Vivre ou survivre…

24 septembre 2012
Elle; eternelle!

Elle ; éternelle !

Elle va, elle vient mais je ne peux que l’admirer sans jamais la détester, elle est encore plus libre que ce que je suis. Des milliers d’années que l’homme la souille, mais elle s’en fiche elle vibre, c’est tout. Mer Méditerranée qui m’a façonné, formé, cicatrisé et souvent apeuré, elle est là devant moi mais elle freine mon voyage, elle se joue de mon projet, pour elle l’homme n’est que parasite. La phrase d’Alexandre Vialatte prend toute son importance : « l’homme n’est que poussière c’est dire l’importance du plumeau. » La femme de ménage s’appelle Nadine, elle est en pleine dépression alors elle chavire tout sur son passage et moi le voyageur capricieux je trépigne. Vous ne la connaissez pas ? Elle vit en Atlantique, elle a prêté aux habitant de Terre-neuve une belle haute pression, dans cinquante ans ils diront : Tu te rappelles le Roger c’était l’automne où il avait fait beau ! Alors la Nadine au caractère d’ouragan met la zizanie. Le vent du sud est son amant, chaud et humide, cela pourrait être sensuel mais moi, je ne veux que froideur et brise du pays d’Hélène. Me reposer, de quoi, des quelques kilomètres parcourus, mais j’en ai encore des millions à faire, j’en ai encore des trucs à gravir, des vents contraires à affronter. Se reposer, ça c’est pour ceux qui sont immortels, moi je suis cette chrysalide qui n’en pas pour longtemps, alors j’avance.  Vous voyez l’arrêt me met en réflexion, en position du tigre prêt à bondir. En face l’île de mon cœur, mais Eole veut profiter pleinement de l’été indien, il n’a pas envie de trêve. Ah si je pouvais être le vent, je virerais Est et je voguerais vers ma princesse pour lui caresser le visage, je lui soufflerais toutes les brises les plus intimes, elle en rougirait de plaisir. Mais je ne suis que de chair, d’acier et de carbone avec trop de fragilité pour être nature. Mon corps se repose maintenant mais ma tête a déjà gravi trois fois l’Everest aujourd’hui. Pour certains ne plus bouger est se reposer, pour d’autres le mouvement est la tisane du cerveau, on lui donne d’autres objectifs pour qu’il s’apaise. Des projets ? Des millions des milliards, chaque matin est la genèse d’une intention. Le voyage n’est pas qu’une destination sur une carte, le voyage est avant tout un long tunnel noir que l’on doit éclairer, un gouffre que l’on doit rendre sympathique. Les « moi j’ai fait » ne sont pas des voyageurs, ils ont coché des cases. Ma case est l’univers et je peux vous dire que je ne veux pas la cocher, mon voyage, peut-être le votre aussi, me mènera à ceux que les pessimistes appellent la mort. Il me plait de penser que cela peut-être le départ d’un nouveau raid, d’une nouvelle expédition, d’un nouveau défi. Pendant que j’écris ces quelques mots, les déferlantes n’ont cessé, elles n’aiment pas la philosophie, elles n’aiment pas les rêveurs. Leurs  trucs, déferler ! Ma houle n’est composée que de mots de maux, un rai de soleil et tout s’écroule, le confort va me remettre dans la routine pire qu’un tsunami. Demain est si loin mais mon doigt effleure malgré moi le clavier météo et un grand nuage noir m’envahit. Je tends la main, Véro peut presque la toucher, mais non pas assez près. La Bruyère, plante si chère au maquis corse me permet d’allumer le foyer pour cuire le pain, mais La Bruyère écrivain avait allumé mon feu interne en relatant dans son œuvre Les Caractères : « Rions un peu avant que d’être heureux, de peur de mourir sans avoir ri. » Rire de moi, rire de vous, rire de la mort. J’entends le Grand Jacques là haut exploser de rire. Je suis exilé sur la terre Elbane, pâle copie d’une Corse si chère à mon cœur, vous voyez je m’égare, je ne maîtrise plus rien, donnez moi de grâce du vent portant et je me mettrais à l’œuvre, quelques dizaines de kilomètres pour nouer mes bras, plier mon dos, user mes mains mais apaiser mon âme…

Yes i’m a free man…

Liberté : Aller le plus loin possible pour être au plus proche de soi-même, de ce que peut signifier  « vivre maintenant ». Sylvain Tesson

A pluche !

