Cap sur une autre vie…

16 juin 2015
Moment solennel d'écriture...

Moment solennel d'écriture...

Je ne pouvais pas imaginer le changement complet de ce demi-siècle passé. Les anniversaires sont des moments que je n’apprécie pas du tout, les dates n’ont aucune importance à mes yeux et les fêtes prévues longtemps à l’avance ne sont pas à mes goûts. Donc sans y prêter aucune attention, j’ai passé sur la pointe de la prothèse, le cap des 50 ans sans obligation affligeante au Cabochard que je suis ! Mais une succession d’événements m’ont amené non plus sur une autre page ou un autre chapitre mais bel et bien sur l’écriture d’un nouveau livre. Au moment où je rédige ces mots une pergola me cache du soleil devant une modeste cabane, le petit Cabochard repose pas trop loin d’ici mais il n’est plus ma demeure. En perdant la jambe il y a 32 ans, en revenant de longs mois d’hospitalisation, j’avais remarqué que tout mon entourage avait changé. Mais en vérité, eux n’avaient pas bougé d’un cheveu, c’était moi qui avait pris un autre cap ! Depuis janvier je me suis mis en mode machine pour bâtir cette petite maison et rien n’a pu m’arrêter ; depuis quelques jours le rêve est devenu réalité, j’y ai posé mon sac. Mais l’émotion a décidé de s’inviter, le Cabochard est vidé de mes affaires, il me semble plus grand mais aussi plus froid, moins confident. 22 ans que je m’y suis endormis, 22 ans que je m’y suis réveillé ! Il m’a permis de devenir le Freeman. De Gibraltar à la Turquie nous y avons laissé des amis, nous y avons trouvé des trésors enfouis, des victoires comme des défaites nous ont apposés quelques tatouages. Dans ma cabane je me sens par moment perdu, l’émotion me scie le ventre, deviendrais-je un oiseau sédentaire, la vue depuis ce nid d’aigle est à l’infini, alors mes yeux scrute l’horizon. J’y vois des voiles blanches, peut-être aussi quelques moutons, je me demande si un jour je n’y reconnaitrais pas un beau vieux bateau de bois reprendre le large pour d’autres aventures mais sans le capitaine boiteux ! Difficile de visualiser un avenir sans moi pour ce petit pointu si cher à mon cœur. Mon vieil ami de la Galiote lui aussi va changer de vie, il stoppe son activité pour une retraite bien méritée, les Lavezzi tourne une page, les fossoyeurs des Bouches de Bonifacio pourront y déverser des tonnes de touristes, nous ne serons plus là pour constater le désastre de l’appel au gain ! Personne n’a changé, c’est moi qui prends une autre route, en donnant quelques degrés à la barre du navire de ma vie j’ai certainement évité des hauts fonds qui m’auraient été fatales. J’ai trouvé l’endroit où va pousser un potager, Karin réussi à m’apaiser, l’oiseau du large n’est pas toujours facile à cerner. Plein de choses ont changé, plein de nouveaux projets tentent de pointer le bout de leur nez, et mes nuits sont agitées, comment oublier, comment tourner la page. L’écriture va reprendre sa place, depuis 6 mois mes pages n’étaient remplis que de côtes précises ou de matériaux à acheminer à pied d’œuvre. Les cigales chantent, le vent d’ouest fait claquer mon vieux drapeau de pirate, une nouvelle vie s’ouvre à moi, jamais je n’aurais pu imaginer cela. Je repose mon crayon, je referme ma page, je vais tenter de retrouver un sens à ce calepin de vie. De plus en plus je reçois des témoignages extraordinaires, des mots que je garde précieusement, je n’arrive pas à comprendre pourquoi vous êtes si élogieux à mon égard ! De l’extérieur peut-être vous me prenez pour ce que je ne suis pas vraiment, mais en tous les cas sachez que vous êtes tous bien calés dans mon cœur… Depuis la cabane du Freeman je vous envoie tout le meilleur du monde.

PS : Les mascottes Norra et Jo Zef ont trouvé leur place dans la kota et ils ne semblent pas trop souffrir du mal de terre !

Ma cabane…

7 avril 2015
Là-bas je vois encore et toujours la mer...

Là-bas je vois encore et toujours la mer...

