Deuxième stage de survie-douce Bout de vie…

7 mars 2013
Les torrents en cru vont rendre leur franchissement encore plus délicat...

Les torrents en cru vont rendre leur franchissement encore plus délicat...

Samedi sera le départ d’une nouvelle aventure, le deuxième stage de survie-douce Bout de Vie.

Jean-Luc, Gaby, Pierre-Alain, Sébastien et Christophe seront les braves et valeureux volontaires. Si je devais donner un titre à ces quatre jours d’initiation celui-ci conviendrai à merveille : Douze bras mais neuf jambes !

Les conditions de vie seront basiques, il va falloir s’adapter. En plus des contraintes habituelles à ce style d’expérience certains devront gérer un « truc » supplémentaire, les « guiboles électroniques ». Pendant quatre jours nous n’auront accès à aucun contact avec le « dit » confort, donc pas d’électricité. Gaby et Jean-Luc amputés fémoraux ont des genoux qui demandent une recharge régulière. Ils ont trouvé la parade, ils s’en passeront ! Je trouve ça géniale, le stage part déjà du bon pied !

Les bâches sont déjà roulées, les sachets, de nourriture basique, prêts ! La météo ? Quelle météo !

Je suis sur que de petits messages de soutien juste avant le départ leur donneront du baume au cœur.

Pour la prochain sortie, date à définir, les inscriptions sont ouvertes, pas encore de filles en vu !!! Juste bonne à faire la vaisselle ??? Allez, ont s’inscrit !

A pluche.

Pour lire le récit du premier  stage cliquez ici.

Projet de stage de survie ou de vie plutôt…

28 novembre 2012
Elle attend sagement son retour...

Elle attend sagement son retour...

La météo annonce enfin du vrai bon temps : pluie, vent violent, froid et orage de grêle un merveilleux jour de balade en montagne. Il n’y a pas de mauvais temps, il n’y a que de mauvais habits. Mon sac étanche est déjà prêt depuis hier soir, je ne voudrais pas louper cette connexion, une rose rouge y est soigneusement rangée ! Romantique jusqu’au bout de la prothèse l’aventurier à cloche pied. Véro absente depuis plusieurs semaines pour des raisons professionnelles m’a fait parvenir cette fleur, c’est sur que je ne peux la faire dessécher sur mon bateau, sa place sera dans le maquis dans notre camp. Une heure de piste à moitié noyée en 4X4 et enfin je suis à une encablure de mon chemin improvisé. Ce n’est pas de la pluie, c’est un déluge, c’est bien connu en Corse tout est excessif. Je me faufile dans la forêt, le vent devra se contenter de la canopée, le randonneur lui comptabilise les gouttes qui lui bisent le nez.  Des tapis de champignons multicolores, je redouble de prudence, une erreur est vite arrivée, il y a quinze jours j’ai en consommé des nouveaux, j’ai vu Jo Zef en forme de libellule et quelques oiseaux comme des éléphants roses tachetés de vert ! Donc méfiance !!! Mon jeux de piste est brouillon la moindre faute d’inattention et c’est parti pour un tour gratuit à se retrouver. Les odeurs m’enivrent mais une idée me revient en boucle. Depuis un petit moment on me demande  d’organiser des stages de survie, jusqu’à présent je n’y prêtais pas cas mais l’idée chemine. Donc cette journée est  une mise en forme de ce projet. L’idée serait d’amener quatre personnes pendant une semaine en milieu naturel en Corse. Un stage où l’on partagera une vie simple que certains appellent survie ! Une carte, pas de sentier et un apprentissage de progression en moyenne montagne, montage d’un camp, règle basique de vie en forêt avec cueillette et compréhension du monde environnant et découverte du silence. Connaissant le succès qu’ont les émissions douteuses de pseudo aventure, je comprends pourquoi on me le demande de plus en plus. Vous allez me dire mais qui y a-t-il de nouveau ? L’équipe de quatre personne sera composée de deux binômes, jusque là normal, mais ces binômes à leur tour seront composés d’un valide et d’un différent, voilà le « truc » en plus ou en moins, sans jeux de mots ! Attention ceci n’est qu’un projet. Ce stage serait un retour dans le basique, dans un système de vie en milieu naturel, téléphone, Iphone, Ipad, caméra, radio et autres gadgets formellement interdits. Une totale immersion dans un voyage de l’intérieur en laissant pour quelques jours le monde du virtuel et des hommes urbains. Je ne sais pas encore s’il doit y avoir de longues marches ou une vie sédentaire en forêt avec des randos en étoile, j’attends de voir vos réactions, j’en connais qui vont vite réagir, les autres seront un peu effrayés par cette expérience mais je sais qu’elle est à la portée de tous. Pour exemple depuis 11 ans Véro me suit dans ce style de progression, elle n’est pas une grande sportive et encore moins une miss muscle mais elle a réussi à s’adapter en y trouvant beaucoup de plaisir… Les participants devront signer un formulaire stipulant qu’ils se prennent en charge en cas d’accident, je n’ai pas de diplôme de guide de survie. Ce stage sera payant bien sur mais la facture devra être réglée au nom de Bout de Vie, une manière de récupérer des fonds sans cette sensation de faire la mendicité. Pour vous donner envie de venir : tout à l’heure sous une jolie bâche bleue noisette, (couleur inventée par la mascotte) j’ai cuisiné une belle poêlée d’amanites des César avec une galette à base de farine de gland de chêne. Un tapis blanc de grêlon rendait à la forêt un air enchanté, la rose rouge est posée sur un tapis de mousse, bientôt ma binôme sera de retour.