Nous sommes tous différents…

30 août 2012
Le gout de l'effort retrouvé par Cathy... Bravo

Le gout de l'effort retrouvé par Cathy... Bravo

Vous en prenez l’habitude quand je fais un break je deviens « philosophe », à cloche pied cela va de soi. Bien que coupé, « jeu de mot d’amputé », des télés, infos, net je sais que les paralympiques ont commencé. Je suis un peu la bête noire des instances de la Fédération Française Handisport, malgré que je fasse parti moi aussi de la famille des différents. Mon refus d’adhérer est simple je trouve absolument scandaleux que les JO et les paralympiques soient séparés de plusieurs semaines. Il est inadmissible que les athlètes soient divisés de la sorte. Les JO font parti des événements sportifs les plus suivi au monde. En terme de retombé pour le handicap cela serait un pas de géant en avant. Ok, ceci n’est que la part public mais je crois que le plus important serait la richesse de la mixité des athlètes. Ne pensez vous pas que jusqu’à la fin de leurs jours ceux qui ont concouru avec Oscar Pistorius ne pourront l’oublier. Quand leur carrière sera finie et qu’ils auront dans les moments de leur vie des doutes, une pensée les ramènera au jour où un homme avec deux jambes en moins les avait défiés. Bien-sur la mixité pure n’est pas possible un gars en fauteuil va plus vite qu’un bipède mais mélanger les épreuves serait un bienfait pour tout le monde. Le jour des finales du 100mts je verrais bien les non-voyants puis les valides suivi des amputés ou autres. Sportifs, public découvriraient que ces gens sont plus qu’ordinaires, ils ont la passion du sport et s’en donnent les moyens pour arriver au haut niveau. J’aime cette définition qui résume notre existence : une batterie qui donne de l’énergie n’est que l’union d’un plus et d’un moins. Pour ceux qui me suivent en 2009 j’ai coaché les hockeyeurs du GSHC, encore à l’heure actuelle des joueurs m’appellent et notre relation les a boostés dans leur métier de sportif de haut niveau. Mais la croisade est compliquée ; un exemple parmi tant d’autres : Je connais beaucoup de monde dans le milieu du football, Lizarazu n’est pas le parrain de l’association par hasard, en discutant à bâton rompu avec les instances de la FFF, je sais qu’elles aimeraient faire intervenir des gars comme moi pendant les mises au vert des footballeurs, mais la peur du quand dira-t-on les empêche ce type d’expérience. Quel dommage ! Un gamin qui se retrouve milliardaire en faisant un sport ne peut être que chambouler par ce type de nouvelle vie et la remise en question par une personne « différente » serait bienfaitrice, pour son présent et futur. Donc les paralympique vont débuter, des titres, des déceptions, espoirs, désespoirs, une vie de sportif à part entière.

En créant bout de vie en marge de la FFH, il y a presque dix ans je ne pensais pas trop à la réussite de ces stages, mais pourtant à l’issue de chaque semaine effectuée, quelques individus en sortent changés, sur ce blog je vois régulièrement passer les commentaires. Hier j’ai pu enfin avoir accès à mes mails et découvert une super photo de Cathy qui après 22 ans de doute a pris le taureau par les cornes, amputée tibiale double elle est remontée sur un vélo pour repartir de plus belle. L’esprit de groupe peut efficacement remonter le morale des troupes. Je ne peux oublier ma détresse il y a trente ans quand je me suis retrouvé sur la touche pour un bout perdu, la première personne qui m’a remué les fesses était René mon prothésiste qui après plusieurs semaines à ses côtés m’a démontré que c’était possible puisque lui aussi était « différent ».

Oui, nous sommes tous différents…