Golfe de Botnie…

4 août 2011

Adossé à un pin je suis face au golfe de Botnie, pour beaucoup cette mer est inconnue. Douce comme un lac, aux milliers d’îles et îlots quasi déserts, elle rejoint plus au sud la Baltique qui se prolonge par la mer du Nord et finit en Atlantique. Par habitude, chaque fois que je découvre une étendue d’eau je me dois de la gouter. Toutes ont une salinité différente, la mer Rouge, une des plus salée, la Méditerranée plus dense que l’Atlantique… Ma surprise fût grande pour constater que sa douceur permettait de me désaltérer sans quelconque filtrage. Les bivouacs de mer de Barents nous avaient apaisé par la quiétude polaire si loin des hommes, et nous redoutions de perdre ce doux calme. Notre petite berline de location n’est pas un tout terrain, mais malgré tout l’envie me démangeait de découvrir des pistes forestières qui mènent sans doute au « paradis ». L’île de Seskova est  reliée par un pont. Le village est d’un calme extraordinaire, une piste semble partir vers le sud, nous l’empruntons à pas de loup, quelques cailloux nous rappellent à la prudence. Finalement au milieu d’une forêt dense couverte de myrtilles prêtes à être englouties, nous stoppons devant la mer. Pas un bruit, pas la moindre trace. Je pars à la recherche du camp idéal. Les mottes de mousses donnent un terrain toujours trop tourmenté pour dresser la tente. Un petit replat au milieu de quelques bouleaux, idéal pour faire un vrai camp d’aventurier en quête de silence. En deux temps trois mouvements tout est en place. Un madrier porté par une tempête de Noroit servira de banc, des restes de planches de cabanes abandonnées feront la table et une toile tendue sera le coin cuisine. Véro ramasse une quantité industrielle de myrtilles et framboises et de mon côté je tente quelques lancés pour le déjeuné. Oh surprise, un brochet au deuxième essai vient me rendre visite, comme dirait la mascotte : « Une aubaine pareille ne se refuse pas ! » Fileté, assaisonné au poivre citronné, épice nationale de Finlande, nous nous en ferons un festin. (Le lendemain au premier lancé un autre brochet décide de manger avec nous !) Et dire que certains affirment que ce coin perdu n’est pas poissonneux !!! En randonné nous découvrons une petite presqu’île où une cabane semble abandonnée depuis un moment. Le hangar en bois qui abritait une barque s’est effondrée dessus. Un renne et son petit sont dérangés par nos recherches et à notre grande joie nous découvrons un tapis de fraises des bois en grande quantité. Tout en remplissant un vieux seau, trouvé dans les décombres, de fraises, je rêve de cet endroit si beau, si calme si apaisant. J’essaie d’imaginer l’hiver, la mer qui gèle, les nuits qui n’en finissent plus et le poêle qui ronronne alors que dehors la neige ne cesse de tomber… Un rêveur ce cabochard… Trois jours de bonheur et nous levons le camp, nous retrouvons Luléa (prononcé Luléo), bientôt c’est de là où nous reprendrons l’avion. Nous visitons les abords de cette ville capitale provinciale, les cabanes ne sont plus de simples planches ajustées colmatées à la mousse et au lichen. Ce sont des maisons de haut standing avec bateau au mouillage, moto des neiges bâchés et pelouse bien tondue. Aucune chance de trouver un bivouac pour nous. Un passage par la presqu’île du coin et nous visitons un camping de taille monstrueuse. Malgré les centaines de camping cars parqués les uns à coté des autres pas un bruit, même pas un brouhaha, le calme des scandinaves est remarquable. La majeure partie des clients sont norvégiens, ils viennent à la recherche du soleil du « midi » du grand Nord ! Réflexion d’un sale gosse que je suis, « Mais quel intérêt de se coller côte à côte dans un camping alors que les alentours sont d’un sauvage à couper le souffle ? » L’homme qui a perdu le contact avec l’essentiel de sa vie, vivre avec la nature et non contre. Un poil étonné de ce camp de sardines, nous nous éloignons de 30 kilomètres plus au sud pour fouiller les chemins perdus… Bingo, il est trouvé, du sable fin blanc et personne aux alentours, montage du camp et vous connaissez la suite… Pour faire plaisir à la mascotte, gâteau aux framboises et myrtilles cuit au feu de bois… Ouais Jo Zef c’est dur la vie de nomade, très dur !!!

