L’aventure à cloche pied: Le film

16 octobre 2011

L’aventure à cloche pied.

Rien d’impossible au Cabochard, nom de son bateau !
Malgré son « unijambité » Frank est plongeur-sauveteur en mer, sportif de l’exploit et aventurier dans l’âme rien dans sa vie n’est banal. Fondateur de l’association « Bout de vie », il partage ses élans de générosité avec ceux qui, comme lui-même un jour, crurent être brisés par la cruauté du destin : accidentés de la vie, certes, mais jamais abattus. Ce film est un témoignage simple mais fort que les malheurs sont les plus grand défis à relever. En quelques minutes on va le suivre sur une traversée de l’Atlantique à la rame retentissante, dernier degré du pôle Nord cialis ufficiale, la traversée d’Ouest en Est du Groenland, puis à l’ascension du plus haut volcan du monde (Argentine) et une odyssée en solitaire sur le fleuve Yukon, des milliers de kilomètres en kayak de Whitehorse à Grayling… un prétexte à se retrouver, à se regarder en face et à renouer avec l’harmonie fondamentale qui lie l’homme à la Nature. Un film sensible, grand public, réalisé pour ceux qui doivent chaque jour conjurer le mauvais sort… les blessés de la vie certes mais aussi, certainement, le commun des mortels…


Frank BRUNO: L'aventure à cloche pied par cabochard20

Une simple goutte d’eau…

12 octobre 2011
    Une multitude de gouttes d'eau...

Une multitude de gouttes d'eau...

Je m’étais solidifié avec tous mes collègues, mais le congestus cumulus ne nous supportait plus, trop petit, trop froid, trop encombrant. Il nous larguait en plein ciel, pas le temps de se dire adieu, pas d’accolade réconfortante, même pas d’itinéraire en poche, nous étions au cœur de l’orage. Entre vous et moi je me demande si nous n’en étions pas la cause. Je plane, je vois la terre sur 360°, que c’est beau, c’est enivrant, je suis devenu éternelle… Une grosse masse noire vient briser mon rêve et sur elle, j’atterris un peu en vrac. Des copines par milliers me rejoignent mais ce n’était pas le temps aux causeries, la foudre fait vibrer la montagne, nous devons fuir, un seul moyen se faufiler dans la terre. C’est lugubre et le noir me fait un peu peur, je ne suis pas une enfant des ténèbres pour mériter cela, mais je sais que tout a une fin alors je continue de me tailler la route dans ces failles infinies. Soudain  un grand froid me saisi, un grand vide, je m’accroche comme je peux, mais je glisse sur une sorte de glace géante. Tic, tic, je m’envole de nouveau pour retrouver une autre glace, certains les appellent stalactites et stalagmites. Dans un toboggan luisant je rejoins une mare, mais je me sens aspirée,  je ne tente plus rien je sais que c’est mon destin. Dans un entonnoir je suis avalée, ça se rétréci, l’effet venturi nous compresse, soudain la lumière, j’explose en vol je suis une cascade. Mon lit s’offre à moi, il se nomme ruisseau, je peux enfin contempler les environs, la forêt paraît aussi tourmentée que le chemin que je parcours. Des milliers de copines nous rejoignent du ciel, l’union fait la force et surtout la rivière. Une équipe courageuse fait s’ébrouer le maître des lieux, le grizzli. De si petites gouttes qui font tressaillir l’ursus arctos horribilis, comme quoi, la taille n’y est pour rien !   Nous ne sommes plus de simples gouttelettes, nous sommes une armée invincible, mais nous avançons sans connaître notre destin, sans savoir comment sera fait demain. Entre vous et moi demain je m’en moque, je ne suis qu’une goutte d’eau. Nous sommes un fleuve gigantesque, nous mangeons les berges, les arbres tombent, les villages sont emportés. Que de force, que d’énergie et dire que certains ne nous voyaient même pas. Le courant perd de sa force, le serpent boueux s’élargit, des copines se perdent dans des méandres funestes, je ne les reverrais jamais plus. Je suis mon destin de goutte d’eau. Sur le fond sableux, je découvre des pauvres poissons remonter le courant pour mourir, mais quel injustice, quel suicide. Je fonce sur l’un d’eux, je m’infiltre dans ses ouïes, il me pique quelques bulles d’oxygène et me recrache pour poursuivre sa macabre croisade . Je suis toute secouée, il n’a pris le temps de s’arrêter, de me causer, de me sourire et je vous jure ce n’étais pas un humain. Au loin un barrage, des turbines, je vais mourir, je vais être laminée. Dans une grande roue sans ticket j’accomplis le grand tour pour me retrouver expulsée comme un pépin de cerise ! Là bas au loin, apparait l’horizon, le fleuve devient salé, mais c’est que ça me pique les yeux, je suis devenue océan. Enfin tranquille pensez- vous, mais non le courant m’envoute et je me range à ses cotés. Un grand voyage autour du monde sans escale. Le temps n’existe pas puisque je suis éternelle. Du Pacifique à l’Indien, de l’Atlantique à la Méditerranée je fais mon bout de vie. Un puis un rétrécissement, un détroit, celui où Homère a inventé la légende d’Ulysse et du Cyclope. Un drôle de village accroché sur une falaise blanche de calcaire, m’interpelle, un peu plus loin des îles. Je suis curieuse, comme toutes les gouttes d’eau, je m’aventure dans une crique, j’y vois un drôle d’homme qui a le visage couvert de mes amies, les larmes. Je me pose, je l’observe, je le contemple, il pleure. De tristesse ? Non, je ne crois pas ! Il cause aux cailloux, interpelle les oiseaux, répond aux poissons. Flûte, il m’a repérée, me prend dans sa paume, me dit que je suis belle, je ne peux rougir car je suis une goutte d’eau, le soleil me chauffe, m’allège, oups !!! je m’envole et dire que je me croyais éternelle…