L’aventure ce n’est pas un magazine ou une télé réalité, l’aventure c’est vivre en osmose avec les éléments en se déconnectant de l’indispensable qui deviendra futile. L’aventure c’est le confort de se laver dans un torrent glacial, de découvrir une racine qui sera soupe ce soir, de cacher au fond de sa poche une brindille sèche pour démarrer le feu qui nous réchauffera d’une journée de pluie, l’aventure en vérité c’est ce que les virtuels appellent survie alors que ce n’est que vie.

J’attends avec impatience vos commentaires, s’en suivront les conditions, dates et tarifs.

A pluche !

En Suisse…

9 septembre 2012
Je me rafraichis dans une fontaine d'eau glacée, la fontaine de jouvence!!!

Je me rafraichis dans une fontaine d'eau glacée, la fontaine de jouvence!!!

Je ne sais pas pourquoi mais depuis hier soir le moral est descendu en chute libre, ce matin au réveil j’avais envie de partir en vélo comme d’aller me faire guillotiner. Je me remue les méninges, me raisonne. Je lis déjà vos commentaires ! Finalement j’enfourche mon deux roues et repars plein sud. Adieu les pistes cyclables nauséabondes, adieu le stress de se perdre avec du kilomètre en plus pour rien. J’ai bien calé mon GPS point par point pour rejoindre la nationale helvète qui me conduira vers Soleure. Je sais que j’ai du gros dénivelé au programme ce sera un test pour les Alpes. La première heure me demande une grosse concentration pour respecter mon fléchage électronique. Chaque carrefour est enregistré et en ce dimanche matin je suis assez heureux de constater que je contourne la grande ville grise et blafarde sans le moindre problème. Au fil des heures je comprends ma baisse de régime, le physique est à un bon niveau, le vélo est sans le moindre souci mais cette épreuve allemande m’a pompé une énergie incroyable. L’effort ne me fait pas peur mais il faut que j’évolue dans un cadre qui me convienne. Les routes que j’ai empruntées depuis Lubeck m’ont fait traversée des régions avec un taux de pollution que j’ignorais, si je devrais les qualifier je dirais la traversée des produits chimiques. La nature est mon moteur, la fourmilière des hommes polluante me fait fondre comme névé au soleil. Je prends des petites routes qui deviennent sympa, petit village de montagne avec le sifflet des marmottes et le son des cloches de mes copines les vaches. Le dénivelé n’attend pas pour me rendre visite. Je ne suis pas pressé et prend ma cadence, je suis à 6km/h ! Normalement quand c’est dur physiquement le moral devrait suivre. Là c’est le contraire, je peine à monter mais je sens l’énergie de la montagne me requinquer. La moyenne baisse aussi vite que mon moral remonte, je transpire à grosse goutte. Je vide ma bouteille d’eau de réserve ainsi que la plus grande partie d’eau chaude du thermos, 2litres en moins ! En quatre heures je franchis 3 cols, je me fais un break à l’ombre, la température est estivale, 27°. Une grande descente m’amène sur la nationale, je sais qu’il y aura une piste cyclable sur sa bordure. Ce n’est plus une descente c’est une épreuve de luge, j’enchaîne les virages les uns après les autres à plus de 55km/h. Puis au fond de la vallée la route reprend du dénivelé, je me résigne, je mouline en appréciant le paysage. Encore un col en perspective, je sens que quelqu’un se met dans ma roue, tiens je ne serai pas seul à transpirer. Sur un coin de dégagement je m’arrête à la demande de mon poursuivant. Joseph, je n’ai pas fait exprès, sur un beau vélo de route veut savoir d’où je viens. Je lui raconte mon périple, mais il me demande des détails. Il ne parle que la langue alémanique et avec un peu de mal nous partageons un bout de vie. Un détail, il a 96 ans et roule tous les jours de l’année. Nous reprenons la route et au moment de partir il me serre la main avec des larmes aux yeux. Je suis sous le charme de ce vieil homme, je ne connais pas son passé mais à mon humble avis ma « différence » a dû lui souvenir un bout de sa vie. Je le vois partir comme une fusée et moi avec mon poids-lourd je peine en souriant.
Finalement je passe le dernier col de la journée et file en roue libre vers Soleure. 92 km au compteur avec un moral au beau fixe mais une grosse fatigue que la nuit va estomper.
A pluche !