A pluche

Le bivouac en terre isolée m'inspire à écrire...

Le bivouac en terre isolée m'inspire à écrire...

Seul le silence dit la vérité..

Seul le silence dit la vérité..

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La nuit recommence à montrer le bout de son nez.

Un cailloux pour m'abriter du vent dans la plus grande salle de bain du monde... Un luxe!

Un cailloux pour m'abriter du vent dans la plus grande salle de bain du monde... Un luxe!

Véro goute au gâteau cuit sur une pierre, la mascotte la surveille du bon œil

Véro goute au gâteau cuit sur une pierre, la mascotte la surveille du bon œil

Un brochet en brochette!

Un brochet en brochette!

Les robinsons de l’océan Arctique…

22 juillet 2011

La route en terre finit en cul de sac, un grain ouvre les vannes, nous sommes seuls au monde. Je dirais plutôt au bout du monde ! Le phare de Slettnes domine la mer de Barents, position 71°Nord, il est  là-bas au loin. L’idée est d’aller bivouaquer dans la toundra dans un paysage somptueux.

Une éclaircie revient, elle nous donne la main pour trouver le bon emplacement et monter le camp. Un petit kilomètre suffira pour le bivouac idéal, deux allés retours et nous voilà en place. Véro a pris le coup pour m’épauler dans le montage de la tente, ici il faut toujours prévoir le pire. Des restes d’épaves jonchent le rivage, leurs histoires transpirent : hommes partis chercher fortune dans la pêche au crabe et à la morue qui n’ont connu que froid, tempête et drame… Un feu, malgré un bois gorgé d’eau, crépite, avec des planches nous fabriquons des bancs. Le basique devient magnifique. Si je vous dis que nous sommes seuls, je pense que vous l’avez compris dés le départ, mais en vérité nous sommes cernés ! En mer, de grosses bouilles nous épient, les phoques n’ont pas trop l’habitude de voir des campeurs par ici et leur curiosité nous fait bien rire, autour du camp des dizaines de rennes pâturent avec l’œil en coin mais avec un peu de patience ils s’approcheront sans trop se soucier des « Robinson de mer de Barents ». Ce matin pendant que Véro prolonge sa nuit, je pars en trek. Un détail important à cette latitude, pendant cette saison la nuit n’existe plus. Donc muni de mon appareil photo je pars en balade de rêverie. Une petite grimpette me mène à un lac, de là je domine l’océan Arctique. Des huards vivent en harmonie avec des canards, seuls les sternes arctiques n’apprécient pas ma venue. Je m’accroupis sur les rives et tente de me faire oublier. Mon âme d’enfant a libre cours, pas de bruit, pas de monde, seul face à moi-même, je sais qu’une belle aventure est en train de naître. Une expédition de plus ? Oui si vous voulez, moi je dirais une réalisation de rêve. Je suis tellement bien que j’en pleurerais de joie. Un poil romantique le Cabochard, mais la vie est trop courte pour se prendre la tête. La fourmilière terrestre ne laisse plus la place au rêveur, esclave du confort, l’essentiel est perdu et chacun court vers le graal qui n’est que futilité. Chaque fois que je me retrouve dans ces conditions de vie au plus simple, je réalise à quel point nous sommes devenus fragiles et tributaires du matériel… La vie peut-être douce sous cette latitude, mais l’instinct animal doit veiller, la moindre relâche et la nature vous fera une cicatrice. Ma prochaine aventure, comme un tableau, se monte, cela fait plus de deux ans que je l’ai en tête mais là, la toile prend forme. Du pastel gris noir comme la mer de Barents, du vert émeraude comme les lacs de Finlande, du bleu foncé golfe de Botnie, des traits clair et sombre comme les routes d’Europe, un peu de blanc comme les neiges éternelles des Alpes, un bleu azur pour une Méditerranée si chère à mon cœur et une touche de jaune comme le soleil qui éclairera mon bateau où ma belle me sourira après tellement de mois de séparation.

Vous ne comprenez pas tout ? Patience, au fil du temps je vous dévoilerais ce beau projet.

Ouais Jo Zef des crêpes au feu de bois ok, mais des entrecôtes de phoques et du carpaccio de rennes on va avoir des ennuis avec les écolos moroses !

