Journal de bord salé

16 décembre 2013 par Frank Laisser une réponse »

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4h59 : Ca y est la « gigoterie » me tient en éveil, j’ai du le sortir de ses rêves, il semble m’appeler depuis le ponton à côté du Cabochard. Qui ? Mais Immaqa mon beau kayak.

5h42 : Les mascottes ont eu les derniers mots elles ne viendront pas aujourd’hui, tant-pis pour elles je n’aurai pas à partager ma boite de biscuit aux noisettes !

6h23 : Le brouillard m’étreint, la différence de température entre la mer à 15° et l’atmosphère à 3° rend la navigation mystérieuse. Le silence est profond comme l’est la nuit quasi hivernale, je ne sais pas où m’amènera cette journée mais je suis prêt à me goinfrer du temps présent.

6h31 : Les îlots des Bruzzi, sont déjà atteints, le ciel s’éclairci, le brouillard pose genou à terre, bientôt le soleil lui tordra le cou. Immaqa file droit comme un rostre de narval, Dieu que c’est bon d’être ici.

6h45 : je sors de la zone intégrale où la pêche est interdite, je peux enfin dérouler ma traine, et si un poisson tête en l’air venez s’y prendre !

7h08 : Je ne le vois pas mais je sens sa présence, le soleil a encore l’accent italien, bientôt il sera corsée : quandu ghjunghje u sole u marinaru e sempre felice…(Quand arrive le soleil le marin est toujours heureux)

7h42 : Pose café, non je ne pense pas à Véronique Jannot, mais à une autre Véro là-bas à terre ! Le vieux thermos hydrate mon café, une première rangée de gâteaux  est savoureusement dégustée. Le silence c’est le bruit du temps qui passe.

8h 33 : Le lion de Roccapina scrute vers le sud, s’il pouvait me confier où a été caché le trésor du feu paquebot Tasmania… Je sais ; il est là ; où ? Mais au fond de mon cœur !

9h07 : L’embouchure du fleuve Ortolo se dévoile, là bas, tout là haut il serpente devant mon camp des solitudes. Dommage qu’il soit si gringalet, nous ne tenons pas dans son lit.

10h46 : Je me demande si mon corps et mon esprit sont en connexion, ma tête papillonne mes bras moulinent.

11h18 : La pointe de Murtoli est dépassée, la brise de terre vit ses derniers soupirs, le Maestrale nous offre un apéritif, avec modération bien-sur !

11h24 : Immaqa est hissé sur une plage abandonnée, les traces dévoilent des pas d’ongulés et d’un certain maître renard, ne me croyez pas affable !

11h52 : Que le pique-nique soit sacrifié sur l’autel du bonheur et de la simplicité du moment, à perte de vue une mer et un maquis vides de tout hommes, j’ai compris je suis seul au monde : Wilsoooooooooooon ! Zut ; Jo Zeeeeeeeeeeef !!!

12h45 : la brise du Nord me sort de la léthargie, j’ai rêvé que je faisais du kayak sur une côte sublime, que l’aventure était mon quotidien, que j’étais un Free Man. De bleu mais ce n’était pas un rêve.

13h10 : Je décide de rentrer vers ma maison flottante, deux mascottes veillent au grain mais je ne suis pas sur de leur sérieux pendant mon absence, un braquage de cambuse est si vite arrivée !

13h12 : Je tente mon coup de poker, j’envoi mon cerf volant, il part rejoindre les cieux, je ne demande pas de carte, j’ai un carré d’As.

15h09 : Tiens mais je les ai déjà vu ses îlots ! Mais c’est bien sur, les Bruzzi. Vous avez dit une bonne moyenne ? Mais ce n’est plus un kayak mais une Formule I des mers !

16h12 : j’ai rejoint le bord du Cabochard, il me semble entendre les mascottes faire à la hâte du rangement. En attendant qu’ils cachent leur journée,  je fini les derniers gâteaux aux noisettes, à chacun ses délits, j’ai dit délit et pas délire !!!

16h14 : 36,78km au compteur ! Je compte maintenant ? Damned mais je ne suis pas en expédition !

17h03 : Je nettoie mes poissons, oui je sais, je ne suis qu’un pauvre pêcheur.

17h32 : Immaqa est ficelé sur le ponton à coté de mon petit bateau, je le couvre, il ne faudrait pas qu’il prenne froid, un ami sa se soigne.

18h45 : je reviens de la capitainerie, j’y ai pris une douche façon homard à la Thermidor, si je vois un pot de mayonnaise dans le carré de mon bateau, je reprends la mer, la « mascotterie » peut-être fatale.

19h34 : Ma vieille marmite de fonte réchauffe ma soupe aux potirons, la nuit enveloppe le « kayakiste » rêveur, je ne crois pas que je vais faire de vieux os.

20h03 : Allo 1 : C’est qui ? T’es où !!! (Soupir) ! Ma journée ? Bof la routine… Ciao

20h05 : Allo 2 : Véro, tu sais quoi ? I am a Free Man ; Kiss

20h57 : Je déplace les mascottes sur la bannette tribord et m’active à faire mon lit, trois grosses couvertures vont me tenir chaud. Les loupiottes éclairent les pages de mon dernier livre, Le Prince des nuages, que je dois finir à la hâte, bientôt je l’enverrai par la poste à une jeune fille de 14 ans, qui j’en suis sur, rêve en douce de savoir qui est son père là-bas au bout de l’horizon.

21h21 : Le marchand de sable fait sa livraison, peut importe les nuits avenirs, les jours sont l’énergie de mes vies, oui je vous assure, j’en ai plusieurs de vie !

Bonne nuit les petits…

4 commentaires

  1. Barbara dit :

    MERCI!!c’est toujours un grand plaisir…là en plus ayant un chuya navigué dans le coin je visualise…Roccapina, Murtoli la brume et j’imagine le plaisir intense que doit ressentir un free Man comme toi…c’est surement parce que tes sentiments sont si bien écrit…bon je sais je n’ai pas ce talent moi, c’est un peu brouillon, mais c’était Top de lire ce billet. A quand le nouveau bouquin???

  2. Warrior 56 dit :

    Que j’aimerais avoir votre courage pour me lancer dans de si grands défis… Bravo vous me faites rêver… J’espère un jour vous rencontrer.

  3. marie de voujeaucourt dit :

    Une journée de rêve …
    Merci de la partager, avec autant d’ émotions …
    J’ espère que la conférence s’ est bien passée ?
    Bisous à bientôt 🙂

  4. Filou dit :

    oh Franck! demain c’est l’aniv de mon carton !! et je prends la route pour la Breizh, chercher mon petit trésor..!!aprés être revenu de l’Hérault aujourd’hui….sur que je préfère être sur l’océan…alors, demain,si tu pouvais en mettre une ramée pour moi ..stp , salue Immaqua pour moi et une caresse pour l’océan..

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