Le croissant du Dimanche…

27 août 2012
Les gouttes de pluie tapotent au carreau, elles n’ont pas l’habitude de me voir en « vitrine ». Au fond le fleuve Elbe.

Les gouttes de pluie tapotent au carreau, elles n’ont pas l’habitude de me voir en « vitrine ». Au fond le fleuve Elbe.

La roue arrière réparée je peux enfin reprendre mon chemin mais ce brave mécano a dû bricoler mon dérailleur qui « déraille » plein pot ! Les molettes de guidon règlent les problèmes en partie mais je vais devoir passer chez un technicien pour qu’il fasse un  sérieux contrôle. Je ne vous parlerai pas de la nuit cauchemar que le camping a vécu. Des
voyous en devenir sont venus en bande y mettre la zizanie, décidément j’attire les rigolos. Des piles de bières entassées, ils décident que le terrain est en leur possession, nous sommes 4 tentes pas plus et je sens la moutarde me monter au nez. 22h je leur rends visite avec ma frontale, je me jure, me promets que je ne m’emporterai pas. Pas mal imbibés de bière, ils tentent la provocation, l’un d’eux essaie de me jeter une canette au visage, j’esquive. Désolé c’est de l’autodéfense, il s’en prend une ! Le calme revient, je me sens merdeux, sale, je ne dois pas agir comme ça, mais je l’ai fait quand même. Je leur ai promis une raclée s’ils osaient continuer. 23h cela devient insupportable, ils deviennent dingues, jettent tout par terre et font un raffut intolérable. J’interviens, ils me reçoivent en me jetant chaises et table. Un détail qui a son importance, quand je suis dans ce contexte, je deviens un bout de caoutchouc difficile à attraper. Un quart d’heure qu’ils n’oublieront jamais. Mais quelle désolation ! J’ai du mal à me rendormir, les questions affluent, aurai-je du laisser faire ? Est-ce que plus de dialogue de ma part aurait fait changer les choses ? Je ne sais pas, je ne suis pas un saint non plus, mais je refuse de plus en plus de perdre contrôle et mon énergie pour des gens en pleine déchéance. Mea culpa, j’ai encore donné des « gnons » ! 6h30 j’en croise sur la route, ils titubent. La ville de Travemunde et Lubeck se touchent et les quais de commerces brouillent ma carte. Je me retrouve dans une voie d’autoroute. Ca y est, ça commence. Je tourne en rond comme une mouche. Un bus comprend, le chauffeur me demande si je veux de l’aide ! Oh oui mon bon monsieur. Ici les transports en commun ont une remorque pour embarquer vélos et mobylettes, je charge mon barda et il m’amènera hors de Travemunde. Pour prendre la route sud, son explication est trop compliquée pour ma pauvre compréhension basique d’allemand et je me repaume une deuxième fois. Un homme en vélo est à ma portée, il comprend et sent mon désarroi, il me demande de le suivre. Nous empruntons un chemin de forêt pour retrouver la bonne direction. Au moment de partir je lui serre chaleureusement la main, il me demande d’attendre. Il sort d’un sac en papier un croissant et me le donne. Das ist ein franzüzich (à voir sa vraie écriture) « croissant ». Il s’éloigne, la grosse brute que je me sens ce matin a les yeux qui s’embuent. Je me remets en question, suis-je un mec bien ? Hier soir j’ai mis une correction à des merdeux en manque d’adrénaline, ce matin coup sur coup, sans jeux mots ringards, on m’aide spontanément. Mon périple ne me laisse pas trop le temps de réfléchir. Ca y est je roule plein sud, on m’avait promis de belles routes avec plein de voies cyclables et bien c’est vrai. Mais voilà, devant moi sans aucune indication au préalable, une déviation, la départementale n’existe plus ! Je suis méthodiquement le panneau qui m’amène doucement mais surement sur l’autoroute, encore !!! Mais je le réalise que quand je suis dessus, je n’ai plus le choix, la carte m’indique que j’ai 5km pour reprendre une sortie et contourner les travaux. Je me fais klaxonner comme jamais je ne l’ai été, je pédale sur la voie d’urgence comme un dératé pour sortir de ce cauchemar. Finalement je suis sain et sauf, je peux reprendre ma « pédalerie » en toute tranquillité sur de belles pistes cyclables. Je suis secoué par ces dernières heures, cela en est de trop pour le pauvre nomade errant. La route est plate, j’arrive à tenir une super moyenne de 19km/h avec mon « semi-remorque à deux roues ». Le vent devient violent de Sud-ouest, mais les pistes cyclables sont bordées de haies qui m’abritent et me permettent d’avancer sans trop en pâtir. Le ciel se charge de plus en plus, la pluie nous rejoint mais elle est encore timide. Sa sœur suédoise lui avait parlé de cet équipage atypique et elle voulait nous effleurer de ses propres gouttes ! Là-bas c’est un déluge, pour nous ça va. Au 93éme kilomètres une auberge « vélo » nous fait un petit clin d’oeil. J’en avais entendu parler et cela me tente. Juste à temps pour mettre mon deux roues au garage que l’orage se déchaine. D’une chambrette qui domine le fleuve Elbe, je peux enfin cogiter aux derniers événements que j’ai vécus. La pluie tape au carreau, ok on se verra une prochaine fois, laisse moi en paix, j’essaie de comprendre des trucs tordus d’humains. La violence et les mauvais gestes ne font pas grandir ; je vais devoir m’appliquer encore plus pour choisir mes arrêts et éviter ces situations intolérables de ma part. Puisque devant moi coule l’Elbe, je ne peux m’empêcher de saluer Thierry Corbalan et son équipe qui va tenter le 1 sept la traversée entre l’île d’Elbe et la Corse en mono palme. Technique de nage où l’utilisation des mains est interdite. Ouais Jo Zef on surveillera s’il ne s’en sert pas !!! Allez à son arrivée, vous n’aurez plus envie de prendre la voiture pour faire 500mts ou de vous plaindre pour un p’tit bobo. Allez Thierry, tu ne le fais pas pour une cause, nous sommes la cause !!!
A pluche !