Le renne, animal omniprésent.

Le renne, animal omniprésent.

Véro songe déjà au kayak rouge qui voguera un jour sur cet océan si vaste.

Véro songe déjà au kayak rouge qui voguera un jour sur cet océan si vaste.

Face à l'océan arctique il est bon de jouer au robinson.

Face à l'océan arctique il est bon de jouer à Robinson.

Température de l'air 9°, eau à 4°, Véro n'a qu'une parole elle s'est baignée.

Température de l'air 9°, eau à 4°, Véro n'a qu'une parole elle s'est baignée.

Un petit égaré qui a trouvé de la chaleur dans les mains de Véro...

Un petit égaré qui a trouvé de la chaleur dans les mains de Véro...

Heureux les voyageurs-baladeurs...

Heureux les voyageurs-baladeurs...

Visite au bivouac, encore et toujours des rennes.

Visite au bivouac, encore et toujours des rennes.

La mascotte au pays des trolls, et ce n'est pas une histoire troll!

La mascotte au pays des trolls, et ce n'est pas une histoire troll!

Amour et liberté

25 mai 2011
Amour et liberté

Amour et liberté

Donne moi ta main

Je m’évertuerai à te guider

Donne moi ton amour

Je saurai te protéger

Donne moi ta joie

Je chasserai tes ténèbres

Donne moi ta douceur

Je serai ton servant

Laisse moi ma liberté

Je saurai toujours revenir…

Extrait de mes cahiers: Mots de maux entre vous émoi

Désormais une étoile porte le nom de Laura…

17 mai 2011
La vie est une île où certaines tempêtes sont fatales...

La vie est une île où certaines tempêtes sont fatales...

La vie est injuste, c’est par moment une bien triste réalité. Les guerres et autres croisades sont du manque de tolérance des hommes qui aiment le bruit des bottes… Si l’homme meurt arme au poing,  je ne vais pas pleurer, nous sommes responsables de nos actes…

Mais, quand des enfants sont grignotés par la maladie, une sensation d’injustice nous envahit, nous étouffe. L’association Courir ensemble de Genève s’occupe de gamins atteints de cancer, chaque été ils viennent dans la région de Bonifacio et j’avais eu le bonheur de partager un bout de vie avec eux. Je n’ai jamais entendu de plainte ou de vindicte envers la maladie ou qui que ce soit, bien au contraire. J’ai le souvenir que de rires et de fraternité et bien des adultes devraient en prendre de la graine.

Ce matin Laura est allée rejoindre les étoiles et de là haut elle veillera sur ses petits frères et sœurs de maladie…

On ne doit ni pleurer, ni protester, le jour viendra pour tous et il est trop irrationnel de vouloir en donner une raison, ce n’est, ni bien, ni mal, c’est comme ça ! Quand j’entends qu’un ancien nazi, est toujours en vie, presque centenaire, j’ai du mal à me contenir, mais il faut se forcer à ne pas vouloir donner de raison à la mort qui veille sur nous tous, elle n’est pas là pour nous punir…

On naît pour mourir…

Pensée caline et saline…

12 mai 2011
Pas un bateau! Un ami confident depuis bien longtemps maintenant...

Pas un bateau! Un ami confident depuis bien longtemps maintenant...


Ca va ça vient…

La guerre, la paix. La vie, la mort. La rencontre, la séparation. La pluie le beau temps. La blessure, la guérison.

Mon havre de paix est cette solitude qui m’apaise et me donne tellement d’énergie si mystérieuse pour certains. Je ne dis pas, je fais, pas d’utopie que des rêves réalisés. Ne pas ressembler à quelqu’un ou à quelques histoires je taille ma route, certes à cloche pied, mais ce sentier est de mon invention. Parsemé, de souffrance, de trahison, de rencontres aussi ; d’amour, de sourire et surtout de partage.

Le vent ici me raconte tellement d’histoires, la mer me donne toute sa force, le soleil son énergie, la nuit m’ôte mes doutes, l’orage me prépare au pire.

Oh non mourir ne me fait depuis longtemps plus peur. Souffrir non plus !

Ce bref passage sur terre ne doit pas être gaspillé, vivre pleinement de tous ses sens.

