Etape de montagne…

19 août 2012
Aujourd'hui j'ai pris le maillot à pois rouge du meilleur grimpeur ! J'ai laissé loin derrière le peloton des limaces, escargots et grenouilles...

Aujourd'hui j'ai pris le maillot à pois rouge du meilleur grimpeur ! J'ai laissé loin derrière le peloton des limaces, escargots et grenouilles...

Je crois que c’est ça, j’avais besoin de lâcher la pression, crever l’abcès. Cet hôtel bizarre où je suis le seul client m’a fait du bien, accrochez-vous aux branches, j’ai dormi 11h de suite. Jo Zef se demandait si la mouche tsé-tsé ne m’avait pas piqué ? Chez moi ce style de performance est d’une « rareté rare » !!! Ce matin j’étais bien, allez, soyons réaliste, mieux. Je reprends la route, il est 6h, la pluie vient juste de s’arrêter, je repasse en boucle tous les mails, sms et vos commentaires qui me sont arrivés. Comment baisser la garde, comment s’arrêter, je vous sens derrière alors « yakamouliner ! » Je quitte le village de Kisa par une belle côte, je ne dois pas forcer, juste faire mouliner les jambes. La moyenne ? Aux orties ! Je suis seul sur cette route forestière ; pas vraiment ! Le bitume est recouvert d’inconscients, grenouilles, escargots et limaces batifolent aux milieux de mes roues, je slalome pour éviter l’exécution. Ils ont une vie, une âme, alors j’esquive. Ne rigolez pas, autant dans une existence antérieure vous aussi vous rampiez sur le goudron ! La route est un yoyo, je monte, je descends. La forme revient malgré le dénivelé. Je n’ai pas de gadget pour le calculer mais a vu de nez en 66km j’ai dû me prendre 1000mts positif et autant de négatif. Le problème majeur où je suis assis dessus, semble s’atténuer, La selle en cuir doit prendre forme à mon anatomie et je dois m’habituer à cette sorte d’affliction. Je m’alimente mieux eten plus, je prends plus  de temps à chaque pause et analyse ma situation. Je réalise mon rêve, mes jambes qui m’inquiétaient ne me font pas du tout souffrir, le dos n’est plus douloureux, les suédois toujours aussi gentils et je sens vos pensées positives. Alors pourquoi se plaindre ? Je mets cela sur la transition kayak, vélo, sur ces 42 jours de mer où j’ai risqué ma peau pratiquement quotidiennement… Je retrouve une nationale qui doit m’amener à la ville de Vetlanda, le vent qui souffle fort vient de mon travers arrière droit et enfin le faux plat descendant est donc en ma faveur. 45km de folie, j’avance comme une balle, quel bonheur. 103km derrière, je crois que c’est bon pour aujourd’hui. Un camping, se met en travers du chemin ! Ok l’équipe clignotant à droite et à nous la douche abondante. Encore une fois je suis seul ! Un truc de fou, mais où sont les touristes ? La mascotte me souffle : A Bonifacio !!! C’est mon premier jour de canicule, la température affiche 24°, la jeune réceptionniste qui a enfin son premier client du jour, me demande comment j’ai fait pour pédaler par une telle chaleur. Je souris si elle savait que là-bas en Corse nous atteignons les 44° les jours sans vent et qu’il m’est arrivé de pédaler dans ces conditions !!!
Ce soir donc le moral remonte la pente, aujourd’hui plus qu’hier et bien moins que demain.
Chaque jour nous devons au moins apprendre une chose, chaque aventure m’a apporté sa science. Arcticorsica, m’a mis dans une classe difficile mais je prends des notes, je révise la nuit, j’écoute toute la journée les profs qui sont intransigeants. Il me faudra du temps pour comprendre mais aujourd’hui sur mon calepin bleu, j’ai griffonné ceci : La vie est un désert que l’on traverse, les rencontres sont des oasis. Sans elles on ne pourrait survivre.
A pluche !