Je Bisque dans le golfe de Byske !

3 juillet 2012
Belle rencontre avec le maître des lieux...

Belle rencontre matinale avec le maître des lieux...

6h10 je vérifie une dernière fois que je n’ai rien oublié et je reprends la mer. Encore à l’abri dans un chenal, je jette un dernier coup d’œil sur la cabane de Marie. Je reprends volontiers la maxime de mon pote Sylvain Tesson : « On arrive sans savoir si on va y rester, on part en
sachant que l’on reviendra ».  A cent mètres de ma proue je vois une tête avec de grandes oreilles qui tente à la nage la traversée du goulet, mais qui diable à cette heure est en  baignade ? Je réduis ma cadence et observe le manège. Un élan a décidé de rejoindre l’île d’en face. Je prends mon temps pour filmer et photographier, le nageur ne semble pas trop impressionné par Immaqa. Je le prends comme un bon présage, encore 100 mètres et je devine une petite tête cette fois, décidément, c’est le jour de la piscine ! Une loutre plus craintive joue les apneiste. Je me retrouve au large avec le golfe de Byske à traverser si je veux faire
direct, soit deux fois 8 kilomètres puisque un cap divisera l’étape. Véro m’a envoyé une météo canon alors j’y vais. Oh grand dame ce n’est pas connaître cette mer d’eau douce, je sens que le vent fraîchit sur ma proue tribord, je ne pense à plus rien, j’y suis eh ben je pagaie ! Immaqa est un sacré marin il compense chaque vague malgré quelques unes qui décident de déferler. Je suis écouré, tout était prévu pour une belle journée ! Je me résigne et me cale en cadence sur le vent qui fraîchit, je rage, je proteste, j’ai envie de crier, mais rien à y faire
j’avance. Le dialogue interne commence, pourquoi, mais pourquoi cette malédiction de vent contraire. Un dialogue de fou commence entre ma petite voix et la « botniene » : « Je sais tu vis ta vie depuis des millénaires et tu te moques bien de ce que les prévisionnistes te tatouent, mais moi j’y suis pour rien ». Puis les souvenirs reviennent, pendant ma descente du fleuve Yukon il m’aura fallu un mois pour accepter les règles du jeu, je vais me plier de suite aux conditions locale. Je pagaie sans cesse, le premier cap est franchi mais derrière c’est pire, le vent a fait une légère rotation sud et me bouffe le nez, j’en ai les larmes aux yeux, encore 8 kilomètres de vent dans la gueule. J’essaie de gérer mon amertume et au lieu d’en vouloir au monde entier, je m’applique pour garder le cap. Les vagues se creusent cela devient inconfortable mais pas dangereux, mon Nautiraid est un vrai bateau très marin alors ça passe. 11h30 je touche terre, je suis rétamé, cuit, remoulu mais nous sommes passés. Je m’offre une pause café sans descendre à terre et reprends la route. A l’abri derrière une myriade d’îlots je cabote pour enfin retrouver du calme. Le but est atteint, 30km en 9h de pagaie forcée. Je plante mon bivouac sur une presqu’île caillouteuse qui est un repaire de canards, oies, cygnes trompettes et autres plumeux inconnus. La tente est calée, je me lave, en profite pour faire un peu de lessive, la routine du nomade errant qui a encore pris une belle leçon d’humilité. Dans ma barbe, tout à l’heure je marmonnais en boucle : «  Tu n’es qu’une poussière, alors tais toi, tu n’es qu’un simple atome alors avance, la nature elle a tous les droits. Si ce n’est pas dans le bon sens pour toi le vent alors change de direction !!!
A pluche !