L’archipel de Stockholm en kayak.

7 août 2012
A l'abordage, mille sabords de mille sabords! Jo zef calme toi...

A l'abordage, mille sabords de mille sabords! Jo zef calme toi...

Cette fois elles sont devant moi, en vrai ! Les 24 000 iles de l’archipel de Stockholm. Le vent est inexistant ce matin, il y bien longtemps que ce n’était pas arrivé. Je me suis réveillé un peu plus tôt et en ai profité pour partir en avance, je me méfie toujours des entourloupes du Sud ! Calme plat, pas une ride, aucun air sur le bout des oreilles. En file indienne trois monstres de ferry embouquent le chenal, trois montagnes de ferraille. Il y a quelques années, l’un d’eux avait subi l’une des plus terribles tempête de la mer Baltique. L’Estonia restera pour toujours un funeste souvenir. Au bout de trois heures j’atteins enfin l’île de Blidö, alors que je m’arrête quelques secondes pour croquer une barre de céréale, un souffle me fait sursauter. A quelques centimètres du safran d’Immaqa une grosse bouille avec des moustaches, nous espionne. Je suis tellement surpris de cette visite que j’en reste bouche bé. Grosses narines dilatées, il nous regarde un dernier coup et sonde pour nous quitter. Le cinquième en 1000km, j’aurai pensé beaucoup plus. A peine arrivé à quelques encablures de la grande île, un vent de Sud-Est se réveille, ouf nous sommes passés. Je cabote et constate ce que je pressentais depuis longtemps, des maisons qui se touchent à l’infini. Sur 10 km de côtes, pas un endroit pour accéder. J’avais prévu le coup et si je suis passé par là, d’une, c’est pour le voir de mes propres yeux, deux, pour arriver sur un chapelet d’îlots où je trouverai bien par trouver un espace convenable pour bivouaquer. J’ai constaté que devant chaque maison des kayaks étaient entreposés, connaissant un peu plus le peuple suédois, je suis convaincu que des
coins pour bivouaquer seront accessibles. Je scrute, les îlots quand une anse se dévoile, j’espère qu’elle n’abrite pas de maison. Rien que du gré et des roseaux. Un caillou un peu plus plat que les autres va me servir de quai. En m’extirpant du kayak je dois remboiter ma prothèse puisque je navigue sans, un exercice de cirque car en plus de la gymnastique, les cailloux sont recouverts d’algues vertes bien glissantes. Je sens que c’est le bon coin, de l’herbe tassée me fait comprendre que quelques pèlerins sont déjà passés par là. Trente mètres pour trouver une petite prairie bien plate avec des restes d’un ancien foyer, c’est bon les enfants, terminus, tout le monde descend ! Le même train-train et me voilà sur l’une des milliers d’îles du fameux archipel de Stockholm. L’ambiance n’a plus rien à voir avec ce que j’ai connu jusqu’à présent. Entre hier et aujourd’hui j’ai croisé des centaines de bateaux, nous sommes à la fin des vacances, la reprise est prévue en fin de semaine pour tous les suédois, alors ils en profitent. Jusqu’à Oregrund j’ai du croisé une cinquantaine de bateaux, peu pour une distance de 850km en été. La population au nord est de 9 habitants au Km2, la plus faible d’Europe, ici elle est de 233 ! De mon nid d’aigle je peux écouter encore en paix les histoires que le vent veut bien me conter : Il était une fois, il y a bien longtemps, un corsaire qui naviguait sur un petit bateau rouge et noir. Il ne parlait pas la même langue que les vikings mais savait causer au vent et aux oiseaux. Son ami et second dont le nom a été caché par la légende a sauvé une princesse du Nord de la noyade, ils la prirent avec eux à bord et poursuivaient leur route vers le sud.
PS : Norra et Jo Zef sont tout émus de cette histoire, elle leur rappelle quelque chose.
A pluche !

