Stage de survie: Du bleu au vert!

27 mars 2015
La moindre ru avait pris du volume.

Le moindre ru avait pris du volume.

22h10 ; le torrent prend de plus en plus de volume, il faut dire que les averses nous tombent dessus, myrtille sur la crêpe, les rafales de vent se sont intensifiée en devenant violentes… Sous ma bâche, je tente de trouver un semblant de sommeil, ce soir je ne suis plus seul, un groupe m’accompagne, cela me rend attentif et prêt à intervenir, je crains que leur bivouac ne résiste pas au coup de tramontane. 22h15 : « Frank, Frank, cash le vent, ma bâche, elle s’est envolé, c’est la misère, sur la vie de ma mère ; walla !!! » Oui ; vous avez compris, mon groupe est un peu particulier, ce sont des minots du quartier de la Castellane à Marseille. Ils se nomment, Raïsse, Eddy, Karim, Yanis et Manu, leur vie, la zone. Comme me l’a dit au téléphone le responsable du centre : ce sont des funambules. Un faux mouvement et c’est la chute vers la prison, le règlement de comptes, l’enfer. Homme de défi j’ai tenté l’aventure, j’ai accepté en laissant au fond du sac mes préjugés, mes inquiétudes, mes doutes. La généralité est perfide, elle met KO l’exception, alors je me suis lancé de plain-pied ! Ces gamins de 17 à 25 ans ne connaissent que les tours et le goudron, ils n’ont jamais eu l’opportunité de se fondre dans la nature sans artifices. Les sacs à dos sont lourds et le guide n’est pas là pour les materner. A peine une heure que nous sommes partis que déjà je leur impose une traversée de torrent, jusqu’à la taille ! En petite tenue, les chaussures nouées autour du cou, ils se lancent dans le grand bain. L’eau n’est pas vraiment froide, mais pour des non initiés, les petits 8° degrés semblent polaires. Le groupe prend forme, mais je sens beaucoup d’inquiétude, ils ne savent pas trop pourquoi ils sont là, le stage leur a été quasiment imposé. La marche n’est pas très longue, mais pour eux tout est nouveau, donc compliqué. Nous sortons de la piste en terre pour tailler du maquis vierge et dur. Les mains sont griffées par les ronces, les pieds butent sur les racines, leurs mines en disent long sur leur désarroi ! Puis il est temps de planter le bivouac, la nuit va bientôt s’inviter au tour du feu. Faire des nœuds, trouver des branches pour donner un semblant d’habitabilité à la toile camouflée, la chose n’est pas simple, certains marmonnent qu’ils veulent rentrer chez eux ! Mal assis autour d’un feu, nous causons, nous apprenons à nous connaître. Je leur apprends l’utilisation des plantes, ils m’initient à leur langage urbain. Quatre jours sont passés, il est temps de se dire au revoir, comme des chrysalides ils se sont métamorphosé en papillon, comme des enfants ils ont eu peur, ils ont eu froid, mais ils se sont confié. Ils se sont livrés, ils ont compris que c’était possible, que la vie sans « kalash » était viable, que les « transacs » pouvaient se faire entre un sachet de thé contre un de café. Très émus nous nous sommes quittés, en se promettant de se revoir, très certainement je vais passer dans leur monde, pour essayer de comprendre l’incompréhensible. Quatre jours où la nature ne les a pas jugés, quatre jours pour comprendre que devenir un Free Man c’était possible…                      Inch allah.

Vous êtes des vaillants les gars…

Le dernier soir je leur ai demandé un titre que l’on pourrait donner à ce billet, voilà leurs propositions :

Yanis : La Castellane de la survie à la survie.

Eddy : De la vie des quartiers à la vie des forêts.

Manu : Construction d’Hommes.

Raïsse : Du béton au maquis, un drôle de Bout de vie.

Karim : Tous différents mais tous unis.

Leur préféré : Du bleu au vert. (Bleu étant la couleur des tenues des CRS qui patrouillent la Castellane.)

Toujours très attentifs à mes explications.

Toujours très attentifs à mes explications.

Comment filtrer de l'eau contaminée avec peu de moyen...

Comment filtrer de l'eau contaminée avec peu de moyen...

Trois sortes de menthe en un seul coin, les jeunes découvrent.

Trois sortes de menthe en un seul coin, les jeunes découvrent.

Teddy le photographe du stage, il est à l'initiative de ce beau projet.

Teddy le photographe du stage, il est à l'initiative de ce beau projet.

Sur-vie douce et maquis

16 mars 2015
Sous un chêne liege centenaire...

Sous un chêne liège centenaire...

