris que mon hôte était un grand personnage, son groupe financier est depuis un an le mécène de mon association. Cet homme de la finance suisse n’est pas venu en touriste mais pour m’épauler dans ma tâche de restauration de la maison perdue. Muni d’une classique salopette bleue, depuis 2 jours, il décape toute les huisseries de la maison, un travail de fourmi nécessaire pour repeindre les fenêtres qui depuis quelques décennies souffrent des bises polaires. Chacun de notre côté nous travaillons, de temps à autres nous échangeons, mais l’endroit ne laisse pas place au discours inutile, n’oubliez pas que nous sommes au pays du silence.

 En fin de matinée, un homme franchi le pas de la porte ; mon pôte Brieuc, vient me dire au revoir. Je le sens moins « déconneur » que d’habitude, il vient juste me prendre dans ses bras, dans quelques minutes il part avec son équipage du voilier Akta vers la grande route du passage du Nord-ouest. Dans son accolade je sens une immense émotion, un immense soupir. Je lui souhaite bon vent, la route ne va pas être facile mais une bougie brûlera, pour lui, pour ses coéquipiers, pour son rêve. Ils devraient rejoindre l’Alaska courant octobre…

En fin d’après midi « mon » capitaine me fait une petite frayeur, il demande à s’allonger rapidement, la vie est austère ici. On dort à même le sol dans une maison poussiéreuse en chantier. Ce petit coup de moins bien m’inquiète un peu, après coup il revient à lui, je vais lui faire prendre l’air, une excuse pour aller chercher le diner. Nos grosses combinaisons de mer enfilées, nous prenons le large pour une partie de pêche. Le moteur coupé nous sommes dans un silence indescriptible. Pas la moindre ride, la mer est lisse. Des icebergs entonnent leur explosion, nous guettons aussi les baleines, avant-hier au même endroit une est venue à 5 mètres à la proue d’Ifaraq. Une grosse étoile de mer se fait piéger, puis ce sera au tour de quelques scorpions de mer que je relâche aussitôt, et enfin deux grosses et grasses limandes vont venir diner avec nous.

Nous prenons le chemin du retour par le chemin des écoliers, la vie est simple ici, très simple. Bien sûr le confort manque, bien sur que les facilités du sud nous sembleraient divines mais on ne peut pas tout avoir dans la vie, alors nous prenons en pleine face cet air de liberté.

Dans nos assiettes le poisson nous rassasie, le dialogue commence, nous savons que nous sommes chanceux d’être où nous sommes. La rusticité du lieu a fait fondre le superficiel, et l’homme de la haute finance se confie au nomade du grand Nord. Les courbes du CAC 40 n’ont plus trop leur place ici, nous causons de la vie, la vraie celle qui fait vibrer, celle qui te rend Homme, qui te rempli de doute sur son devenir futile et superficiel. L’argent, la différence sociale volent en éclat, c’est ça la magie du Grand Nord.  Nous échangeons nos rêves, il me souffle les siens, je lui cause du petit papillon qui remplit mon cœur, mon âme.

Ce soir là haut au pays de nanoq deux hommes ont oublié pour un instant qu’ils n’étaient que des mortels, parole, à un moment on s’est crus immortels…

Lundi « mon » Dume arrive, là ca va être encore un grand moment …

Ps :BTAPP