15 fevrier 1855 Naufrage de la Sémillante…

15 février 2011 par Frank Laisser une réponse »

semillante

Depuis cette date maudite du 15 février 1855, les « Bouches de Bonifacio » ont acquis une bien sinistre réputation de « passage infernal » qui s’est transmise parmi des générations de marin. On dit même que la marine anglaise a délibérément évité, durant plusieurs dizaines d’années, ce passage étroit de 14 kms entre les deux grandes îles. Passage qui, soulignons-le, est emprunté chaque année par plus de 20.000 bateaux (commerce, transports divers, paquebots, plaisance) sans que l’on n’ait jamais plus (et c’est heureux), enregistré de naufrage aussi désastreux que celui de « la Sémillante.

Contre les Russes
C’est donc le 15 février 1855 que cette frégate impériale de premier rang se perdait corps et biens sur un îlot de l’archipel des Lavezzi.

Ce jour là soufflait dans le détroit, dès les premières heures du jour, une tempête d’une rare violence. Jamais plus depuis, et les statistiques sur ce point sont formels, on en a enregistré de pareille.

Sur le récit de la catastrophe elle même, « La Corse » a maintes fois eu l’occasion de l’évoquer. Nous nous bornerons simplement à rappeler le plus brièvement possible les faits.

14 février 1855.(sous le règne de Napoléon III, empereur des Français) Toulon. 11 heures. Forte brise variant de l’ouest à l’ouest sud-ouest. « La Sémillante » quitte le port en direction de la Crimée pour apporter aux Forces des armées turques, anglaises et piémontaises contre les Russes, des vivre et des renforts en troupes et en matériel. Son équipage était de 293 hommes outre son état-major. La « Sémillante »était un vaisseau de trois-mats, formant l’une des plus fortes unités de la Marine de Guerre française. Sa première escale prévue était Constantinople.

400 tonnes de matériel

A son bord ont pris place un détachement de 393 militaires de l’armée de terre avec un matériel important comprenant quatre canons de 24, six mortiers de 32, dix mortiers de 27,mille obus de 15 centimètres, vingt affûts de mortiers, 1500 bombes de 27, cent vingt barils de poudre de 50 kg, vingt plates-formes complètes et divers accessoire pour canons et mortiers des baraques démontées et un assortiment de bois divers, représentant une cargaison d’environ 400 tonnes embarquées en quatre jours.
La route la plus directe pour se rendre de Toulon en mer Égée passe par le sud Sardaigne, puis par le canal de Tunisie,  le canal de malte en direction du cap Matapan . c’est cette route qu’avait choisie le commandant Jugan mais ce dernier fut contraint à cause des conditions défavorables à donner dans les bouches de Bonifacio pour atteindre rapidement la mer Tyrrhénienne et retrouver une zone relativement plus abritée à l’est de la sardaigne.
Mais on le sait dans les bouches régnait une épouvantable tempête (il s’agissait en réalité d’une sorte d’ouragan). Dans la ville de Bonifacio, de nombreux toits avaient été emportés, une maison s’était écroulée faisant un mort et deux blesses, un douanier de service avait jeté à lamer et heureusement repêché sain et sauf. La violence de la tempête était telle que les embruns provoqués par le fracas des vagues Sutta Rocca passaient au dessus de l’isthme de Saint-Roch pour se déverser dans les eaux du port en dévalant comme un torrent la grimpette du Rastillu ! A une distance de deux lieues, la campagne a été couverte de sel.
M.Francois Piras, maire de la ville  à cette époque ancien capitaine au long cours affirmait qu’aucune frégate n’eut pu se présenter  le travers (pour mettre en cape) dans de telles conditions.

On le perd de vue
15 février 1855, Bonifacio 10 heures.
Une cérémonie a lieu sur la place Manichilla qui domine le détroit. En effet comme dans toutes les tempêtes, il est d’usage à Bonifacio que le prêtre bénisse la mer avec le fragment de la vraie croix du christ. C’est l’abbé Rocca qui officie en présences de quelques fidèles seulement. Tous  aperçurent d’une manière furtive à travers une nappe d’écume que formait le Detroit « un grand bâtiment semblable à une nébuleuse noyée dans les vapeurs de la mer, allant sans règle et sans conduite au gré des flots, au SUD-OUEST au NORD-EST, comme s’il eut eu des avaries dans son gouvernail ».
15 février 1855, Phare de la Testa. Sardaigne 11 heures.
Le chef du phare de la Testa aperçoit une frégate »dont il ne comprend pas la manœuvre » l’impression qu’il en a est que le navire, à sec de toile, qui vient du Nord –Ouest se dirigeant vers la plage de Reina  Maggiore  près du Cap Testa n’a plus de gouvernail. Il pense qu’il va se briser. Mais il voit la frégate hisser sa trinquette venir sur bâbord et donner dans les Bouches où elle le perd de vue.

