Langsam, langsam…

29 août 2012
Un belle maison typique...Un beau vélo avec une roue neuve et costaud...

Un belle maison typique...Un beau vélo avec une roue neuve et costaud...

Grasdorf, encore un très bel accueil même si le coin est un peu tristounet. Le patron de la pension m’accompagne, il est très touché par mon périple, mon histoire et sa poignée de main en dit long sur ses sentiments envers ma croisade. Je dois me concentrer sur ma cheville, je dois être vigilant, pas d’à-coup et encore moins d’efforts inutiles. Ce matin elle est en voie de guérison je n’ai plus mal et l’hématome a franchement diminué. Je file tout doux vers le sud. La région devient vallonnée et les côtes se succèdent. Je prends mon temps, je me suis fait un choix de route calme et paisible. Loin des voies rapides qui sont de vraies labyrinthes à contourner. Je ne dois plus regarder mon compteur, la vitesse, la moyenne aux orties, je dois pédaler en douceur. Je dois rester concentré et souple. Je visualise mon tendon, je lui envoie du positif, je me masse en pensée. Au bout de deux heures de dénivelé pas la moindre douleur. Pourvu que ça dur. Pour ma pause café, je m’arrête dans une boulangerie d’un hameau sortie du temps. Maison à colombage avec une sérénité que je n’avais encore senti depuis mon arrivée en Allemagne. Je m’offre une sorte de crumble aux cerises avec un vrai jus de fruit. Je me sens bien, serein, la route m’offre une longue ligne droite en descente, je laisse filer. I’am a free man ou non ? J’arrive dans la petite ville de Bad Gandersheim, un claquement de ma roue arrière ! Oh non ! Je stoppe tout, encore un rayon de brisé !  Le bourg est imposant, je me doute qu’il doit bien y avoir un réparateur de vélo. Je tourne un peu en rond, ici personne ne parle anglais et quand j’ai le malheur de sortir le peu de germanique que je connaisse, ils se lancent dans de l’explication philosophique wagnérienne, en bref je suis paumé ! Finalement, il est là mon réparateur. Trois vélos au milieu de casseroles et épluches patates électriques, je ne suis pas sur du mécano en or. Il me reçoit mal et semble ne pas vouloir m’aider, je tente toutes mes cartes mais rien à y faire.  Auf wiedersehen et je reprends ma route avec un rayon en moins. Je suis à 22km d’une petite ville, je n’ai pas le choix c’est là ma solution. Je tente de ne pas me perdre dans mes pensées, le plus important est de ne pas réveiller ma blessure, alors, « langsam » ! Bien sur le seul village que je dois traverser est pavé à l’ancienne, je serre les fesses, pourvu que rien ne « pète » sur mon lambeau de roue. Finalement je me retrouve à Northeim sans problème et sans bobo au tendon d’Achille. Ce magasin me semble une usine à vélo, une chaîne de mécano et des bicyclettes de tous calibres. Le boss me répète ce que Mike m’avait déjà dit trois jours auparavant, mes roues ne sont pas assez costauds pour le poids que je transporte. J’abdique et met à la poubelle ma roue arrière pour une plus solide mais plus lourde, j’en profite aussi pour me faire changer le pneu avant. J’ai une petite pensée pour mes préparateurs bastiais qui m’avaient affirmé que ces roues étaient indestructibles, j’arrive les gars, j’arrive ! Encore une fois je tombe sur des gens très chaleureux et juste en face de moi je décrypte un panneau qui semble parler de clinique du sport !  Un peu plus loin une pension qui appartient un grand ami du marchand de vélo !!! Un plus un égal ? Je file à la « klinik », le médecin est dispo, elle m’ausculte la cheville, la gauche bien-sur… c’est plus fort que moi ! Pas de souci de déchirement, d’hémorragie et tout le tralala, juste un début de tendinite. Me voilà rassuré, vous aussi, ok on l’est tous. Je dois boire plus, c’est le cas typique d’une déshydratation. Mais je dois corriger une autre faute de ma part. Dans mes efforts quotidiens je dois prendre de la protéine mais mon erreur est que je me suis gavé de viandes rouges et charcuteries qui forment l’acide urique. Dans mon quotidien je suis quasiment végétarien et ce surplus de viande m’a irrité le tendon. On apprend tous les jours mon bon monsieur. Je vais tout stopper pour uniquement prendre des œufs, du poisson ou du jambon blanc. Donc je suis à Northeim dans une petite pension tranquille et vu que demain il annonce de fortes pluies je vais faire un break pour repartir de plus belle vers le sud après-demain… j’ai pris le temps de lire tous vos messages, merci du fond du cœur, vous êtes sacrément fidèles. Je vous embrasse bien fort, même ceux que je ne connais pas encore.

Le présent est cadeau !