Ce n’est qu’un au revoir à la mer de Botnie.

2 août 2012
Un coin planqué comme je les aime.

Un coin planqué comme je les aime.

Ce petit îlot m’a refait une bonne santé, pas un bruit et une onde positive régénérant. Le plancher de bois que je me suis improvisé m’a permis de dormir enfin sur une surface plane et de faire une longue série d’étirement, ce matin mes douleurs de dos ce sont comme par miracle envolées. Encore et toujours du Sud, ce n’est pas grave il suffit de pagayer un peu plus fort ! Je me méfie des petits passages et préfère passer par les grandes îles, certes plus ventilées, que de me retrouver dans un cul de sac par des joncs ayant fermé le chenal. Encore un golfe à passer vent de travers, le dernier pour le golfe de Botnie, les vagues nous secouent pas notre travers tribord mais avec Immaqa nous
sommes coutumiers de ce fait. Un petit dernier puis devant  nous le village d’Öregrund. Je me retourne pour donner un dernier coup d’œil à la mer de Botnie, il y a 35 jours nous partions de Lulea, 906km effectuée en 27 étapes. Pour le restant de mes jours ces jours de mer vont être gravés à tout jamais. Je suis heureux d’avoir réussi cette performance, une sacrée école de vie. Patience, endurance, humilité, remise en question quotidienne, gestion des peurs, froid, humidité et surtout de belles rencontres seront les mots clés de ce périple. Je suis tombé sous le charme de cette mer si peu peuplée, si sauvage, si puissante. Une mer qui a du caractère, qui ne donne pas envie au jeteur de serviette sur sable d’y aller. Des projets sont nés au fil de ses heures de pagaies, je verrais si je les réaliserai. Au bout du petit cap Öregrund, un immense bac permet au véhicule de rejoindre la grande île toute proche de Gräsö, en gros le nom du bateau : Véronica !!! J’explose de rire encore un sacré clin d’œil de la vie. Je poursuis ma route, la géologie a changé du tout au tout, fini les tumultes de granit inaccessibles, la berge est composée de dalle immense de granit et semble laisser le débarquement plus aisé. Je sens comme hier un gros orage, devant moi une plage de sable, je n’hésite pas une seconde, je vais m’y arrêter. Effectivement le nuage se crève sur ma tête, moins fort qu’hier mais juste assez pour me refroidir. Une fois fini, avec une vieille pagaie de secours j’aplanis le terrain et y dépose un épais tapis de joncs secs posés par le vent du Nord. Je m’applique et monte mon bivouac. Ouah quel confort du 5 étoiles grand luxe ! Le soleil revient, je vais en profiter pour faire sécher mes affaires. L’œil en coin je déguste mes nouilles chinoises en bordure de la mer Baltique. Il me reste 130km pour rejoindre Stockholm, je vais naviguer dans un dédale d’îlots qui me permettront d’avancer sans souci de la houle du large. L’arrivée des jeunes sur la capitale est prévue le 14 aout en matinée, faites le calcul, je n’ai plus de raison de cravacher. Je me permets une énorme sieste, je m’aperçois que j’y ai laissé un paquet d’énergie mais j’ai tellement reçu que cela en valait la peine. L’orage revient, je referme tout, mes affaires sont sèches, je suis reposé. I’m a free man !