Promis si un jour je grandis je veux être une goutte d’eau…

Le Pole Nord à pied…

28 avril 2011

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Dans mon dernier billet, je vous mettais en lien le film de la traversée du Groenland, mais avant d’en arriver à ce pari fou, j’avais été invité à rejoindre une équipe russe…

Victor Boyarski, figure emblématique du monde polaire n’avait pas  hésité un seul instant à m’accepter dans son équipe. Une base dérivante au nom de Barnéo est installée sur la banquise à quelques degrés du pôle nord, camp scientifique, mais qui est le départ de pas mal d’expédition qui tente de rejoindre la latitude 90° Nord. Je me joignais à Victor Serov et Vadim Vasiliev. Moins de 90 jours avant je venais de traverser l’Atlantique à la rame, je n’avais pas repris tout les kilos perdus, mais je  tentais ma chance avec  cette opportunité incroyable. Arrivé au Svalbard le décor était planté, entre iceberg et banquise ce lieu est une terre fascinante  de glace…

Durant cette montée, des images ont été tournées et un film monté, mais jamais diffusées, comme je suis en plein classement des rushs de mes expéditions pour un beau projet de documentaire qui voit enfin le jour, voici en exclu pour vous, ma balade au Pôle Nord.

Bistra bistra… (Vite vite) en russe…

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Le livre sacré de chacun…

9 mars 2011
Danse de l'oie, juste avant la chasse. Alaska Eagle river.

Danse de l'oie, juste avant la chasse. Alaska Eagle river.

Il y a quelques jours une joute écrite s’est produite sur mon blog et elle m’a inspiré une histoire comme une légende athapascanne.

Dans une tribu holikachuk vivait 4 jeunes gens,  l’âge adulte pointait à l’horizon.

« Coyote fuyant » était le leader de la bande, plus grand, plus fort, il était un chasseur de grande qualité. Il détestait plus que tous les trappeurs blancs qui ne tuaient que pour le gain.

« Crocus des prairies » était intellectuel, toujours fourré auprès de l’homme médecine, il récoltait toutes sortes de plantes pour soigner ses oncles malades, en lui sommeillait un grand chaman.

« Flamme vacillante » naissait malade et sa jeunesse n’était qu’une succession de guérison entrainant d’autres maux.

« Pas qui s’efface » était certainement le plus faible du quatuor, il craignait la foudre et les combats, son cauchemar était de se retrouver seul  en forêt un jour d’ouragan.

A  l’aube de la quatrième lune Aigle Rusé le grand chef,  réunissait le village, un immense feu central était encerclé par toute la tribu et des chants ancestraux mélangés aux sons des tambours couvraient le hurlement des coyotes en quête de proies.

Les quatre jeunes savaient que c’était le moment du départ. Chacun reçut un paquet identique : un poignard, de l’amadou séché, une pierre à éclat et un parchemin à ne lire qu’en plein milieu de la forêt.

Pendant trois cycles de lune ils devront survivre avec peu, prier, jeûner, penser et surtout découvrir le monde des grands esprits.

Ils prirent leurs dotes et partirent le cœur serré aux quatre coins cardinaux.

La première nuit fût longue et brumeuse, la fatigue, la faim et le manque de compagnie les recroquevillaient sur eux mêmes. Plus les jours passaient et plus les corps s’affaiblissaient. Ce n’était que le début du printemps et à part des pissenlits la nature n’était pas encore généreuse.