C’est le quatrième jour que nous arpentons le maquis sauvage de « ma » vallée perdue. Quatre jours entre nous, sans aucun lien avec le monde des « autres », quatre jours sans le moindre écran, quatre jours de « ma » vraie Vie. Le groupe est comme je les aime, rien à priori ne peut les unir, pourtant l’alchimie du nomadisme a créé l’union. Ghislaine, Corinne, Samuel, Didier, Jean-Luc et Sylvain sont les survivalistes, tous ont une personnalité, une âme différente, mais chacun est venue chercher une réponse à l’une de ses questions. Le guide est raccourci d’une jambe, mais ma prothèse ne permet pas de déceler ma mutilation. Sur ce stage, vu la méchante blessure qui vient enfin de guérir, j’ai pris la sage décision de changer mes bâtons de marche par des béquilles. Malgré la crainte de semer l’inquiétude dans le groupe, personne n’y a apporté attention. Je crois que je vais continuer à les utiliser, leur confort de marche hors sentier m’a convaincu de leur bienfait. Mais surtout, la « première » dans cette aventure de sur-vie douce, est que l’un des participants, Sylvain amputé fémoral, ne porte pas de prothèse ! Le pari était audacieux, mais homme de défi, j’ai de suite accepté le challenge. Grimper une montagne hors sentier, en se frayant un chemin au milieu des ronces et des racines croche-pattes, est une épreuve épuisante pour un valide mais pour un unijambiste non appareillé cela fait partie de l’exploit de haut vol. A bon pas nous avons arpenté la rudesse de la vie sauvage, le soir les bâches camouflées n’avaient pas pour premier rôle de rassurer leur occupant mais le feu prenait l’apparence du confident qui réchauffe les âmes. Mal assis nous tentions de ne vivre que l’instant présent. Le torrent, le soir nous ouvraient ses bras pour nous débarrasser du trop de sueur de la journée, comme par enchantement les « petits baigneurs » savouraient les biens-faits d’une eau vivifiante. Oui ; vivre sans rien est un luxe immense, oui ; le nomadisme est le retour à l’essentiel : Vivre. Mais ce quatrième jour fût une sorte de feu d’artifice, toute la nuit précédente, les grains n’ont cessé de gonfler les torrents et à ma grande surprise nous nous retrouvions « prisonniers » d’une sorte d’île encerclée d’eau bouillonnante ! La seule solution était le franchissement de l’un d’eux pour pouvoir se retrouver en zone de chemin retour. Sous ma parka je jubilais d’un tel dénouement, mes « élèves » allaient devoir découvrir de nouvelles limites.  Un passage facile était choisi, mais assez engagé pour un non initié. Avec un bout de corde, un peu d’ingéniosité et d’expérience, l’aventure allait prendre toute sa dimension. A tour de rôle chacun retenait son souffle pour ne pas glisser dans ce « jacuzzi » géant, l’exercice offrait sa part d’adrénaline. Mais le meilleur est toujours pour la fin, Sylvain sur une seule jambe traversait le torrent en furie en nous offrant une sacrée leçon de vie.                                                                                Voilà le stage est fini, l’équipe a repris le chemin de sa vraie vie, mais j’en suis certain tout le monde aura dans un coin de la tête ses moments de partage si forts et si sincères. Du pays où les apparences n’ont aucun pouvoir nous vous envoyions une bouffée d’air pur et humide du maquis.

Si cela vous tente il y a encore 4 places pour le stage de novembre. Aucune condition physique particulière n’est requise pour cette aventure, la seule condition, vouloir, l’espace de quatre jours devenir un Free man…

Un souvenir ne s’achète pas il se vit.
Un aperçu en vidéo:

Et pourquoi pas?

Et pourquoi pas?

Le sommet enfin atteint!

Le sommet enfin atteint!

Après l'effort le reconfort.

Après l'effort le réconfort.

Paire ou impaire!

Paire ou impaire!

Après une nuit de déluge!

Après une nuit de déluge!

Didier ouvre le bal du torrent en cru!

Didier ouvre le bal du torrent en cru!

Il va y aller!

Il va y aller!

Façon équilibriste!!!

Façon équilibriste!!!

Comme un seul Homme…

16 février 2015
Free man...

Free man...

Quand deux « Free man » se rencontrent, la liberté prend finalement plus de sens, l’horizon est encore plus lumineux. Pendant 4 jours avec le grand marin Eric Bellion nous avons pris le maquis, une excuse de vie sauvage en plein milieu de la « mère » nature. Cet élément, nécessaire aux oiseaux de mer que nous sommes, nous a apporté certaines réponses à nos demandes de nomade au long cours. La planète n’est qu’une petite île où il est bon de tailler son chemin, pas de trace, juste quelques herbes déplacées qui au premier coup de vent reprendront leur forme initiale. Un stage de survie douce pour vibrer, exister encore plus. Là-bas dans ce maquis sauvage, pas de houle dévastatrice, pas de pot au noir, pas de contre courant, là-bas, la forêt nous a offert sa sagesse, sa quiétude, sa bonne humeur. Vibrer de manière basique est une forme de nettoyage, déambuler avec pour maison son sac à dos est un luxe immense, un confort indescriptible. Juste avant la nuit nous avons monté nos bâches en forme de cockpit, en guise de cabane du Grand Nord, le feu nous a donné la chaleur nécessaire pour sécher nos affaires trempées par les caresses du torrent. Mais aussi il a réuni deux hommes en perpétuelle quête du bonheur de l’instant présent. Pendant que la purée se réhydratait, nos souvenirs des mers australes en ont profité, pour s’inviter à se poser sur un caillou pas forcement confortable. Et là, miracle ; le grand albatros est apparu, le canal du Drake nous a rappelé que nous étions des chanceux d’avoir vécu un bout de vie là-bas en Antarctique. Pourquoi ces jours de baroude ? Bonne question ! Aucune raison mais juste une forte envie de la vivre. Pourquoi toujours donner des réponses aux départs, pourquoi s’évertuer à trouver un sens à nos folies ! Nous avons vécu une histoire d’hommes libres, nous avons libéré nos émotions, par moments mêmes, le torrent eu droit à des gouttes d’eau salée, et pourtant l’océan n’était pas invité ! Cueillir une feuille pour cicatriser la main tuméfiée par trop d’effort, en récolter une autre pour obtenir un bon bouillon du soir, sont des choses si simples qu’elles en sont souvent oubliées. Marcher de nuit en plein milieu d’une forêt sans lumière est une sorte de prière pour la vie, pour la nature. Nos sens s’éveillent, nos existences prennent encore plus de raison, nous sommes deux simples brindilles. Mais attention un petit bout de branche peut faire chavirer l’équilibre du grand chêne, peut propulser au sol un immense arbre. Nous sommes devenus infiniment petit pour trouver enfin l’essentiel. Le paraître n’a pas sa place dans nos vies d’hommes de mer, la seule possibilité de s’apercevoir est par le reflet furtif dans l’océan quand il est assagi, comme quoi ce n’est pas si souvent. Dans nos marches humides et engagées les silences nous ont inspirés. Entre une bruyère et un arbousier, Eric se confie : Frank; avec toi pas de conversation meublée. La quiétude m’inspira cette réplique : Normal Eric dans nos vies de nomades les meubles n’ont pas de place…