PS : Au menu ce soir omelette de patates, avec salades de tomates et pissenlits, polar kaka tartiné de beurre salé, riz au lait à la confiture de myrtille. Vous voulez venir ? Attendez, je demande au chef de service. « Jo Zef on peut faire venir du monde pour partager notre diner ? » «  Com-plet !!! » «  Ok dommage !!! » A pluche !

Cliquez sur ce lien pour découvrir l’article paru dans un journal suédois : Arbetarbladet.se

Dans le golfe de Gavle…

27 juillet 2012
Un labyrinthe d'îles dans un calme fascinant.

Un labyrinthe d'îles dans un calme fascinant.

Une bonne nuit dans un lit douillet, cela faisait un moment que ce n’était plus arrivé. Ce matin c’est un calme très rare pour la région le vent du Nord est mort, qui va prendre le pouvoir ? Je crois que j’ai ma petite idée ! Je laisse derrière moi des gens charmants, qui ont su m’accueillir les bras ouverts, sans parler la même langue, sans la même culture, nous avons su nous accorder. Un clin d’oeil sur tous ces hommes, qui munis de leur treillis, tuent pour leur nation, leur religion, leur argent !!! Le club de kayak paddla-gastrikland.se du coin va publier un papier sur mon parcours dans la presse régionale et profiter de cette péripétie pour rappeler aux élus locaux que le canal doit être dragué. Les cartes et le GPS le donnent libre de passage ! Je repars heureux mais je sens quand même que j’y ai laissé des plumes. Je louvoie dans un labyrinthe d’îles toujours aussi merveilleuses, au bout de 3 heures j’arrive au nord du cap de la ville de Gävle, il faut que je prenne une décision. Tirer tout droit et traverser la totalité du golfe soit 15km plein Sud-est, soit bifurquer à bâbord et rejoindre un groupe d’îles en plein milieu pour ensuite rejoindre la côte sud. Je tente la traversée, mais je sens, je sais que je ne vais pas y arriver. J’essaie d’augmenter la cadence de coups de pagaie, la mer est à peine ridée par le suroît qui s’ébroue à peine. La brise me caresse le visage, la bise du condamné ! Je continue, ça moutonne, encore une demi-heure et puis on verra. Ça augmente, je ne suis pas assez frais pour finir les 10km avec le vent dans le nez. Je vous prie de croire que j’essaie toutes les techniques. J’imagine que sur la pointe en face Véro m’attend, que je trouverai là le plus beau bivouac de mon voyage, mais rien y fait. Je suis fatigué de ce vent contraire. Ok, je mets le clignotant, cap au Sud-ouest, je ne sens presque plus la brise trois quart arrière. J’arrête la cadence, je profite d’un groupe de cygnes pour me rassasier de cette mer magnifique. Je suis à vue d’un petit groupe d’îles, il y a pas mal de cabanes, c’est normal nous sommes devant  une grande ville.
Je déniche un coin caché et y monte ma tente. Le terrain n’est pas très haut au dessus du niveau de la mer, je vais rester prudent en cas de montée des eaux. Une table abandonnée est dans la forêt juste derrière, je trouve une chaise sur le terrain d’une cabane inoccupée et me fait mon bureau-cuisine, vue sur la mer. Aujourd’hui je viens de franchir le palier des 800km et je vous prie de croire que cette « croisière » m’a appris une multitude de choses indispensables à la vie d’un homme.

A pluche !

Une journée de forçat de plein grès…

24 juillet 2012
Immaqa explorateur de petit paradis...

Immaqa explorateur de petit paradis...