Vivre plusieurs vies en une seule, est paraît-il un privilège : je crois que je suis un sacré veinard !  Au lendemain de mes 50 hivers, je me suis mis à bosser comme un forcené, pluie, vent, blessure, personne n’a pu me dissuader d’arrêter et assez de force pour me bloquer !  C’est un peu une histoire personnelle mais je crois que je suis à un grand tournant de ma vie à cloche pied et il me semble juste et judicieux de me confier.                                                                                                                                                         Mais avant de continuer je me dois de revenir un peu en arrière, et de zoomer sur ma plus tendre enfance. Dès mon plus jeune âge, je faisais mes premiers pas aux alentours d’un chalet en bois planqué dans la montagne, l’endroit était si isolé que ma mère se promenait avec un fusil de chasse en bandoulière, la maison de rondins, comme vous pouvez en voir dans le Grand Nord canadien, n’avait ni eau courante et encore moins d’électricité. Les spécialistes affirment que les premières années de notre existence sont les images de référence de notre vie entière. Je peux confirmer cette règle. D’année en année j’ai décidé de vivre comme un loup de mer dans une cabane flottante, cela fait presque 22 ans que ça dure, un 6m2 confortables vus sur la mer, que les forts en eau salé des pontons appellent, un vieux bateau en bois !  Puis dans mes périples boréaux j’ai toujours eu la joie et la chance de dénicher une cabane sans serrure pour m’abriter des ours et de mes fantômes. Comble du hasard, en Alaska j’ai squatté une cabane qui avait comme propriétaire, d’après le livre de bord poussiéreux posé sur la table, Mr Brown, soit Bruno, je vous avoue que j’ai bien rie de cette coïncidence. Alors qu’un déluge s’abattait sur le fleuve Yukon qui n’en finissait plus de grossir, je rêvais de posséder moi aussi un jour une cahute sans serrure où il ferait bon vivre loin des « autres ». Puis en Laponie j’ai eu le bonheur de barouder à pied, en vélo, en voiture, voire même en kayak et là aussi, à chaque fois mon cœur de gamin palpitait à l’idée de m’en construire une. A la frontière Finlando-Suèdoise en mer de Botnie, j’avais déniché une cabane rouge abandonnée, c’était l’été 2011, avec Véro nous étions en repérage pour une future expédition Corso-lapone. Nous avions établi un bivouac sommaire dans la péninsule d’Happaranda, et régulièrement j’allais fouiller cette ruine qui me faisait bien rêver. Plus au nord, prés du lac d’Inari, nous avions rendu visite à mon pote Gilles Elkaïm qui nous avait offert sa kota comme refuge, un grand coup de foudre pour cette demeure typiquement Saame. Cabane en sapin blanc, elle est octogonale avec un toit très pentu qui lui donne un air de synagogue russe…                                                                                                                    L’idée me hantait de plus en plus, sur quelle partie du monde aurais-je la chance de bâtir ma maisonnette de bois, je laissais faire le hasard, pourquoi lutter puisqu’il suffit de se laisser porter par la vie. Là-haut dans la montagne, dans ce que j’appelle « ma vallée perdue » j’ai eu l’autorisation de planter un tipi, mais ce n’est pas une cabane, ce n’est pas chez moi, j’y suis toléré mais le coin est trop enfoui, trop secret, trop difficile d’accès. L’endroit est très isolé et ce lieu, bien que mystique, peut se révéler dangereux pour y établir sa demeure à l’année. Le trop de solitude engendre la folie et je crois que je n’ai pas besoin de ça, la « dinguote » coule dans mes veines sans apport extérieur ! Miracle de vie depuis janvier un vieil ami m’a cédé un bout de terre comme je les aime. Une route boueuse un peu rustique pour y accéder et du silence en n’en plus finir, à bâbord la mer, à tribord la montagne et là au milieu des cistes et des oléastres j’y ai posé une kota lapone. Ma cabane est enfin construite, trois mois de travaux forcés mais le résultat est probant, j’ai une fois de plus réalisé mon rêve. Je ne veux pas penser à demain, mais je crois que je vais poser mon sac à terre, j’ai envie de paix pour aller encore plus vers vous. A mon gout, la Méditerranée est devenue trop urbaine pour le sauvage que je suis. Las des pontons bruyants, las des domingueros d’émotions salés, las de la foule humide, cette cabane sera, j’en suis sur l’alternative pour continuer à me sentir un Free man.

Un lien sympa si vous aussi vous souhaitez vivre en Kota…Ecodeclic

Un peu l'aventure pour y acceder!

Un peu l'aventure pour y accéder!

Voisinage assez tranquille!

Voisinage assez tranquille!

Vu sur la mer tout de même!

Vu sur la mer tout de même!

De 6mé du Cabochard je vais passer à 20 m2, j'espére ne pas me perdre!

De 6m2 du Cabochard je vais passer à 20 m2, j’espère ne pas me perdre!

Christophe, Max et Didier le boss de la société Ecodéclic, en une semaine la cabane avec tout l'isolant possible était posée...

Christophe, Max et Didier le boss de la société Ecodéclic, en une semaine la cabane avec tout l'isolant possible était posée...

Sous les peaux de rennes les mascottes ont trouvée leur place!

Sous les peaux de rennes les mascottes ont trouvée leur place!