Le soir j’adore faire le silence et écouter la profondeur de la nuit.  Elle répond à toutes mes questions et c’est grâce à elle que je suis devenu non pas plus fort mais un homme à part entière car je n’ai plus peur de moi même…

Femme de mer…

18 avril 2011

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Depuis quelques nuits je suis plongé dans la lecture d’une biographie d’une sacrée femme Ellen Mac Arthur, marin hors norme qui a déverrouillé pas mal de record à la voile autour du globe, aussi bien en équipage qu’en solitaire. Etrange sensation de découvrir un bout de ma vie ! Non rien à voir avec les records ou autre mais plutôt avec cette jeune femme que je vais vous conter comme une belle histoire salée

Il y a une vingtaine d’années, j’étais en train de prendre une voie nouvelle, mais ce choix me perturbait. Peut-on vivre différemment ? Au bras d’une belle « pépé », j’étais à l’arrivée d’une course de grands voiliers en Sardaigne, dans cette réunion de bateaux des plus élégants les uns que les autres, l’un d’eux m’ avait subjugué, le skipper était une capitaine. Un ketch de 28 mètres manœuvré par une jolie jeune femme ! L’accostage s’effectuait sans aide extérieure, uniquement en jouant avec les voiles, sur ce type d’unité le moteur n’a pas sa place. Devant des centaines de spectateurs médusés, la mise à quai spectaculaire lui avait valut une bronca d’applaudissements. Vu le nombre de télés et journalistes présents je me doutais que le marin en jupon devait être connue et reconnue.

Ma « cops » de l’époque avait peut-être eu de l’intuition en me lançant : « Voilà la compagne qu’il te faudrait ! »

Me dégageant peu élégamment de mes obligations de fiancé je me retrouvais engagé quelques mois plus tard comme plongeur sécu sur la plus grosse réunion de voiliers de Méditerranée, la Nioulargue de St-Tropez. 700 bateaux de toutes sortes sur l’eau, c’était un spectacle époustouflant. Je partageais le bord d’un très proche ami et pour nous faire un peu remarquer, puisque notre place était à coté de la vedette des gendarmes, nous avions planté un petit drapeau corse de plusieurs mètres carrés. La musique insulaire engagée, couvrait le brouhaha du port.

Tous les soirs c’était un défilé d’invités surprises, tout le monde voulait trinquer avec les Corses. Alors que je m’attelais à faire des crêpes, déjà adepte à l’époque, pour nos nouveaux amis, un groupe de marins nous souriaient. Je mettais un moment à comprendre que l’équipage n’était composé que de filles !!! Libre comme le vent nous les convions à partager nos galettes (Jo Zef s’est évanoui). Mais là, une surprise de taille m’attendait, le chef était la fille que j’avais vu manœuvrer en Sardaigne. J’en perdais mes moyens. Elles trouvaient la Corse et ses habitants merveilleux et moi je me vidais de toute initiative.

Devant moi, j’avais un grand marin et malgré ses grands yeux verts je n’y voyais que des couleurs d’océans conquis. Pendant la semaine quand des photographes rejoignaient notre bord ils recevaient mon ordre de mitrailler la skippeuse rien que pour moi ! En fin de journée j’essayais toujours de me trouver à l’accostage. Le dernier soir était cocktail, elle m’invitait à bord, je ne savais plus quoi dire, je serrais la main de plein de marins qui avaient écrit les livres de bord du Cabochard, amis, je peux vous dire que quand Mr Éric Tabarly entamait une brève conversation avec moi j’étais persuadé que j’allais me réveiller.

Le matin de son départ le Noroit et le crachin rendait l’aurore glauque, elle me remettait un papier avec ses coordonnées chez ses parents, puisque, nomade sans domicile fixe, elle aussi. Elle me promettait de me retrouver un jour. « C’est pas l’homme qui prend la mer, c’est la mer qui prend l’homme », disait Renaud, mais là c’était un marin qui avait fait flanché pour un autre marin !

