Le retour d’Apoutiaq…

12 février 2010

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Vue de l’extrême sud de la Corse du massif de l’Omu di Cagna.

4h30 je ne peux plus dormir, le vent est tombé pourtant quelques chose a changé, comme l’animal qui hume l’air et qui sent la nature depuis si longtemps que je vis sur mon bateau je ressens un changement dans l’atmosphère, je colle mon nez au hublot, il neige !
C’est Apoutiaq (voir mon livre pendant la traversée du Groenland à pied) qui est venue me rendre visite, je lui avais tellement parlé de mon abri que cette nuit elle a voulu donner une caresse à mon Cabochard.
Je me force à fermer de nouveau les yeux mais je crois que mon temps de sommeil est déjà fini, je pense au pays Kalaallit Nunaat où j’ai rencontré Apoutiaq, elle avait vu un homme blessé qui avançait, des perles bleues étaient figées sur son visage, elle le nommait Nanuquilanga (L’ours blessé avance)…
A coté de moi le livre d’Emeric Fisset « Sur les pas de l’ours » je ne sais plus combien de fois je l’ai lu, mais chaque fois je suis transporté, envouté, lui le solitaire de l’Alaska qui fait rêver « l’Ursus Corsicus  monopedus ! » A chaque fois j’y découvre la faune et la flore Athapascan, chaque fois j’entends les chants des prières qu’il fredonne pour se rassurer, je ressens les larmes qui coulent de tellement de beauté mêlé à la souffrance, je hume la fragrance de la taïga…

Le jour se lève enfin, après ma série d’exercices matinaux, le bol de céréales arrosées d’infusion et le café bien calé au fond de l’estomac, je crois un peu enfreindre l’arrêt forcé prescrit par docteur « Bon sens » et je décide de partir pédaler ! Ben ouais c’est le coude droit que je dois mettre au repos pas les jambes non ! Ok pas de kayak, mais un tour de vélo !
Donc me voilà parti, le ciel est gris plombé, là bas le massif de Cagna (1245mts d’altitude) est noyé sous la neige. En le regardant j’envoie un petit message à Apoutiaq pour qu’elle me rende visite.
Je suis tranquille personne n’osera rouler aujourd’hui, je prends la direction du nord, le vent est froid certain « tristus » d’ici diront polaire, pour un Inuit -2 c’est un temps de fillette encore pucelle !!!
Je roule et je sais déjà que cette sortie va être magnifique, en haut du col que je franchis Apoutiaq est bien là, elle virevolte autour de moi, nous sommes ivres de ces retrouvailles, elle me chante encore les belles berceuses des « Trolls », je suis heureux, quelques vaillants conducteurs qui ont osés prendre la route me doublent en me klaxonnant et en levant le pouce pour me féliciter de ma sortie vélo !!!
Je pédale ? Non ce sont mes jambes car moi je suis tellement heureux de ces retrouvailles que mon esprit n’est plus là. Elle me raconte toutes les histoires qu’elle a vécu depuis mon départ et moi les miennes, je lui annonce que d’ici quelques mois je serais de nouveau dans le grand nord mais elle me rappelle que pendant l’été elle part avec sa famille encore bien au delà du cercle polaire.
Les kilomètres se succèdent mais je me sens léger comme un flocon de neige !
De retour à bord je décide de prendre ma douche sur le pont du bateau au vent, j’avais pris la précaution avant de partir de mettre mon mini chauffe-eau en route et le bonheur est extrême, un chaud froid bien mérité.
Apoutiak s’en est allé mais je sais que ce n’est qu’un au-revoir…

Proverbe Groenlandais : Seuls la glace et le temps sont maîtres.

Au fait dimanche c’est la St Valentin !!! Une foutaise de plus inventée par des commerciaux !!!
Par contre c’est la fête de Valentin le dernier stagiaire ! Bonne fête petit neveu…

Ouais Jo Zef et une tournée de crêpes pour fêter ça.

A pluche

DSC_9209Traversée du Groenland à pied, Apoutiaq vient me voir régulièrement.