Çan’a pas arrêté de la nuit, au fond de moi j’essayais de me raisonner. Si c’est trop fort on ne part pas, et puis c’est tout ! 4h30 cela fait un moment que je tourne dans mon duvet, je sors et traverse les 20mts d’île pour voir la mer. Le sud est encore là, 20 à 30km/h, c’est bon je ne pars pas ! Je rentre dans mon refuge, tout est bien rangé comme d’hab, il ne me reste que le duvet et les matelas de sol à plier pour être paré ! Et si je tentais jusqu’à la prochaine île en face, 6 petits kilomètres. Ok, mais si c’est trop dur on fait demi-tour. 5h30 je contourne la pointe de « mon » île et prend cap au sud, c’est un peu sportif mais ça passe pas trop mal, j’ai envie de crier ma joie d’être sur l’eau, alors je hurle !!! Fada, le mec, oui, mais juste un peu ! Deux heures pour atteindre les voisins, encore et toujours un magnifique endroit. J’en profite pour une pause, je me mouille les avants bras, l’eau est bien glacée, elle doit faire à vu de nez 14°. Puis j’essaie l’île d’en face, si j’y arrive ce sera le continent et plus le large.
Encore deux heures, je ris, je parle à haute voix, je chante. C’est dur mais cela a un sens, je suis vivant. Je l’annonce aux sternes arctiques qui me survolent, elles braillent un coup, elles aussi sont belles et bien en vie ! Un autre break. Et un café avec des canistrellis, je m’étire, je respire profondément et reprends ma route. Après le cap, j’arrête, trop dur le sud qui freine mon chemin ! Je déjeune et m’accorde une micro sieste, je m’écroule littéralement, 15 ‘ et je sors du coma, pour être de nouveau  d’attaque. Et si je tentais en face, ce n’est pas trop loin et puis il est un peu de travers le vent, pas trop, mais quand même. Ok, 9 heures que ça dure, prochain bon coin j’arrête ma « kayakerie ». Un truc que tu ne vois que dans tes rêves, une passe de 60 cm de large qui donne sur un mini lac truffé d’oiseaux. Plus un bruit, plus un souffle, je vais jusqu’à son extrémité et pars à la
recherche d’une bonne planque pour monter notre bivouac. Des millions de fraises grosses comme des cerises, les premières framboises. Le rêve, non ? Au secours, c’est un repaire de taons, des dizaines qui viennent bouffer du corse en vadrouille. Je dois battre en retraite et vite m’enfuir, encore une dernière rafale de grosses fraises et taïaut !!! Je râle, je commence à sentir un peu de fatigue. Bon je n’ai plus le choix, faut avancer. Encore un cap et il y a une baie très fermée mais en plein vent, ça devrait calmer les suceurs de sang. Enfin j’arrive, je pose Immaqa, trouve une minuscule place pour monter la tente et savoure cette incroyable journée de labeur-bonheur ! Pour finir en beauté je me baigne dans cette eau revigorante qui me fait oublier cette journée de forçat.
Mesdames et messieurs les compteurs, 30km contre le vent.
A pluche !

Immaqa cap hornier en quelques sortes !

22 juillet 2012
Juste aprés le premier cap, le calme est encore là, mais pour longtemps!

Juste après le premier cap, le calme est encore là, mais pour longtemps!

Toujours au sud encore et toujours. Là-bas le grand cap Hornlandet m’attend, il semble de bonne humeur, une légère brise m’y conduit. 3h pour parcourir les 14km, je suis dans ma moyenne ; je le découvre, imposant, rugueux, un coin qu’on a vite envie de passer. Une grande ligne droite m’attend et pour l’instant le vent a toujours envie de m’aider. Je me crois sorti d’affaire mais cette immense péninsule comporte un second cap à son extrémité sud ! Je suis à une encablure ou deux de sa rive, des bois flottés sont montés à plus de 6mts sur la plage de gros galets. Les tempêtes doivent être méchantes, pas bon pour un p’tit kayak rouge ce coin là ! Je scrute l’horizon, je vois une barre bleue foncée s’approcher, aie ! Une risée de sud surgit, rien de méchant mais va falloir augmenter le coup de pagaie, 15’ plus tard une deuxième barre je comprends que je m’approche d’un coup de sud. La brise fraîchit et il me reste 4km avant d’arriver au bout du cap. La mer se creuse, je ferme tout, de manière précise, je courbe l’échine et m’applique sur les pagaies, la moyenne baisse, mais pas le moral. Deux heures pour arriver à bout de ce promontoire. Je ne peux bifurquer de suite le ressac est trop fort il faut que je le prenne large. Finalement je vire tribord avec la trouille au ventre que les vagues  traversières me fassent chavirer, je pousse fort sur les pagaies. Je lève la tête et m’aperçois soudain qu’à 500mts de là il n’y a presque plus de vent !!! Je trouve une échancrure et m’accorde une pause casse dalle. Une plage de sable immense et personne. J’aperçois un panneau, le 6 octobre 1912 a eu lieu un naufrage à cet endroit, une stèle est érigée mais tout est écrit en suédois ! Je poursuis ma route là-bas un trio d’iles nous tend les bras, je suis sur qu’on va y trouver une bonne planque. Après 9h de route nous voici enfin bien à l’abri, une toute petite crique, ronde comme une poêle à crêpe nous attend. Je sécurise Immaqa et va à la recherche d’un terrain plat pour monter la tente. De là je vois le grand cap Hornlandet, que ce fût arasant, mais c’est déjà du passé. Immaqa est cap hornier en quelques sortes ! Je monte le camp en m’interrogeant sur ce calme soudain, une fois tout calé, nettoyé, rangé, je m’offre une profonde sieste, un fort vent de sud me réveillera. Heureux de ses 32km de parcouru, notre ile est très protégée et quoi qu’il arrive on sera super bien ce soir.
Je pars ramasser du bois sec quand j’entends Norra hurler à Jo Zef : jordgubbar, jordgubbar !!! La mascotte la hache à la patte par à sa rescousse : Le retour des Viking, une tentative de kidnapping ???  Non des tapis de fraises des bois, des monceaux. Ce soir « myrtille sur la crêpe » (expression de Jo pour cerise sur le gâteau !) fraise au dessert !!!
A pluche !

