Plage et jambe de bois!

5 juillet 2014 par Frank Laisser une réponse »

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L’été a le pouvoir de dévoiler les corps et pour beaucoup les jeux de plage ne seront plus un rêve mais une réalité. Un plaisir qui pourrait se transformer en parcours du combattant pour la où le « différent ». Le refrain post-estival est toujours le même : « chassons la cellulite », le regard des autres est si important que le moindre bourrelet a le pouvoir de définir qui est qui. « Une petite pensée aux enfants du monde qui meurent encore de faim à ce jour » ! Si les gros paniquent à la vue des premiers jours de plage, l’amputé se ronge le frein à l’idée de se lancer en maillot sur le sable blanc. Je me souviens, il y a bien longtemps, de la première fois où je remontais à bord du bateau de plongée familial. Malgré une chaleur propre à la méditerranée aoutienne, je cachais ma jambe de bois par un beau survêtement, accompagné de l’éternelle chaussette pour masquer « l’incachable ». Les touristes « bulleurs »  se demandaient quelle mouche m’avait piqué pour supporter un tel accoutrement. Le regard des « autres » m’assassinait, je leur en voulais de me dévisager, j’en voulais, je crois d’ailleurs, à la terre entière. Tous les stratagèmes étaient bons pour que personne ne puisse apercevoir ma différence. Au fils des étés je devenais plus à l’aise et à petit pas boiteux, je dévoilais celle qui devenait ma fidèle « Magui » Bol ! Puis je cédais à la provocation la dévoilant à tout instant, le revers de la médaille, une fois de plus les « autres » me défiguraient de leur étonnement. Le temps, encore lui, est le meilleur des professeurs, 31 ans après, j’ai trouvé un juste milieu, et au fil des saisons mes tenues se raccourcissent sans provocation. A ma grande joie plus personne ne se retourne sur cette « spécificité » corporelle. Je vous rassure encore quelques uns ne s’empêchent pas de détourner leur regard à mon passage, ce que je prends avec beaucoup d’humour, en leur lançant : « Beau gosse ; hein ? ». La dérision est ma thérapie. Plus la différence est digérée, acceptée, moins les « autres » la noteront. Alors chers amis « raccourcis » je vous souhaite les meilleurs vacances possibles pour ceux qui en  prendront, et dites vous que vous êtes un miroir, les gens verront ce que vous avez envie de leur transmettre. Vos témoignages sont très intéressants, profitez de ce billet pour partager vos expériences.

Je vous donne rendez-vous en septembre et si mon blog vous manque, sachez que mon dernier livre « Carnet de voyage d’un homme libre » aux éditions Clémentine vous attend dés cette semaine chez votre libraire habituel.

A pluche

6 commentaires

  1. sylvain dit :

    Merci l’ami, bonne vacances à toi aussi et à très bientôt…

  2. Olive dit :

    Je confirme… Je suis pourtant pas amputé mais atteint d’un plexus brachial complet… La première étape est de s’accepter et une fois que ça c’est fait le reste vient avec le temps….

  3. Babeth dit :

    Je rassemble sur un week-end des amputés sur des activés sportives et comme ça se passe en bord de mer, l’après-midi plage afin de faire le deuil du membre en moins, s’aider à se libérer. Mais certains ont l’agualeg qui est très bien pour se déplacer sur le sable, et dans l’eau, mais ces personnes se sentent bien le moignon caché dans cette prothèse. Aussi j’aimerai qu’il l’enlève lors de la baignade dans la mer, car ce sera l’occasion ou jamais de se montrer, à moi d’essayer de les convaincre de se « dévoiler » pour les aider à mieux faire le deuil.

  4. puzenat dit :

    Annick ,

    Bonjour , un ami m’a fait connaitre votre association ,effectivement l’été la plage j’y ai renoncer car etre amputer se n’es pas facile d’allez se baigner .
    De temps en temps je m’offre se plaisir d’un bateau plus facile pour la mise a l’eau .
    Pas de danger entre le sable ou les cailloux .

  5. Cathy dit :

    Cher Frank,

    Je ne suis qu’à un an et demi de l’amputation, alors non, je ne suis pas prête à m’exposer sur les plages avec un sein en moins… et un manchon au bras en plus.
    De toute façon, le soleil et la chaleur me sont à jamais proscrits, alors cet été j’irai en Islande…

    Le challenge pour moi à présent n’est pas de faire accepter mon image aux bien-portants-et bien-pensants , mais de trouver des adaptations pour me permettre de profiter de la Vie malgré le culte de l’apparence auquel nous sommes tous confrontés.

    J’ai trouvé beaucoup de force dans la solidarité entre « amazones » et j’ai aussi pris beaucoup d’énergie dans le petit monde des « raccourcis » que tu m’as fait connaître.

    Je pense que ce serait peine rajoutée (et perdue…) que de vouloir convaincre qui ne connaît pas le handicap, de ce qu’il représente comme souffrance. Je ne cherche pas à cultiver ma différence, juste faire avec.

    « L’homme est un apprenti, la douleur est son maître. Et nul ne se connaît tant qu’il n’a pas souffert. »

    Merci Frank pour tout ce que tu écris, je continue à te lire et à apprécier tes prises de position même si je n’ai pas la même approche en tant que Bout de Femme.

    Bonne journée

  6. marie de voujeaucourt dit :

    Bisous à Cathy à travers ton blog Franck !!!
    Trop bien faire peut desservir, et c’est ce qui m’est arrivé en essayant d’apporter du réconfort … Je n’ai pas de membres en moins, mais je commence à me demander si mon coeur n’est pas écorché à vif à vie 🙁
    Tant pis, j’aime la vie et grâce à ce blog, je sais qu’elle vaut la peine d’être vécue 🙂
    Bisous et à bientôt !!

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