Le 6 novembre 2016 Eric s’élancera dans la course du Vendée Globe challenge. La régate la plus dure au monde, des Hommes, un bateau et de l’eau à courir, l’Everest de la voile. Il a lancé cette opération dans la continuité de sa vie, son équipe à terre sera composée de personnes aussi différentes que compétentes, comme quoi : La différence est une force. Son bateau se nomme : Comme un seul homme, il a besoin de beaucoup d’énergie, de beaucoup de force pour aller tout au bout de son rêve d’homme libre, vous êtes sa force, alors apportez-lui votre soutien…

Que Dieu te bénisse Eric, va vibre et reviens.

Un pas après l'autre...

Un pas après l'autre...

Un cépe rescapé, accompagné de quelques herbes, un bouillon de luxe.

Un cèpe rescapé, accompagné de quelques herbes, un bouillon de luxe.

Home sweet Homme!

Home sweet Homme!

Aprés 4 jours de baroude un peu humide!

Aprés 4 jours de baroude un peu humide!

Survie et émotions en photos.

16 novembre 2014

Vous deviez vous demander pourquoi je n’avais pas publié quelques photos du stage dans mon dernier billet! La raison était simple, j’avais laissé mon appareil quelques part dans le maquis. Un peu têtu le garçon, j’ai profité d’un beau week-end de pluie d’orage et de solitude pour aller à sa recherche. Mon coup d’œil légendaire, diront certain « bisqueur », non seulement m’a permis de le dénicher mais aussi pour ma plus grande joie de retrouver aussi la montre de Valérie qui l’avait égaré!!! Je sais dame chance ne me lâchera jamais. Pour mon plus grand plaisir un petit album sympa.
En bas de ce billet j’ai posté la chanson que Ange-Paul nous a si joliment interprété au coin du feu. Une forte émotion m’a submergé mais je crois que je n’étais pas tous seul. Merci la vie et dire qu’un d’un cheveux je n’aurai pas pu te croiser Oh Ange-Paul…

Une longue route de terre pour que chacun puisse prendre ses repéres.
Une longue route de terre pour que chacun puisse prendre ses repéres.
La barrage lui aussi victime de la sécheresse.
La barrage lui aussi victime de la sécheresse.
Gwen prend déjà des notes.
Gwen prend déjà des notes.
La construction d'un abri demande toujours beaucoup d'energie et de concentration.
La construction d’un abri demande toujours beaucoup d’énergie et de concentration.
Allumé un feu avec de la bruyére mouillée n'est pas une mince affaire!
Allumé un feu avec de la bruyère mouillée n’est pas une mince affaire!
Mais qu'il est bon de se réchauffer auprés du foyer.
Mais qu’il est bon de se réchauffer auprès du foyer.
La gamelle chantonne un refrain d'une soupe qui va nous rechauffer.
La gamelle chantonne un refrain d’une soupe qui va nous réchauffer.
On reprend la route très loin des sentiers balisés.
On reprend la route très loin des sentiers balisés.
La concentration se lit sur les visages.
La concentration se lit sur les visages.
Trempés comme des souches le sommet est atteint. Ce n'est pas l'arrivée qui compte mais le chemein qui y méne.
Trempés comme des souches le sommet est atteint. Ce n’est pas l’arrivée qui compte mais le chemin qui y mène.
Nuits humides et inconfortables, la vie de nomade a ses exigences. Etre libre c'est choisir ses contraintes.
Nuits humides et inconfortables, la vie de nomade a ses exigences. Être libre c’est choisir ses contraintes.
Ici tout le monde s'en donne à coeur joie, de vraies bucheronnes!
Ici tout le monde s’en donne à cœur joie, de vraies bucheronnes!
Deux longues branches, deux blousons une touche d'astuce et le brancard de fortune nous sortira d'une mauvaise posture. Le blessé se porte à merveille!
Deux longues branches, deux blousons une touche d’astuce et le brancard de fortune nous sortira d’une mauvaise posture. Le blessé se porte à merveille!
Le dernier soir en douce la belle équipe m'a confectionné ce petit tipi. Ah émotion quand tu me kidnappe!
Le dernier soir en douce la belle équipe m’a confectionné ce petit tipi. Ah émotion quand tu me kidnappe!
Et si le hasard n'existait pas. Un immense concourt de circonstance et nous voilà les 7 devant le lion qui nous plonge en état de grâce. Que la vie est belle...
Et si le hasard n’existait pas. Un immense concourt de circonstance et nous voilà les 7 devant le lion qui nous plonge en état de grâce. Que la vie est belle…

Survie et émotions

12 novembre 2014
Une simple feuille; l'homme n'est qu'une simple feuille.