Le cri de 700 créatures humaines.

15 février 1855. Détroit de Bonifacio. Archipel des Lavezzi 12 heures.

Poussée par la tempête d’Ouest sud-ouest, « La Sémillante » remonte trop au nord et vient se fracasser dans un bruit épouvantable, « un grondement large et sourd pareil à celui d’un tonnerre venant de sous terre » (perçu par un berger qui résidait sur l’île Lavezzi) sur l’îlot de l’Acciarino. Le choc, on s’en doute est terrible, la panique à bord indescriptible. Un seul cri a du être poussé par sept cents créatures humaines s’abîmant à la fois dans les flots ! Certains marins et soldats sont morts broyés  sur le coup, d’autres sont emportes puis rejetés contre les rochers et fracasses, certains tentent de nager mais ils sont vite submergés par les vagues énormes, gigantesques. Impossible, même à un excellent nageur de s’en sortir. La mer « veut » tout le monde….

16 février 1855. Bonifacio 17 heures.

Deux matelots de l’annexe n°2 de l’Averne indiquent qu’aux Lavezzi « un ou plusieurs bâtiments de guerre » ont dû se perdre. Ils remettent à l’administrateur de la Marine, différents objets : carabines, sabres, pantalons, képis de soldats et d’artilleurs.

17 février 1855. Lavezzi.

Le berger Limieri fait sa déclaration aux autorités venues de Bonifacio.

Reconnu grâce à la difformité d’un pied.

18 février 1855. Lavezzi.

Le premier cadavre est découvert à plus d’un mille du lieu du naufrage. D’autre corps sont trouvés les jours suivants.

5 mars 1855. Lavezzi.

On découvre le corps du Commandant JUGAN (reconnu à ses insignes et à la difformité de l’un de ses pieds).

Du 5 mars au 20 mars 1855. Lavezzi.

Enlèvement des cadavres : cinq cent quatre vingt douze sur 685 victimes. Tous ont reçu une sépulture dans les deux cimetières marins.

D’avril à Août 1855. Lavezzi.
Une entreprise italienne est chargée de récupérer le matériel de « La Sémillante ». Ce matériel a été expédie à Toulon. Deux pièces provenant des restes de la frégate, un morceau de l’une des roues de la barre et de la figure de proue sculpte en plein bois en forme de feuille d’acanthe, seraient conservés par le musée de Bordeaux. A noter qu’une partie des madriers a été employée pour des travaux de construction de la route nationale 198 Bonifacio-Bastia, travaux exécutes par le service du génie militaire.

Curieusement , la ville de Bonifacio ne possède absolument rien de ce qui a pu appartenir à la SÉMILLANTE .
Certains Bonifaciens pourraient posséder de la vaisselle du bord (en étain probablement), d’autres ont en leur possession des boulets de canons ou bien des poulies.
Il y eu une souscription public en faveur des familles des marins et des soldats victimes de la catastrophe. Au 8 juin 1855, celle-ci avait produit la somme de 60.000 francs .
L’empereur NAPOLÉON III et l’Impératrice avaient fait remettre la somme de 10.000 francs.
Un crédit d’entretien est alloue chaque année aux autorités militaires afin que les morts de la Sémillante ne soient jamais oublies.
Et si un jour vous passez par là vous serez pris dans cette ambiance vraiment très particulière qui se dégage de ces lieux.
(..) Goélands et puffins et autres oiseaux de mers
Survolent en criant leur soif de liberté
Ce petit paradis aux si étranges pierres
Où certains jour d’hiver on croit qu’il est hanté
Par l’âme des soldats, marins et officiers
Qui viennent lentement au pied de la chapelle
Gémir et pleurer leur jeunesse effacée
Dans le naufrage affreux de leur caravelle..
Document donné par Madame veuve PIGNOD

Remerciement à Mr François Canonici qui à rédigé cet article.

  1. monique dit :

    un peu d’histoire c’est bien bisous Monique

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