Le grand chef en leur remettant le parchemin avait bien stipulé qu’ils ne devaient l’ouvrir qu’au moment où le doute s’installerait. Ce texte serait une sorte de guide, de conseilleur…

« Coyote fougueux » était sur une zone trappée par les visages pâles en abondance et il ne réussissait pas à piéger d’animaux pour se nourrir. Il était épuisé et perdait le moral en même temps que son poids, il fondait comme un glaçon au soleil. Il se mit à lire le parchemin. Le texte disait que l’homme blanc était supérieur aux athapascans, qu’ils étaient mieux organisés et que la forêt allait leur appartenir…Dans une rage noire il hurlait sa haine contre les visages pâles et maudissait le chef du village de lui avoir fait subir cet affront avec ce texte odieux.

« Crocus des prairies » découvrait des plantes qu’il ne connaissait pas, il se perdait dans les théories qu’il avait cru apprendre mais ici loin de sa terre tout était différent. Il était temps de lire le manuel d’Aigle Rusé. Où que tu sois les plantes sont poisons, les rivières souillées et l’animal trop futé pour se laisser piéger, tout ce que je t’ai appris ne sert à rien… Il était abasourdi d’une telle nouvelle, pourquoi une si grande trahison alors qu’il commençait à appliquer sa médecine ?…

« Plume vacillante »n’était pas en meilleur état que ses autres frères, mais il encaissait pas trop mal cette immense épreuve. Les anciennes blessures bien-sûr prenaient de plus en plus de place et le moment de rentrer au village lui tardait. A son tour il ouvrait le parchemin : La maladie va te ronger comme le fleuve qui ravage une berge, loin des tiens tu va souffrir et dans le grand astre noir tu vas partir. Il se mit à sangloter et ne pouvait croire que le grand chef avait pu écrire cela…

« Pas qui s’efface » était celui des quatre qui était le plus mal en point, seul au milieu de la forêt tout le faisait sursauter. Un grizzli était venu croiser son chemin et il avait bien cru que c’était sa dernière heure. Chaque buisson, talus, arbre semblaient lui cacher un monstre. Il était temps pour lui de prendre du réconfort en lisant les écrits d’Aigle Rusé : Le grand vent du Nord qui porte la foudre et la grêle vont s’abattre sur toi, le tonnerre mettra le feu à la forêt que tu arpentes et comme tu es seul les grizzlis et les loups te dévoreront. Il se mit à hurler comme une bête féroce. Il se jugera de rentrer au village pour se venger…

Au matin de la troisième lune, quatre gars décharnés se présentaient au milieu du village, le feu était toujours allumé où du genévrier brulait pour éloigner les mauvais esprits. Le son du tambour lancinant rameutait la tribu et autour des jeunes disciples Aigle Rusé récitait de vieilles prières.

Le calumet était fumé à tour de rôle et les percutions de fémur d’orignaux sur les peaux tendues embrouillaient encore plus les esprits…

Soudain le vieux planta sa lance dans le sol et le silence glaça l’assistance.  Alors mes enfants avez vous rencontré le grand esprit ? Est ce que mes écrits vous ont guidé ? Le mutisme était pesant puis le plus courageux des quatre pris la parole. Il le regardait droit dans les yeux en tremblant de rage : Tu m’as trahi, tu m’as prédit de devenir un guerrier et sur tes écrits tu sublimes l’homme blanc. Les trois autres saisirent l’occasion pour vociférer contre le grand chef, tu es un vieux fou, tu nous as trahi, tu mérites l’exile…

Le sage saisit les parchemins et les déroula devant tout le monde, ils étaient vides de toute trace, vides d’écrit, vierges de peinture !!!

Les jeunes les reprirent en mains et hurlaient que ce n’était pas possible, qu’il y avait de la sorcellerie dans tout cela.

Les tambours reprirent  comme le battement d’un cœur qui bat au ralenti, le chef se mit à chanter en lançant du sel sur le feu. Puis de nouveau il planta sa lance dans le sol et s’approcha face contre face des quatre apprentis.

Ces parchemins étaient vierges !!! Il se mit à rire comme jamais ils n’avaient entendu… Ils sont vides, je n’ai jamais rien écrit dedans, ils ont juste un pouvoir, celui qui tente de le lire ne voit que ses faiblesses, ses rancœurs, son passé. Vous n’avez lu que ce que vous avez au plus profond de vous…

Voilà chers amis une petite histoire qui m’est venue en réflexion pendant une journée kayak en montagne en plein milieu d’une Corse hivernale paisible.

Il est dur d’écrire, mais encore plus de lire et d’interpréter. Si le cœur vous en dit vous pouvez bien-sur écrire un mot à Grand Aigle Rusé…

Ayeltgnu

Une leçon d’aventure pour les élèves de CM1 de Bonifacio…

8 mars 2011
Ecole de CM1 de Bonifacio

Ecole de CM1 de Bonifacio

Article du Corse Matin du 23 février 2011 signé Alex Rolet:

A l’invitation d’Eric Volto, directeur de l’école élémentaire, Frank Bruno a offert une grande leçon d’humanisme à plus de 40 élèves, captivés par ses récits d’aventures, plus étonnantes les unes que les autres.