Une simple feuille; l'homme n'est qu'une simple feuille.

Cela fait quatre jours que le maquis nous a ouvert ses portes, quatre jours que nous sommes devenus le vent, la pluie, la nuit, quatre jours que nous ne sommes plus qu’un. Sur la route du retour, alors que les éléments se déchainent la côte submergée par une forte houle nous invite à la contemplation. La lumière tachée d’encre sombre nous laisse sans voix, en musique de fond, un chant bien de chez nous. Nos yeux cherchent l’infini dans un horizon mystique mais très sincèrement je crois plutôt que la solennité du moment est animée par nos âmes qui savent que ce sera la dernière fois que nous serons physiquement ensemble. Côte à côte une immense émotion nous envahit, le sel de la mer remplit nos yeux d’un bonheur intense de partage. Mais que s’est-il passé pendant ce stage de survie ? Très sincèrement je n’en sais rien, il me semble que la pudeur n’ose dévoiler ce merveilleux échange. La météo était à la hauteur de l’initiation puisque un avis de forte pluie et d’orage était annoncé sur tout le département, mais là-bas dans la vallée perdue, ces préoccupations d’homme n’ont jamais leur place. 6 personnes différentes venaient chercher un secret, à moins que ne se soit la quête d’une vieille plaie mal cicatrisée. La magie de ce groupe fût leur faculté à s’adapter, pas besoin de causer, ni d’expliquer, chacun avait sa place, là à l’instant présent. Les mains ont souffert dans les ronces, les muscles ont enduré le dénivelé, le dos a conjuré le sort des nuits sur un sol caillouteux, la peau s’est tannée aux multiples baignades dans le torrent mais pas une seule fois quelqu’un ne s’est plaint. Le confort était basique mais comment expliquer que mal assis sur un gros galet trempé d’une pluie fine automnale chaque soir nous avons veillé jusqu’au milieu de la nuit. Le feu doit avoir sa part de responsabilité mais une force mystérieuse nous empêchait de nous cacher dans nos sacs de couchage humides. La vie de nomade a ce pouvoir d’unir les hommes et les femmes, monter le campement sur une berge d’un fleuve perdu remet l’être humain à sa juste place, il ne devient qu’un grain de sable parmi des milliards d’autres d’une grève sablonneuse. Nous avons pris sur nous mêmes, pour devenir un Groupe, oui la majuscule s’impose quand la fusion est si forte. L’émotion ne nous a pas lâché, chacun y a apposé sa larme d’étoile mais alors ce n’est plus une vie que nous avons vécu mais une sur-vie bien au-delà de toute espérance. Allumer un feu sous la pluie replace les priorités, savoir remonter sa capuche quand l’averse s’invite sans prévenir garde permet aux âmes de se reconnecter, la pierre plate qui cuit le pain efface, et de loin, l’autel au calice d’osties. La bâche se sacralise, elle devient temple, la prière est simple, merci de l’instant présent. La marche de nuit en plein néant nous a donné le coup de grâce, sans éclairage alors que les orages nous empêchaient tout espoir de moindre vision, les pas on été douteux, gauches mais au bout du voyage la lumière de tout en chacun irradiait nos chemins de vie. Vous voyez l’émotion n’a pas quitté mes épaules meurtries par un lourd sac à dos, ce soir au fond de mon petit Cabochard, alors que la tempête couvre le bruit des hommes sédentaires, je vais pouvoir m’endormir sereinement. Oh Pascale, Valérie, Marlène, Gwen, Alan, Ange-Paul, vos sourires m’inondent encore le cœur, ne changez rien, vous êtes des êtres précieux.

Billet de l’association Res-Publica.

31 octobre 2014

PA220031

Billet rédigé par Thierry Sciari coordinateur de l’association de Mr et Mme Perrin, Res-Publica.

Pour connaître Frank Bruno il faut aller en Corse du Sud et atterrir à Figari. Là on trouve cet extraterrestre, soit sur son bateau au port de Pianatolli-Caldarello, soit dans son antre, en pleine forêt, dans son camp de la vallée de l’Ortolo.

Cette semaine de fin octobre 2014, Frank vient de la passer avec 5 jeunes cabossés par la vie comme lui. Avec son association Bout de vie et le soutien financier de Res Publica, il leur a permis de faire un stage de découverte de vie sauvage. 4 jours au cœur de la vallée de l’Ortolo, entre chênes lièges et arbousiers. 4 jours pour découvrir les règles d’une vie « libre », libre certes, mais contraignante. 4 jours pour s’adapter aux réalités de la nature. Aller chercher l’eau à la rivière, faire le feu, dormir par terre sous le tipi, bref être autonome mais toujours avec le devoir d’anticiper pour de ne jamais être pris au dépourvu. Anticiper et écouter la nature comme il faut écouter son corps pour découvrir et anticiper ses limites et ne jamais les dépasser.