Le mental, toujours le mental…

21 juillet 2012
Un repos bien mérité !!!

Un repos bien mérité !!!

Il est 19h30, toutes mes taches sont faîtes. Je suis épuisé mais heureux d’être là, heureux d’avoir su une fois de plus surmonter la montagne qui se dressait devant moi. Je n’ai plus rien à faire je suis allongé avec la brise qui me caresse et le soleil qui me réchauffe. La mer de Botnie commence à me connaître, on discute, on se confie, elle est redoutable mais si courtoise. Je peux enfin me laisser aller, me relâcher, je commence à m’assoupir je me remémore cette longue, longue journée.
Bien abrité par la forêt, le bruit sourd du vent rasant les cimes des arbres m’a bercé. Ce matin c’est le retour au boulot, mais le vent de Nord-ouest est encore violent par rafale soudaine. Je vais faire l’indien et pagayer en rase cailloux. Effectivement là-bas au large vers la Finlande ça moutonne, plus je descends plus une longue houle de nord me pousse, mais bien sur il y les baies à traverser. Pas des golfes énormes mais des échancrures assez profondes pour lever une mer sportive ! Je n’avance pas comme je voudrais, je suis en bas de la vague si j’osai cette expression, la cote est longue à n’en plus finir et son côté monotone me mine l’esprit. Je n’arrive pas à décrocher, je reste figé sur cette ligne droite. Je travaille le mental, m’invente des belles histoires mais rien à y faire je suis en bas ! 5h de route pour enfin trouver un changement, je passe un cap et bifurque vers une petite île, je me cache au milieu des cailloux sans pouvoir descendre du kayak et me fais un café. La stabilité du Nautiraid me permet de me retourner et de me mettre à genou dans son trou d’homme. Je m’étire, je mange quelques canistrellis et essaie de faire de la respiration. Je reprends la mer mais je suis lourdingue, j’ai l’impression que je n’avance pas. Encore un golfe un peu plus important, allez c’est pour la deuxième couche, vent de travers, vagues qui déferlent etc etc ! Enfin un chapelet d’îles me barre la route, je vais y faire ma pause déjeuné. Et si je m’arrêtais là ? Je mange tranquillement, une fois de plus le lieu est somptueux mais aucun replat pour mes 4m2 de tente, rien à y faire ! Je reprends mon chemin, magnifique, extraordinaire, le coin est une fois de plus une carte postale. Puis le cap Hornlandet apparait. C’est là que je dois passer demain, la force me revient, l’énergie aussi. Je me laisse glisser entre deux cailloux et réalise qu’entre ce cap et nous il y a un arrêt possible. Le vent sur ce coup là est dans la bonne direction, alors je tente. 7 km et c’est sur je m’arrête. Le vent est un peu plus régulier et se cale autour des 10, 15 nœuds, je tente mon joker, le cerf-volant ! Il part au premier coup et surtout il est orienté juste au bon cap. J’avance comme un matelas de plage qui s’est envolé d’une anse ventilée ! Je navigue à 7km/h, la mer n’est pas trop formée, une petite heure pour rejoindre cet abri. Je beach Immaqa y trouve un coin presque convenable et retrouve enfin la paix et la sérénité. Une journée qui me permet d’énormément progresser mentalement. L’effort est le même mais c’est l’environnement, les données psychiques qui changent, alors c’est à moi à dépasser ce cap et à trouver du réconfort pour pouvoir établir une belle journée de kayak. 42 km de réaliser !!!
A pluche !