Un mois après, alors que je bricolais sur mon bateau un gars de la capitainerie venait m’amener un message bref. « Suis entre deux courses et voudrait te rencontrer avec ton Cabochard … »

Élue deux fois d’affilé marin de l’année dans son pays, son parcours était époustouflant, des grandes courses gagnées devant les ténors de l’époque alors que de ses 1,60mts pour 50 kilos elle semblait si frêle.2éme Quebec- St Malo en solitaire; 1ére tour d’Europe en équipage (Que des filles à bord et non des moindres, les plus fortes de l’époque)

Les mois s’écoulèrent entre deux régates et deux convoyages ; elle m’apprenait le métier de la voile en course. Après sa saison, elle se devait de ramener des bateaux aux quatre coins des mers et m’engageait comme matelot. Je lui rabâchais qu’à part quelques courses gamin, je ne comprenais pas grand-chose aux bateaux à ficelle, mais elle ne démordait pas et me donnait toute les tâches les plus difficiles. Des anecdotes j’en aurais de quoi faire un livre mais l’une de mes préférées est celle-ci :

Nous devions ramener, un « truc » en carbone qui avec un pet de vent, part comme une Formule1.Tirer des bords dans le fond d’un golfe doit être amusant avec ce gadget, mais traverser une Méditerranée hivernale allait s’avérer un parcours du combattant. La météo ne me plaisait pas du tout, du Nord-Est 20 à 30 nœuds avec des orages. Des vivres pour une semaine et nous voilà partis sur une mer d’encre. Le baro de bord effectuait une chute libre et le ciel prenait une couleur de mort, prévoyant le coup je préparais une grosse plâtrée de pâtes, car je me doutais bien que la nuit allait être longue et  très éprouvante. Trois ris et nous volions sur l’eau, impossible de rester plus de 15 secondes le cul collé au siège baquet, à l’intérieur le bruit était dément, on aurait dit que des hommes frappaient la coque avec des poutres. Notre allure ne baissait pas, entre 16 et 20 nœuds, nous avions dû mettre des masque de plongée pour ne plus avoir les yeux brulés par le sel. Un orage d’une violence rare s’abattait sur nous et il nous fallait affaler pour envoyer le tourmentin, mais quelque chose coinçait !!! MERDE ! La jeune femme, en deux temps trois mouvements me donnait les directives : «Je vais grimper en milieu de mat et tu dois maintenir le bateau dans cette gîte bien précise, ni plus, ni moins. » Je ne pouvais plus avaler ma salive, une erreur et ma dulcinée partait au bain éternel. Pendant 16 minutes, 16 longues minutes elle bataillait comme un pantin sur une branche secouée par des démons pour débrouiller l’affaire… Finalement 70 heures après nous amarrions sans casse le voilier à sa place…

Mais comme tous les gens de mer nous avions de forts caractères, sa vie était la compétition, la mienne le vagabondage… Sans trop se perdre de vue par la presse spécialisée j’ai toujours suivi son parcours et un jour dans mon courrier je recevais un livre. Dumé qui était à côté de moi ce jour là ne comprenait pas qu’est ce qu’il m’arrivait, mes yeux s’embuaient car le prologue de sa biographie était consacré à notre bout de vie en commun bref, mais fort.

Pendant ma traversée à la rame Véro avait retrouvé son contact et je ne saurai jamais ce qui c’est dit mais ce qui est sûr c’est qu’elle avait rassuré ma « Vrai » en lui disant que même dans la débâcle que connaissait notre course (14 abandons dûs à la tempête tropicale Omega) j’aurais la force de ramener à bon port la yole et son équipe…

Voilà chers amis, le beau livre D’Ellen MacArthur « Les pieds sur terre » a fait ressurgir une rencontre qui m’a permis de m’affirmer pour le restant de mes jours…

Il y a ceux qui vivent, ceux qui meurent et ceux qui naviguent…

Enfant de Gaia…

22 mars 2011

Oser le plongeon d'une vie nouvelle...

Oser le plongeon d'une vie nouvelle...

Gaia divinité qui enfanta les mers, les océans, les montagnes… Invention des hommes craignant la mort et la souffrance. Dans son ventre elle avait aussi des monstres et des titans.

Vous, moi, eux sommes les enfants de Gaia, la souffrance et la mort nous effraient et pour cause.