Un Bonifacien de réputation internationale

Bonifacien d’adoption, résident sur son bateau nommé Cabochard et aventurier de profession, Frank Bruno est connu et reconnu dans le monde entier pour ses exploits physiques et ses défis surhumains. Il a même été lauréat en 2009 du Trophée Peter Bird qui récompense un aventurier « normal », si l’on peut dire. Car dès l’âge de 20 ans, il doit être amputé d’une jambe lors d’un accident à bord du porte-avions Foch. Un handicap qui n’aura de cesse de le motiver à se dépasser, à nous dépasser même. Car ce qu’il réalise aujourd’hui, bien peu d’entre nous en sont capables. D’ailleurs, devant des enfants amusés et médusés, il nous affirme non sans humour : « aujourd’hui, mon seul handicap, c’est que je fais des fautes d’orthographe ». Ce qui n’est pas sans poser problème quand on écrit un livre comme il le fait en ce moment.

Ayeltgnu : le titre de son nouveau livre

Prononcez « alietnou », ce qui veut dire « tu as de la chance » en langue athapascan, du nom du peuple de « natives » qui habitent le bassin du Yukon. Ce fleuve coule sur plus de 3 000 kilomètres, de l’ouest du Canada en traversant l’Alaska jusqu’à la mer de Béring. Il offre des paysages aussi extraordinaires que quasi désertiques, parsemés de milliers de lacs. Mais seul, Frank ne le sera jamais. Lors de la descente en kayak de cette rivière puissante, parfois large de 15 kilomètres, Frank fera les 300 premiers kilomètres accompagné de 6 enfants invités, eux aussi handicapés, dont Elliott résident à Bonifacio. Ensuite, oui, Frank fera la descente en solitaire.

Mais toujours accompagné de Jo-Zef, sa mascotte (qui déteste qu’on dise d’elle qu’elle est une simple peluche), et de nombreux animaux tels que loups, renard des neiges, orignal, lynx et quelques autres biens moins sympas que des peluches, même si de loin il y a ressemblance.

En effet, ours noirs et grizzly (3 mètres debout, 500 kg, griffes de 15 centimètres et vitesse de pointe de 66 kilomètres/heure) sont omniprésents tout au long du parcours. Comme nous le disait un élève de CM1 imaginatif et émerveillé par les performances de Frank Bruno, « le grizzly, il est plus haut que le plafond de la classe ».

Des rafales de questions

Après plus d’une heure de récits palpitants, la séance de questions a été très animée. Les unes concernant les diverses expéditions de Frank (dont la traversée de l’atlantique à la rame), mais beaucoup de questions ont fusé aussi au sujet du handicap d’être unijambiste voire même d’être différent. La prothèse de Frank baptisée Maggie (car « ma guibole ») est passée de main en main, d’abord avec appréhension, mais très vite, les enfants ont compris que Frank n’est pas différent de nous. Sauf peut-être que depuis des années, il a développé plus de volonté, plus de combativité et plus d’humanité que la grande majorité. Sur une jambe, il nous a tous doublés, il faut bien l’avouer. Rendez-vous sur le site www.boutdevie.org pour découvrir ses aventures, les pensées de Jo-Zef et quelques coups de gueule justifiés.

Alex Rolet

Hum’ours !!!

25 novembre 2010

Après quelques articles qui ont du vous remuer les tripes et surtout les méninges …

Une phrase de T.H. Huxley :

« Les conséquences de nos actions sont des épouvantails pour les lâches, et des rayons de lumière pour les sages ».

Donc pour rire, un peu d’hum’ours…

A Whitehorse j’adorais ces bandes dessinées Tundra de Chad Charpenter hélas en nord américain souvent argotique. Pour vous mes préférées traduites.

A pluche !

BEAVER SAWGotNetPlayDead06-26-09 COFFEE

Faune et flore du Yukon

28 mars 2010

Lors de son périple, Frank et ses compagnons vont rencontrer des paysages majestueux et une faune tout aussi hétéroclite…

Le photographe Nicolas Dory a su capter l’intensité des couleurs de ces paysages avec son appareil photo. Proche de la nature, il a saisi des instants de vie de la faune locale : renards, grizzlys, écureuils, cerfs… son regard rend magnifiques ces prédateurs avec des couleurs chaudes, qu’on dirait presque des peluches… c’est Jo Zef qui va se faire des nouveaux copains !!!

Galerie photos

nicolas-dory© Nicolas Dory – Photographie Nature – 2010 – www.nicolasdory.com