Le Défi !

12 février 2006

Le Pôle Nord géographique à ski depuis la base de Barnéo

« Lieu de toutes les rencontres, convergence des imaginaires, le Pôle nord est un des axes de rotation de la Terre. En ce lieu, toutes les heures se rejoignent, toutes les directions vont vers le sud.c’est un point mythique qui nous dépasse complètement ! », avait écrit Alain Hubert dans son journal de bord le 16 mai 1994 après avoir, pour la première fois, atteint le sommet de la Terre avec un de ses amis, Didier Goetghebuer.

Beaucoup rêvent sans doute de pouvoir atteindre le Pôle nord, mais peu de gens ont eu l’occasion de réaliser ce rêve : une première mondiale pour une personne unijambiste.

Grâce à la très grande expérience logistique arctique de scientifiques et militaires russes, il est désormais possible de s’y rendre en voyageant par le Spitzberg. Le transport jusqu’au 89°N s’effectue à partir de l’ancienne cité minière de cet archipel, situé à plus de mille kilomètres au nord de la Norvège. C’est de Longyearbyen qu’étaient d’ailleurs partis Amundsen et André pour leurs expéditions historiques vers le pôle.

Un avion spécialement affrété nous emmènera jusqu’à la base dérivante russe, Barnéo, aux environs de 89°N. C’est de là, qu’à pieds et à skis, nous parcourrons en autonomie les quelques 110 km qui nous séparent du Pôle nord.

Nous tirerons chacun une pulka d’une quarantaine de kg, contenant tout ce dont nous aurons besoin pour survivre sur la banquise et il nous faudra 10 à 17 jours pour atteindre notre objectif. Nous dresserons nos tentes chaque soir sur une glace dérivante dans un paysage fascinant. Le soleil de minuit, les arêtes de compression, les chenaux d’eau libre, une glace toujours en mouvement et une température aux alentours de -20°C à -30°C.

Le programme

DEPART PREVU LE 17 AVRIL DE PARIS VIA LONGYEARBYEN.
PROGRAMME INDICATIF ACCOMPAGNE PAR L’EXPEDITION DE VICTOR BOYARSKI
(accompagnement anglophone)

  • Promouvoir la cause des personnes amputées auprès des pouvoirs publics et de l’opinion publique ;
  • Jour 0 : Arrivée à Longyearbyen. Nuit à l’hôtel ou auberge de jeunesse.
  • Jour 1 : Réunion d’information. Dîner de bienvenue.
  • Jour 2 : Préparation de l’expédition et vérification des équipements.
  • Jour 3 : Tôt le matin, et en fonction des conditions météo, départ par vol affrêté AN 74 pour la base polaire de Barnéo. Montage des tentes près de la base.
  • Jour 4 : Départ de l’expédition ; en fonction des conditions de glace et de la position de la base polaire, dépose éventuelle en hélicoptère au point de départ.
  • Jours 5 à 20 (environ) : A ski vers le Pôle.
  • Jour 21? : Arrivée au Pôle. Petite célébration puis retour en hélico à la base. En toute fin de journée (mais il ne fait pas nuit.), retour en avion sur Longyearbyen.

Une journée typique en chemin vers le Pôle : Réveil vers 7h après un repos de huit heures environ, chacun participe aux taches : préparation du déjeuner, rangement des affaires et démontage du camp. Le départ à ski se fait approximativement vers 9h30.

La longue marche commence et chacun trouve sa place dans la chaîne en fonction de sa forme et de ses aptitudes. Le chef d’expédition prend la tête, un autre membre d’expé suit en cas de besoin et le groupe s’étire sur plusieurs centaines de mètres ; en fin de groupe, encore un autre membre ferme la marche équipé de matériel de sécurité.

Une halte est effectuée environ chaque heure pour 5 à 10 minutes où l’on prend le temps de grignoter et boire chaud. Le déjeuner sera pris vers 14 h. De temps en temps, une petite reconnaissance se fera pour repérer la voie à suivre. L’après-midi à ski se poursuit jusqu’à l’étape du soir vers 17/18h. Chacun participe à nouveau au montage du camp et à la préparation du dîner. Vers 22h, repos bien mérité dans son sac de couchage !

C’est une journée typique. Bien sûr, quand le vent s’en mêle ou les températures s’abaissent, que des chenaux d’eau s’ouvrent sur le chemin, l’expérience fait la différence, mais c’est toujours une journée typique !

Barnéo, base polaire provisoire

Un immense courant marin allant du détroit de Béring à la côte est du Groenland traverse le bassin arctique. La banquise suit globalement ce courant tout en décrivant un mouvement giratoire (dans les sens des aiguilles d’une montre). Le grand explorateur Nansen l’avait compris dès sa première expédition et l’utilisa pour sa grande expédition à bord du Fram, de 1893 à 1896. Plus tard, en 1937, le Russe Ivan Papanine utilisa de nouveau la dérive arctique, lui et son équipe naviguèrent du Pôle au large de l’île Mayen.

Forts de cette expérience et devant la moisson de données recueillies, les soviétiques établirent 31 bases dérivantes sur la banquise. Aucune nation au monde ne put réaliser un tel programme. Depuis 1989, les Russes n’ont plus les moyens d’entretenir ces coûteuses infrastructures. Chaque printemps, une station provisoire (base polaire dérivante appelée  » Bornéo « ) est installée à proximité du Pôle pour y faire la logistique des expéditions qui visent le Pôle Nord Géographique.

Barnéo est le nom que les techniciens ont donné à la base. Chaque printemps, début Avril, des spécialistes partent, en hélicoptère, de la ville de Khatanga (Sibérie), à la recherche d’une zone de banquise afin d’installer la base.

Après un dernier ravitaillement au Cap Arktitchevsky, point le plus septentrional de l’archipel des Terres du Nord, c’est le survol de la banquise à la recherche d’une glace à la fois suffisamment épaisse et plate, vers 89° Nord à une centaine de kilomètres du Pôle. Une fois la zone choisie, les appareils se posent. L’équipage teste l’épaisseur de la banquise et transmettre leur position à Khatanga. Le travail commence et le bulldozer va s’atteler au nivelage d’une vraie piste d’atterrissage en coupant les crêtes de compression occasionnées par la banquise en mouvement. Ce travail peut prendre plusieurs jours si la banquise est très tourmentée.

Barnéo s’organise rapidement tout en dérivant à la vitesse de 1 à 2 km par jour en direction du Groenland. Dès lors, des vols réguliers en Antonov 74 (qu’opèrent également des Antonov 12 et 26) relient Barnéo aux villes de Khatanga (Sibérie) et Longyearbyen (Spitzberg). Chaque atterrissage sur cette piste de glace est une prouesse réalisée par des équipages disposant d’années d’expérience. Avant chaque vol, la piste est vérifiée par les techniciens de la base qui recherchent l’existence d’éventuelles fractures, dans ce cas, une nouvelle piste peut-être fabriquée en moins de 36 heures. Cet exploit est rendu possible par la présence sur la base de deux hélicoptères MI-8 avec leurs équipages parés à décoller en permanence.

Barnéo est la seule structure de ce type au monde. Elle permet de rejoindre la proximité du Pôle Nord géographique rapidement et en toute sécurité, sur la base veillent en permanence une quinzaine de personnes et deux hélicoptères.

Des moyens de communication téléphonique sont déployés par le biais de satellites à orbites basses.