La grande famille Bout de vie rassemble les blessés de la vie, chaque semaine la famille s’agrandit et il en sera ainsi pour toujours. Se retrouver avec un ou plusieurs bouts en moins est une épreuve de taille à surmonter. Pour les plus chanceux les proches sont là, pour les moins chanceux la solitude sera compagne de chambrée. Mais dans tout cela il y a quelque chose de sournois qui nous rassemble. Les proches ne peuvent pas comprendre ! Attention n’y voyez pas une attaque, ou une offense. Se retrouver mutilé est une injustice colossale, que ni l’amour, ni les mots ne pourront atténuer. La seule lueur d’espoir est de rencontrer des gens comme soi. Dans ma convalescence, mon moral était en dent de scie, en haut en bas. Une épreuve pour moi, mais aussi pour mon clan. Je ne supportais plus les : « Tu es courageux et puis tu es un héros maintenant » Une belle jambe de bois, les décorations et l’habit de héros de la nation…

Quelques mois de greffe en greffe et puis le centre de rééducation, le moral au fond de l’emboîture et une injustice grandissante. Qui s’approchait de moi, y laissait des plumes. Un prothésiste m’appareillait avec un truc immonde, moitié en plâtre, moitié en bois !  Et dire qu’on m’avait promis que j’aurais une sorte de vraie jambe !  La personne qui s’occupait de moi me harcelait sur ma manière boiteuse de marcher, jusqu’au jour où j’allais lui faire un truc qui fait mal ; c’est alors qu’il leva son pantalon pour me dévoiler sa prothèse…

De ce jour je compris et me sentis moins seul…

Bien-sûr chacun le vit différemment et la chose la plus importante est de faire un pas après l’autre. La rage et l’envie furieuse de hurler est normale. Gérer, comme l’alpiniste qui attaque la face Nord de la montagne la plus haute du monde. Il ne pense pas au sommet, mais à chaque pas qui va le conduire au toit du monde. Bien-sûr, il y a un objectif, mais il faut penser au présent. Combien de fois en sauvetage en mer au lieu de me précipiter sur mon embarcation, je me calmais, je mangeais, je prévoyais tout doucement la dangerosité de l’intervention pour finalement arriver sur zone à 100 % de mes possibilités.

Être amputé est une épreuve qui doit être vaincue doucement, trop d’éclat au départ et la chute fait encore plus mal. L’injustice par moment est une douleur quasiment physique : Ce foutu « pourquoi moi » revient sans cesse. Le grand Jacques chantait : « L’homme n’oublie pas, il s’habitue c’est tout… ».

Vous souffrez et seul vous, savez à quel point, je ne peux pas grand-chose à votre place. La solution est au fond de vous. Se foutre en l’air ? Pourquoi pas, mais entre vous et moi je trouve que c’est dommage. La vie est tellement pleine d’imprévue que le suicide n’est pas la panacée. Les drogues ? Déjà que nous avons un truc assez balèze à gérer en plus il faudra surmonter ce monstre immonde ! Une autre solution et celle-là, je la trouve sympa, c’est tourner la page. OK, je vous entends dire facile à dire moins à faire. Un pas après l’autre. Sur mes expéditions tous les jours pendant une minute je crie, non, je hurle… Une manière d’évacuer le stress. Technique que j’ai appris à l’hosto.

Je ne vais pas vous tenir la prothèse trop longtemps, mais sachez en tous les cas que vous n’êtes pas seul et dés que vous en aurez envie, un grand frère est là pour vous botter le cul et avec une lame en carbone ça fait mal !!!!

PS : Vous savez que j’aime bien finir par des citations, alors j’ai ressorti un vieux cahier où pendant des années j’ai griffonné des mots de maux, celui-ci est de circonstance.

« Une porte ne peut être ouverte, poussée, fracturée que seulement si elle existe… »

L’art urbain selon une tête de Cabochard…

3 mars 2011

Ce qui me fascine, passe souvent pour futilité et vice et versa, mais comme vous êtes là je me lance dans ma cabo-philo

A mes yeux pas une ville au monde ne m’inspire. D’Ajaccio à New-York, de Monaco à Buenos-Aires, de Trivandrum à Anchorage, les fourmilières m’attristent, les musées, même limonade. Le créateur n’en est que l’homme, poussière éphémère en quête de laisser sa petite trace. Pour produire cette « œuvre » il a dû détruire, raser, exterminer la nature pour implanter son « machin » et surtout signer par son nom au bas de la création. Ouf, je vous vois bondir ! Je ne juge pas j’essaie de raisonner en vous le faisant partager. Oui je sais, l’homme ne vit plus en grotte et s’est redressé depuis un moment, sa trace de pas, ne comporte plus d’orteils, mais pour beaucoup, des semelles Adidas, les babouches qui tracent !