Alors marcher une demi-journée en plein cœur du maquis corse avec un fémur en moins, c’est pas facile hein … Descendre un ravin en rappel avec deux bouts de corde, un mousqueton et une seule jambe, c’est risqué, ouais … Mais le pire serait encore de ne pas essayer ! Selon Frank, « l’handicapé c’est celui qui dit je ne peux pas… », celui qui refuse d’affronter sa différence et surtout d’affronter le regard des autres. Celui-là, il a déjà perdu.

En parlant de regard, une malvoyante qui fait de la randonnée, ça vous étonne vous ? Et pourtant, la vie sauvage, Marie, elle, elle l’a sentie, elle l’a écoutée et même, elle l’a vue pendant quatre jours, la main sur le sac à dos de Frank, guidée par le mouvement de ses hanches à travers les sentiers et entre les rochers.

Alors après quelques franchissements de rivières et plusieurs kilomètres de marche dans la garrigue, on se retrouve tous égaux le soir autour d’un ragoût de veau pour partager des légendes corses et des aventures de banquises lointaines. Chacun repartira grandi de cette nature sauvage et du courage transmis par son voisin, plus blessé encore que lui-même.

C’est ça l’aventure Bout de vie, être vivant ça se mérite.

Alors merci à Frank pour toute cette énergie positive. Merci à Bout de vie et merci à Res Publica.

Vie sauvage et maquis

24 octobre 2014

Cela faisait une bonne paire d’années que je m’étais mis bille en tête de guider une équipe « d’éclopés » en plein maquis, finalement le rêve est devenu réalité. Carole, Claire, Audrey, Marie et Sylvain tentent l’aventure. Comme tout bon aventurier il leur était demandé de trouver un « sponsor » qui les aiderait à compléter leur équipement de vie sauvage et de payer une partie de leur déplacement, le reste étant pris en charge par Bout De Vie. Thierry représentant l’association Res Publica , dirigée par Mr et Mme Jean-Claude Perrin mécène du projet, nous accompagnait. Il n’est pas simple en un claquement de doigt de devenir un être de la forêt, il n’est pas aisé de se fondre avec le vent et le silence, mais leur volonté fût d’une exemplarité magnifique. La route en terre annonce l’isolement du lieu, pas de maison, ni âme qui vive, au bout d’une piste perdue, nous stoppons nos véhicules, la nature les attends de pied-ferme. Marie est la seule non-amputée, sa force, oups pardon, je voulais dire, sa différence, est, qu’elle est non voyante, mais à son contact nous avons appris à regarder avec les sons. Le briefing de départ met un peu de pression, il est hors de question que je m’apitoie sur leur sort. Nous sommes là pour grandir et laisser derrière nous les « citadineries » ! Les gadgets avec écrans sont strictement interdits, la seule connexion possible sera avec les grands espaces. Sylvain par confort et habitude ne porte pas de prothèse, il sera un peu le prof à ces demoiselles qui doivent apprendre à marcher avec des béquilles. Le terrain est accidenté, pour quelqu’un qui n’a jamais pratiqué le maquis, il est surement impossible d’imaginer un seul instant la difficulté de la progression hors sentier dans ce dédale de bois mort enchevêtré et au milieu des ronces. Il découvre un autre monde, seul la concentration leur permettra de surmonter ces difficultés, je sens de la détermination mais beaucoup de doute les envahissent à tour de rôle. Les kilomètres s’égrainent, le dénivelé positif et négatif sont gagnés mais la fatigue les attend au détour d’un arbousier ou chêne liège, pas de chance, elle ne trouvera aucune place dans leur sac à dos. Le soir des bons repas traditionnels les attendent au coin du feu, les silences aident Marie à sentir le lieu mais qu’il est difficile pour une bande de filles de faire le silence ! Alors le grand frère lance un souffle, un regard noir et elles comprennent. Pendant ces jours de partage, chacun des participants, même Thierry, le seul « valide », ont trouvé de nouvelles limites, les obstacles du premier jour ont été amputés de quelques degrés. Sous le duvet, au fond du tipi, dans la magie de la nature encore sauvage, ils ont été pour un instant plus près des anges. Quel plaisir l’autre soir de s’allonger sur une grande bâche pour chercher son étoile filante, quelle joie d’avoir la visite de Jean-Baptiste le seul éleveur de toute la vallée qui nous a gâté de gâteaux et de sourire. Ses histoires ont fait comprendre ce qu’était la « vraie » Corse loin du monde et des clichés. Une après-midi Véro est venue les masser, une manière pour rester le soir et partager la soupe corse qui mijotait dans son poêlon de fonte depuis le début d’après-midi. J’en aurai encore des choses à écrire mais certains souvenirs ne se racontent pas ils se vivent, puis les jardins secrets ne peuvent être trop dénudés. Certains d’entre eux auront l’envie de vous le raconter avec leurs mots, désolés les autres maux ont glissé dans le torrent à l’occasion des baignades vivifiantes de fin de journée commando. Pour ceux qui douteraient de ce récit voici juste entre vous et eux quelques clichés.

L'humour comme guide de rando, rire de nos malheurs en prenant notre pied!

L'humour comme guide de rando, rire de nos malheurs en prenant notre pied!

La concentration d'une traversée, un pas aprés l'autre.

La concentration d'une traversée, un pas après l'autre.

Brossage des dents avec du charbon, la seule solution de la vie en pleine nature.

Brossage des dents avec du charbon, la seule solution de la vie en pleine nature.

Une mascotte qui ne sait plus sur quel pied danser!!!