Devant la chapelle Sixtine à Rome je voyais des milliers de gens en extase !!! Je me raisonnais et rentrais voir les tags de « Michel l’Ange », entre vous et moi j’ai dû résister 5’. Pourquoi ? Dans ma tête de tordu, je pensais à toutes ces collines qui devaient être recouvertes de forêt qui ont été rasées pour construire Rome et ses monuments, coffres forts de quelques tagueurs. Quand je suis à Paris je rêve du temps où il n’y avait rien. La Seine sauvage où seul les castors et les canards la peuplaient.

Devant Notre-Dame à Paris je me suis isolé et j’ai essayé de décortiquer le pourquoi de tellement d’efforts pour bâtir cette batisse. Un lieu de culte pour se réunir et prier. OK ! N’y a-t-il pas derrière tout ça un despotisme envers les autres qui ne croient pas comme nous, qui ne prient pas comme nous ?  Les cardinaux qui ont  fait édifier ces pierres ne se sont ils pas rachetés une bonne conscience avec une envie de domination. Les compagnons suivaient les ordres des mécènes et les esclaves subissaient les directives dans la peur, de l’enfer promis aux dissidents. A Ankara j’ai vu l’une des plus grandes mosquées du monde et j’y ai senti la même vibration.

J’ai une fascination pour les peuples nomades, en un clin d’œil le camp est levé et ils changent de décor et ils suivent les animaux, les saisons.

La tolérance, toujours la tolérance, oui je sais et j’essaie de l’appliquer, mais vous qui venez régulièrement sur ce blog vous devez vous sentir concerné par mes pensées, alors je continue. Nous sommes de plus en plus dans un monde d’apparence et « l’art urbain » est une manière d’étaler son surplus. La tour Eiffel fût construite pourquoi ? Et oui le Cabochard qui pense à contre courant, ça vous étonne ?

Quand je suis en mer, dans une vraie forêt sauvage ou sur un fleuve oublié, je suis fasciné par la beauté de ces créations. La muraille de Chine a vu le jour par des millions d’ouvriers en quelques dizaines d’années. Un fleuve, c’est des siècles et des milliards d’événements. On le détourne, on le maitrise avec des barrages, on le ceinture de ponts et on déverse dans son lit les pires saloperies. Mais attention quel bonheur de voir des baies vitrées de ce musée climatisé s’écouler le fleuve !!! Ok, j’arrête !

Bon je ne vais pas faire de la philosophie à trois tickets de métro mais au moins quand vous allez me croiser en ville vous saurez qu’au fond de moi je suis présent physiquement mais que l’esprit lui est bien loin dans la Nature.

Je n’aurais pas assez de plusieurs tomes pour vous décrire les chefs d’œuvres que j’ai croisés dans ma vie de nomade errant, j’en suis sur vous aussi.

Une fleur qui surgit de la neige pour nous offrir que quelques pétales sans engrais.

Un glacier qui pendant des siècles a taillé le basalte pour sculpter une moraine sans dynamite.

Un lac qui à élu domicile entre deux monstres de granit sans toupie à béton.

Un galet poli en forme de cœur trouvé sur la berge sans disqueuse.

Un chêne millénaire qui a su s’adapter aux rigueurs de milliers d’hivers loin des tabernacles des églises.

Cette goutte d’eau immortelle, qui devient pluie, ru, ruisseau, rivière, fleuve, mer, océan, nuage, glace, pluie…sans récipient plastique.

Un musée bio pour utiliser les mots à la mode, une architecture éblouissante et surtout d’une humilité respectueuse…

Je vous laisse raisonner de votre côté. D’un clic vous pouvez supprimer le blog de ce casse-pied rêveur.