Une mascotte qui ne sait plus sur quel pied danser!!!

Thierry en plein boulot!

Thierry en plein boulot!

La récompense, une balade avec une baignade...

La récompense, une balade avec une baignade...

Une belle rentrée automnale…

4 septembre 2014
Un très bon entrainement pour travailler les appuis sur "la jambe de bois"...

Un très bon entrainement pour travailler les appuis sur "la jambe de bois"...

L’été touche à sa fin, pour un grand nombre d’entre vous cela veut dire sans doute le retour au « turbin » mais pour votre rédacteur en herbe de billets doux et amers parfois, c’est la fin des examens ! Depuis plus d’un an je me suis mis bille en tête d’organiser des stages de survie-douce afin de récolter, de manière ludique, des fonds pour mon association Bout de vie. Il m’était impossible d’imaginer à quel point cette initiative serait, à ma grande surprise, populaire. Mais nous vivons dans une société « parapluie » qui ne s’exprime plus que par le biais d’avocats, juristes et autres hommes en robes noires. Il me fallait absolument trouver le diplôme m’offrant le sésame pour faire partager ma vie de marin des bois en toute sécurité juridique. La fédération Française de Milieu Montagnard, semblait cadrer à mes attentes mais l’école demandait un an de pratique, rien n’est impossible au Cabochard. Je tentais un « brelan d’as » en m’inscrivant non pas sur un cursus de 12 mois mais sur 2. C’est-à-dire tout digérer, 700 pages du classeur vert, en étant capable de m’en servir sur le terrain en moins de 60 jours. Et dire que certains qualifient les corses de fainéant ! Cela est devenu une obsession, nuit et jour je me plongeais dans les calculs de courbes, le dénivelé devenait un compagnon de chevet, le profil d’une randonnée m’accompagnait même dans « mes » sentiers maintes fois empruntés. Le premier stage m’a transporté au hameau de Vic, je devais chercher à la loupe où se situait ce « bled ». Je découvrais la différence de personnalité entre les vosgiens et alsaciens, mais surtout c’est la salle de classe qui m’a kidnappé. De 8h à 23h je devenais l’intégriste du graphique, les règlements laissaient place à la gestion de groupe, la diététique se volait la vedette avec la météo montagne, en extérieur le nœud machard, coïncidait avec une main courante qui devait m’amener à une descente en rappel. Le premier stage se passait plutôt bien puisqu’un 60/60 était inscrit sur mon carnet de correspondance. Mais je ne voulais pas m’enivrer de ce laurier car le stage qualificatif lui serait la sanction finale. Une traversée de la France estivale et me voilà en pays catalan, dans les Pyrénées-Orientales. La neige est encore au rendez-vous, les jeunes sont là, ils m’attendent de pied ferme, prof de ski ou de canyoning, un ancien du GIGN, un pilote de montgolfière, un photographe de presse, etc etc. Je les sens chauds comme la braise, mais ce n’est pas un match mais un examen avec des modules éliminatoires, alors je m’impose la concentration maximum. Il va falloir que je mène un groupe avec des « observateurs » qui noteront, évalueront, poseront des questions pas forcément au moment prévu, alors il me faut gérer, anticiper, sentir, humer. Dans mon fond intérieur je souhaitais que le tirage au sort de « ma » rando soit engagé avec une bonne météo « alaskienne ». Bingo une pluie non stop est prévue toute la journée, ça c’est mon truc, je n’ai plus qu’à croiser les doigts et le moignon ! L’équipe des jeunes demande aux formateurs d’être changée de groupe pour venir avec moi. Mais ils vont me mettre la pression les « loustiques » ! Le soir comme briefing, j’imagine et développe une sortie style terre arctique avec un sac à dos en conséquence. Thermos, affaire chaude et bien d’autres éléments clés pour résister au froid. Notre évolution s’effectuera non loin des névés avec une température basse ; « Myrtille sur la crêpe » météo France annonce un vent violent en plus de forte pluie, un vrai temps de cabochard. Au petit matin, le pas est silencieux, alors que les autres ont droit à un seul observateur, moi comme par hasard j’en ai deux, d’observateurs, pas de jambe ; l’un d’eux est le directeur de stage. Gérer un groupe ne me dérange pas, mais des profs qui notent mes faits et gestes : ça je découvre. La pluie nous enveloppe, le brouillard semble vouloir apporter sa part d’émotion mais le héros du jour c’est le vent qui rapatrie toutes les gouttes de pluie qui n’auraient pas su trouver la voix du coin de slip sec. Au bout de 3h de marche humide, il est temps de prévoir le déjeuner, mais les averses, s’invitent en famille, ce qui ne m’empêchera pas de dégotter un bon kilo de cèpe et d’amanite des césars. Un pin tricentenaire m’inspire le bivouac parfait. Comme le magicien Houdini je déplie de mon sac à dos une toile de 9m2 qui sera montée en quelques secondes, ce « tarpe » me suit partout, une sorte de maison ! Mais le tour de magie n’est pas fini, de mon barda, un réchaud, une poêle ultra légère et du riz lyophilisé semble surprendre tout le monde, en deux temps trois mouvements une plâtrée de risotto aux champignons réchauffe mon groupe…  Un café bien chaud pour la route et nous n’aurons qu’à poursuivre notre belle balade…                                                                                                                                                            Samedi matin c’est le moment crucial, diplôme ou pas diplôme ? Les noms tombent les uns derrière les autres, serrage de main et remise de la breloque en bronze au titre d’Accompagnateur. Mon patronyme ne vient toujours pas, je serai le dernier à être « épinglé ». Oui je l’ai mon papier, mais le directeur de stage est ému, pourtant ce n’est pas le style du personnage, je sens ses yeux mouillés, un reste de la rando me souffle la mascotte !  Alors, il parait, d’après les responsables de la FFMM, que je serai le premier « raccourci » à obtenir ce papier avec en plus un 20/20 !   Heureusement que ma cheville droite est en carbone, elle aurait pu enfler !                                                          J’aurai pu aussi vous parler de toutes ces belles rencontres, de ces sourires, de ces moments de désespoir pour certain, d’élimination pour d’autres mais surtout de fraternité dans l’adversité. Un grand merci à mes compagnons de stages, aux formateurs toujours prêts à expliquer, décortiquer les problèmes. Merci à tous, je vous souhaite de bonnes randonnées de partage. Dans le prochain billet, le déroulé des prochains stages de survie douce et de vie sauvage, seront dévoilés, cela s’annonce passionnant.

Que Dieu vous prothèse.

Pour fêter ce long apprentissage je m'offre un bon bivouac en solitaire en face du lac de l'ours juste audessus du passage des loups, c'est vrai on est bien entre copains!

Pour fêter ce long apprentissage je m'offre un bon bivouac en solitaire en face du lac de l'ours juste audessus du passage des loups, c'est vrai on est bien entre copains!

A vous de jouer l’aventurier!

31 mars 2014
Hiver 2008 expédition un Pied au sommet, des mécènes ont joué le jeu pour la réussite du projet. J'appelle cela le plan A

Hiver 2008 expédition un Pied au sommet, des mécènes ont joué le jeu pour la réussite du projet. J'appelle cela le plan A

L’hiver, qui pourtant n’a pas eu lieu, a permis à certain ours d’hiberner, je vous laisse le soin d’analyser si je faisais partie de ces si sympathiques plantigrades. 1500km en 4 jours ; un réveil en fanfare !  Coaching en entreprise, rencontre de mécène potentiel pour l’association, conférence, signature du livre et VIP (Vrai Invalide Promeneur) pour le Critérium International de cyclisme qui s’est déroulé en Corse du Sud. J’aime ces marathons de rencontre, une décharge d’adrénaline à base d’échange. Si quelques prénoms m’échappent, les sourires et les confidences de certains, qui m’ont énormément touché, resteront gravés à tout jamais dans ma « caboche ». Je vous rassure j’ai aussi, de temps à autres, droits à certains réfractaires qui ne loupent pas à me démontrer que ma croisade est inutile, ces petits pics me font un bien incroyable, à force d’entendre que Bout de vie et mes aventures sont extraordinaires, je pourrai avoir les chevilles qui enflent. Mais ce billet n’est pas un éloge à ma croisade mais une proposition, qui j’en suis sûr ne vous laissera pas insensible. En effet j’ai rencontré un probable mécène pour des stages de vie sauvage pour ceux qui malgré leur prothèse ne sont pas encore trop capable de marcher longtemps. (Voir le billet en cliquant ici). Cette institution serait prête à financer l’opération mais en contrepartie l’amputé invité devra s’investir dans ce projet. Cette semaine est une micro-expédition, qui devra recevoir le même égard que l’on porte pour chaque défi réalisé. Pour faire simple chaque participant devra trouver un sponsor pour avoir le sésame de venir dans « ma » vallée perdue. Je vous rassure ce n’est qu’un « jeu » que nous vous demandons. Le but sera de vous préparer physiquement de toute évidence mais aussi de démarcher autour de vous pour l’obtention de soutiens régionaux. Pour suivre ce stage une liste d’affaire personnelle vous sera demandée, sac à dos, chaussures de marche, textile adéquat… Ceci a un coût, à vous de rencontrer des partenaires pour cette aventure. Trop souvent des projets capotent car le plan A n’a pas fonctionné, un aventurier doit savoir « se vendre », j’en connais depuis longtemps les ficelles et cette démarche est très intéressante. De votre côté à vous de rencontrer vos élus, association de service (Lions, Rotary…), magasins, grande surface… Il vous faudra monter un dossier seul et prendre rendez-vous. Votre face à face devra être convaincant sans plonger dans le misérabilisme. En échange vous pouvez proposer une rencontre après votre retour avec les collaborateurs de vos « mécènes ». J’espère que j’ai été assez clair et bien sûr j’attends de pied ferme vos réflexions et suggestions. Je vais vous dire un secret ; pour que ce projet voit le jour soyez nombreux à réagir le mécène lit ce blog !!! (Salut les gones !!!)

Un souvenir ne s’achète pas il se vit.

Résumé du stage de survie…

17 mars 2014

Mais où sommes nous?

Mais où sommes nous?