« C’est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain n’écoute pas. » Victor Hugo

Une étoile de plus brille ce soir…

7 avril 2010
Photo d'Olivier Föllmi qui fut exposée  à Washington lors de la venue du Daïla-Lama au USA en 2006

Photo d'Olivier Föllmi qui fut exposée à Washington lors de la venue du Daïla-Lama au USA en 2006

L’autre nuit une étoile supplémentaire est née, tu es parti sur la pointe des pieds, je ne te connaissais pas trop mais tu étais un grand sportif qui avait, après les défis décidé de se consacrer à Dieu et tu étais devenu un pasteur ! On se voyais très peu mais tu avais eu le courage de me dire au lendemain de mon accident que c’était par la grâce de Dieu qu’il m ‘était arrivé ce drame, je l’avais trés mal accepté et il m’aura fallu beaucoup d’années pour que je te donne un peu raison, aujourd’hui beaucoup te pleure et c’est légitime, pourtant comme je l’ai dit à ton fils, mon cousin, je suis serein car tu es parti rejoindre les tiens et ton passage sur terre n’aura été que partage et amour, une sacrée leçon de vie, tu avais choisi une religion pour le faire et tu l’as fait avec conviction, bravo je suis fier de t’avoir eu comme parrain.

Cette pensée Amérindienne est pour toi, chacun donne un nom différent à ses ou son Dieu pourtant le plus important dans notre passage larvaire sur terre est partage et amour.


Quand nos ancêtres sont arrivés en terre du grand Ouest ils ont appelé les natifs de ces terres vierges : les « sauvages ».  En découvrant ce poème Athapascan, je me demande si les « sauvages » ce ne serait pas nous ?

Tout le monde fuit la mort alors qu’elle est inévitable et nous les grands donneurs de leçons nous nous cachons derrière un océan de mensonge…
Lisez le avec paix et un air de liberté du grand nord va vous envahir et vous rendre serein, si vous êtes mal à l’aise après sa lecture c’est que vous n’êtes vraiment pas bien avec vous même et il est toujours grand temps de s’ouvrir à l’inconnu.

Quand je ne serai plus là, relâchez-moi,
Laissez-moi partir.
J’ai tellement de choses à faire et à voir.
Ne pleurez pas en pensant à moi,
Soyez reconnaissants pour les belles années,
Je vous ai donné mon amitié.
Vous pouvez seulement deviner
Le bonheur que vous m’avez apporté.

Je vous remercie de l’amour que chacun vous m’avez démontré,
Maintenant, il est temps de voyager seul.
Pour un court moment vous pouvez avoir de la peine.
La confiance vous apportera réconfort et consolation.
Nous serons séparés pour quelque temps.
Laissez les souvenirs apaiser votre douleur.

Je ne suis pas loin et la vie continue …
Si vous avez besoin, appelez-moi et je viendrai.
Même si vous ne pouvez me voir ou me toucher, je serai là.
Et si vous écoutez votre cœur, vous éprouverez clairement
La douceur de l’amour que j’apporterai.

Et quand il sera temps pour vous de partir,
Je serai là pour vous accueillir.
Absent de mon corps, présent avec Dieu.

N’allez pas sur ma tombe pour pleurer,
Je ne suis pas là, je ne dors pas,
Je suis les mille vents qui soufflent,
Je suis le scintillement des cristaux de neige,
Je suis la lumière qui traverse les champs de blé,
Je suis la douce pluie d’automne,
Je suis l’éveil des oiseaux dans le calme du matin,
Je suis l’étoile qui brille dans la nuit.
N’allez pas sur ma tombe pour pleurer,
Je ne suis pas là. Je ne suis pas mort.

Plus le temps passe plus une partie de moi part déjà pour un voyage incroyable…
Le voyage intérieur celui qui vous fait peur…

A bientôt Walter !

Ton filleul

ASAVA (amour en Groenlandais)

16 mars 2010

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Pendant ma traversée du Groenland à pied mon errance polaire est devenu souffrance ordinaire et de cette balade arctique quelques maux m’ont fait surgir des mots :

Amputé des glaces, unijambiste polaire

Tu avances dans ce désert de glace

Tu souffres, grimaces, pourtant tu es fier

Être homme libre n’est pas toujours aisé

Peu de gens comprennent tes pas

Toi tu sais, la vie la vraie

N’est pas derrière ou devant, mais là

A l’endroit présent où le temps est arrêté

Tu avances pour toi, pour moi, ami

Car si un combat doit être fait

Il doit avoir toujours la même envie

Celle de faire partager le verbe aimer !

Vidéo sans prétention de cette sacrée traversée : Image Nicolas Dubreuil

Kaikki ovat tervetulleita konferenssiin!, 12th January 2017 | Lanyrd – Netticasino