Les deux véhicules sont enfin garés au départ de la piste défoncée qui mène au sein de « ma » vallée perdue. Les quatre stagiaires, puisque deux se sont désistés au dernier moment, sont au pied du test grandeur nature de survie façon Cabochard. Les doutes sont leurs compagnons de route depuis leur folle décision de suivre l’aventurier à cloche-pied. Jean-Louis, sera mon binôme, une sorte de capitaine de stage, son épaule est réconfortante, à son effectif plusieurs années comme commando-para et de pompier spécialisé en intervention en montagne. Grâce à son expérience je peux compter sur lui pour partager nos trucs et astuces. En premier lieu le but est de savoir se placer sur le terrain, la carte et le compas sont là pour satisfaire à ce besoin essentiel pour l’évolution en tant que « survivants ». La piste suit le court d’un torrent qualifié de fleuve puisqu’il se jette directement en mer, la marche est forcément silencieuse, le passé n’a pas sa place ici, le futur est pris en otage par quelques « djinns » des forêts, le silence commence son effet de lavage de cerveau. Le pas est paisible bien qu’engagé, chaque 55’ une pose de 5’ permet de s’alimenter et de vérifier les éventuels « bobos ». Mais nous sommes  loin de la randonnée du dimanche, survivre est une quête de tous les sens, l’un des carburants de ce type d’expérience est la récolte de nourriture sur le terrain. Asperge, ail, épinard sauvage, ombilic, dent de lion, cépe amélioreront la soupe en poudre du soir. Le sentier corrompt la piste qui sera à son tour asphyxié par un maquis dense, épineux et surtout déroutant pour le novice. La marche devient plus compliquée les sacs à dos accrochent ; les pieds butent sur les racines, les genoux caressent les restes de granit, les mains enfin encaissent les piqures de ronces, la survie n’aime pas ceux qui gémissent. L’emplacement du soir est enfin choisi, une berge sableuse sera le « cocon » nocturne.  La journée est loin d’être terminée, les bâches servant de toit doivent être installées, le bois ramassé et le feu allumé pour le diner qui s’annonce frugal. Le protocole de bivouac est simple mais sans concessions, les tâches sont distribuées, l’usage du torrent comporte des règles immuables, au plus en amont ce sera le lieu où l’eau pour les gourdes sera puisée, puis la salle de bain et au plus en aval le nettoyage des gamelles et sous-vêtements. L’apprentissage des nœuds et du feu concentrent les élèves, sans ce savoir la vie de nomade est impossible. L’invité du soir intimide mes nouveaux amis, l’obscurité ; la forêt glace le sang des plus sensibles, les grands silences laissent place à tous les fantasmes, le  salut du soir collectif est une foutaise car la nuit bien que sombre sera blanche. Les bruits des arbres qui plient sous les rafales de vent semblent s’animer d’une âme de revenant, les autochtones eux s’adonnent à la récolte de leur nourriture tout en étant intrigués par ce groupe d’hommes et de femmes entassés autour d’un feu palot. Les sangliers et renards semblent prendre plaisir à faire du bruit pour rendre nerveux les SDF de la vallée. Le petit jour  dévoile au fur et à mesure les têtes qui émergent de sous les bâches, les cernes en disent long sur leur sommeil… Le feu réchauffe les âmes en peine mais la cohorte reprend la route dans une journée dense en imprévu, l’objectif du jour sera de rejoindre le point Ouest le plus haut de la montagne qui domine la vallée. De là, un feu pourra avertir les secours qu’un groupe en perdition qui a besoin d’aide. Le mode survie commence à rentrer dans la peau de chacun d’eux, les modules sont très variés, traversée de torrent les pieds dans l’eau, fabrication d’un brancard avec comme seul instrument un couteau,  le découpage d’un arbre à l’opinel est l’art de la patience et du savoir-faire. Puis la construction d’un four en pierre pour cuire du pain et bien sûr la baignade en eau vivifiante de fin de journée fournissant l’énergie aux  muscles courbaturés…                                                                                                                                                                                                                              Je pourrai encore vous raconter comment Sandrine a réussi à gérer le froid qui l’envahissait, comment Martine la doyenne du groupe a su faire preuve de sang-froid à l’occasion d’une chute dans le torrent, de quelle manière Karine m’a impressionné sur sa capacité à s’adapter, comment Samuel à accepter mon sermon sur le non-respect de quelques bases écrites pourtant noir sur blanc dans le dossier d’inscription, comment Jean-Louis a su rendre ce stage encore plus attractif…

La vie de groupe en mode survie est un exercice de style qui révèle instantanément le fin fond des personnalités, sans cohésion, l’esprit d’équipe ne peut se former car le seul but de ce type d’expérience est l’osmose des genres.

Si vous aussi vous rêvez d’une aventure similaire vous pouvez d’ores et déjà vous inscrire au prochain stage en envoyant un mail à l’asso, qui vous enverra un dossier d’inscription.

NB : (Je rappelle que le règlement du stage doit être fait au nom de l’association Bout de vie, il sera considéré comme un don déductible de vos impôts.)

Un jour l'homme découvra le feu.

Un jour l'homme apprit le feu.

Samuel réfléchi au moyen de récuperer sa cuillére perdu au fond du torrent!

Samuel réfléchi au moyen de récupérer sa cuillère perdu au fond du torrent!

Le sommet est atteint le module sauvetage hélico peut-être exécuté.

Le sommet est atteint le module sauvetage hélico peut-être exécuté.

Le foyer, celui qui réchauffe l'âme des sur-vivants!

Le foyer, celui qui réchauffe l'âme des sur-vivants!

Karine, une aventuriére née...

Karine, une aventurière née...

Sandrine, se préte au jeu du "robinson" des forêts.

Sandrine, se prête au jeu du "Robinson" des forêts.

Rien ne vaut une bonne tasse de tisane pour se réchauffer.

Rien ne vaut une bonne tasse de tisane pour se réchauffer.